La nouvelle route reliera non seulement un grand port à un arrière-pays industrialisé, mais accélérera aussi les liaisons avec Poitiers et, de là, avec l'autoroute Paris–Bordeaux.

Nantes sera reliée avec le réseau routier breton par deux axes : le premier en direction de Vannes et Quimper, le second en direction de Rennes.

Sur la RN 165, entre Muzillac (Morbihan) et Savenay (Loire-Atlantique), deux grandes opérations conditionnent la réalisation d'une liaison à quatre voies entre Quimper et Nantes : le franchissement de la Vilaine à La Roche-Bernard et la déviation de Pontchâteau. L'ensemble, dont la réalisation avait été ralentie par des difficultés d'expropriation, devrait être achevé en 1973.

En direction de Rennes, une opération est en cours : la déviation autour de Nozay. L'opération, qui coûtera onze millions de F, sera techniquement prête avant la fin de l'année 1973. Elle devra être financée en 1974 et 1975.

Par ailleurs, il a été décidé de dégager un crédit de 1,5 million de F pour étudier la nouvelle liaison Nantes–Rennes. Parmi les solutions envisagées figure une route type AGIR, c'est-à-dire avec une deuxième chaussée doublant l'ancienne à une certaine distance, l'une et l'autre étant à sens unique.

Destiné à relier les deux rives de la Loire au-dessus de l'estuaire, de Saint-Nazaire à Mindin, le pont prévu sur l'estuaire de la Loire permettra une liaison rapide et directe de la Bretagne vers La Rochelle et Bordeaux. Il permettra également la réalisation de la route touristique côtière, dite route Bleue, entre la Vendée et le Morbihan, dont certains tronçons ont déjà été réalisés, notamment le long de la côte de Jade. La pose de la première pierre avait été faite en décembre 1971 par J. Chaban-Delmas. Le pont devrait être mis en service le 1er juillet 1975.

Longtemps confinés dans leur isolement, les pays de la Loire seront alors reliés comme jamais au monde extérieur.

Poitou-Charentes

Des initiatives renforcent l'unité régionale

L'unité n'a pas été, pendant longtemps, le caractère dominant de Poitou-Charentes. La Rochelle a disputé à Poitiers son rôle de capitale régionale, et plusieurs opérations d'aménagement du territoire ont mis en évidence des velléités sécessionnistes lors de l'étude de l'autoroute A10, de Poitiers à Bordeaux.

Tous les élus et les représentants des catégories socioprofessionnelles des quatre départements qui forment la région sont cependant d'accord sur un point : le Poitou-Charentes est délaissé par les pouvoirs publics. « Nous voulons être considérés comme des Bretons à part entière », affirment avec force certains responsables. Ce qui avait déjà été dit à Jacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre, venu présider à Poitiers une réunion de la CODER, en novembre 1971, ils l'ont répété à Jérôme Monod, délégué à l'Aménagement du territoire et à l'action régionale, qui a effectué un périple de trois jours dans la région.

Un dynamique comité régional d'expansion et de défense relançait le débat pendant tout le printemps et, le 3 août 1972, le Premier ministre Pierre Messmer présidait un comité interministériel d'aménagement du territoire au cours duquel les problèmes des régions de l'Ouest atlantique, et notamment du Poitou-Charentes, étaient abordés.

Des demandes très précises avaient été formulées par la mission économique régionale, qui avait préparé cinq dossiers à l'intention des huit ministères intéressés par les besoins de la région : politique industrielle, éducation et formation, modernisation et conversion rurale pour deux zones particulièrement touchées par l'exode (5 000 jeunes quittent la région chaque année), aménagement du littoral atlantique et expérience de ville moyenne pilote à Angoulême.

Les demandes n'ont pas toutes été accordées. La région reçoit cependant une dotation supplémentaire, pour 1972, de 43 millions de francs. Ces crédits permettront notamment la construction de trois lycées polyvalents, de quatre collèges d'enseignement technique, ainsi que le lancement d'un certain nombre d'opérations nouvelles dans le domaine de la formation des apprentis et des adultes.