Pourtant, l'apoplexie parisienne, bien loin de lui profiter, compromet finalement l'avenir et le prestige de la capitale.

C'est là – au-delà d'un constat difficile – la principale conclusion que l'on peut tirer d'une importante étude, lancée par la DATAR et la préfecture de la région parisienne.

À l'origine, cette étude se limitait au problème de la vocation internationale de la capitale. Mais, nolens, volens, après trois ans d'enquêtes, elle met finalement en question la vocation – le présent et l'avenir – de Paris tout court (le rapport final, établi par un groupe de coordination présidé par un inspecteur des Finances, Michel Albert, s'appuyait sur : une approche sociologique et historique effectuée par l'Omnium technique d'aménagement ; deux enquêtes réalisées auprès de 200 personnalités étrangères par un universitaire américain, O'Neil, et par Publicis Conseil ; un scénario prospectif sur l'avenir de Paris, établi par la Wharton School de l'université de Pennsylvanie). Car, au désenchantement des personnalités étrangères interrogées correspond l'irritation des Français devant une capitale si lourde à supporter, comme le mécontentement des Parisiens dans une agglomération si dure à vivre.

En effet, le rapport de synthèse publié au printemps 1973 montre bien comment, finalement, les intérêts de la capitale et ceux de la province sont liés : « On a trop souvent dans le passé assimilé les notions de grande ville et de grosse ville, affirment les rapporteurs. Aujourd'hui, ces notions deviennent contradictoires. Le déclin rapide de la capitale continuera, le malaise de ses habitants s'aggravera, son rôle international restera compromis aussi longtemps qu'elle ressemblera à un cerveau congestionné par une tension démographique excessive. »

Ainsi, moins d'habitants, de voitures et de bureaux sur les bords de la Seine, davantage de sièges sociaux, de services publics et d'activités créatrices en province, cela ferait l'affaire de tout le monde, des Parisiens comme des provinciaux.

Mais cela ne suffirait pas. Car « les Européens éprouvent une vive appréhension à l'égard d'une ville qui – phénomène unique dans le monde – concentre en elle toute la politique de son pays », constatation qui montre bien que la décentralisation, pour être pleinement efficace, ne doit pas seulement se limiter aux hommes et aux activités, mais également concerner les structures administratives et politiques.

Dès lors, c'est bien la question de la régionalisation, de la réforme régionale, qui se trouve à nouveau soulevée. Or, dans ce domaine, beaucoup de choses dépendront finalement de la nature et du rôle des futurs conseils régionaux. Car si la région, après l'échec du référendum gaullien, aura finalement un statut d'établissement public et non de collectivité territoriale, si le rôle exécutif du préfet de région sera déterminant, il n'en reste pas moins que le conseil régional – composé pour moitié de députés et sénateurs – sera malgré tout une assemblée politique. Dans ces conditions, envers et contre tout, la région pourra – peut-être – commencer à exister. Dès lors, les rapports politiques, administratifs et économiques entre Paris et les provinces pourront changer de nature. Après quelques siècles de « centralisation abusive » – selon la formule du général de Gaulle –, ce ne serait, il est vrai, pas trop tôt.

Nord-Pas-de-Calais

Des aménagements positifs pour l'avenir

Le Nord est sauvé. Sa chance : être la plaque tournante de l'Europe du Nord-Ouest. Depuis l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE, les deux grands axes sont là : Grande-Bretagne–Rhur, Paris–Anvers–Pays-Bas. Il ne manquait plus que d'aménager le carrefour.

L'autoroute A2S, Lille–Dunkerque, est prolongée à l'est par l'A27 Lille–Tournai et la rocade minière. Elle accroche Lens et bientôt tout l'ouest de l'ex-bassin minier à l'autoroute A1 Paris–Lille–frontière belge, qui fait sa jonction avec l'autoroute E3 Courtrai–Gand–Anvers–Hollande.