Si l'URSS se fait une joie de rappeler que les États-Unis et la Chine se sont trouvés dans le même camp lors du conflit du Bangla Desh en décembre 1971, celui du Pakistan, alors qu'elle a soutenu l'Inde victorieuse, elle ne peut pousser trop loin cette dénonciation ; Moscou, après Pékin, s'apprête aussi à recevoir Nixon. Il est impossible pour l'URSS de renoncer à son dialogue avec les États-Unis, même si celui-ci se prépare dans des conditions délicates pour l'image de marque des Soviétiques. Ainsi, quand Nixon décide le blocus des ports du Nord-Viêt-nam et que l'on s'attend à un possible ajournement du sommet, la réaction soviétique ne dépassera pas le stade de la simple mauvaise humeur.

Sommet URSS-USA

Le président des États-Unis arrive à Moscou le 22 mai 1972. L'accueil — organisé — de la population est, volontairement, froid. Mais les entretiens le seront beaucoup moins. Dans la déclaration finale, l'URSS et les États-Unis se reconnaissent mutuellement des responsabilités particulières dans le maintien de la paix. Venant après les inquiétudes suscitées par la Chine, un tel texte ne peut que satisfaire les Soviétiques, qui se voient ainsi confirmés par les Américains dans leur rôle de puissance privilégiée et respectable. Si les accords bilatéraux (échanges culturels, etc.) signés à cette occasion n'ont qu'une relative importance, aux yeux de Moscou, il n'en va pas de même en ce qui concerne les SALT (armements stratégiques). Là, en parvenant avec les États-Unis à stopper la course aux réseaux de missiles antimissiles et à geler la fabrication de fusées offensives, l'URSS se trouve soulagée d'un énorme fardeau financier.

Succès, donc, pour l'Union soviétique, qui a pris le train en marche, mais a réussi à effacer les retombées fâcheuses produites par la rencontre de Pékin. S'agissant de l'Europe, elle marque également des points. Alors qu'à Helsinki se prépare activement la conférence paneuropéenne qu'elle appelle de tous ses vœux, l'URSS voit se lever les derniers obstacles qui empêchent encore cette réunion. Le traité de Moscou entre Soviétiques et Allemands de l'Ouest est enfin ratifié par le Bundestag, le 17 mai 1972.

Berlin

Pour arracher cette ratification, l'URSS n'a pas hésité à mettre en garde Bonn, et en particulier l'opposition démocrate-chrétienne, contre un retour à la guerre froide, jetant tout son poids derrière le chancelier Brandt. Conséquence logique et attendue de la décision du Parlement ouest-allemand, l'URSS signe, le 3 juin 1972, l'accord quadripartite sur Berlin, s'engageant ainsi à diminuer pour longtemps la tension qui pouvait régner autour de l'ancienne capitale allemande.

Ce n'est donc ni en Europe ni avec les États-Unis que la politique étrangère des dirigeants soviétiques s'est heurtée aux difficultés les plus graves. Le plus difficile pour eux a été de convaincre certains de leurs alliés ou de leurs protégés que le dialogue entamé avec les Américains nécessitait des sacrifices.

Avec Castro, qui est venu en juillet 1972 à Moscou, cela s'est passé sans trop de mal, Cuba reconnaissant le rôle privilégié de l'URSS à la tête du mouvement anti-impérialiste.

Moyen-Orient

Mais le monde arabe, et en particulier l'Égypte, n'a pas accepté aussi aisément l'attitude prudente de Moscou, d'autant plus qu'elle s'est accompagnée de plusieurs gestes (visites de délégations culturelles, facilités pour les départs des Juifs) à l'égard d'Israël. Le président égyptien Anouar El Sadate s'est rendu à deux reprises à Moscou (octobre 1971 et avril 1972), cherchant à obtenir de nouvelles armes et aussi la promesse d'un engagement ferme des Soviétiques en cas de conflit. Mais à Moscou on n'a pas voulu, semble-t-il, aller au-delà d'une politique qui fait passer une éventuelle solution à la crise du Proche-Orient par un accord avec les États-Unis. D'où une certaine rancœur à l'égard des Soviétiques perceptible en Égypte. En revanche, en signant, le 9 avril 1972, un traité avec l'Irak, Kossyguine a permis à l'URSS de diversifier ses points d'ancrage au Proche-Orient, l'Égypte n'étant plus la seule alliée privilégiée de Moscou.

Conflit vietnamien

Plus complexe et plus délicate encore a été l'attitude de l'URSS à l'égard du Nord-Viêt-nam. Tout comme les Chinois, les Soviétiques ont accepté de recevoir Nixon alors que les bombes américaines écrasaient ce pays ami. Certes, ils ont fourni, et largement fourni, à Hanoi les armements qui ont permis aux troupes de Giap de déclencher leur offensive au Sud-Viêt-nam. Mais cette aide rentrait pour ainsi dire dans le cadre normal du conflit vietnamien et ne pouvait être interprétée par les Américains comme un défi intolérable. Quand le moment est venu de faire les choix décisifs, pour Moscou, le sommet Nixon-Brejnev avait priorité sur les péripéties locales de la guerre. La chose a dû être malaisée à expliquer aux Nord-Vietnamiens. C'est pour cela que Nicolaï Podgorny s'est rendu à Hanoi, le 15 juin 1972, essayant d'amener le Nord-Viêt-nam à plus de compréhension envers une diplomatie planétaire que ses dirigeants rejettent.

Yougoslavie

20 550 000. 80. 1,1 %.
Économie. Production : G (68) 127 ; A (*69) 131 ; I (69) 154. Énerg. (*69) : 1 243.
Transports. (*69) : 10 470 M pass./km, 16 833 M t/km. (*69) : 562 500 + 108 600.  : 1 516 000 tb. (*69) : 605 979 000 pass./km.
Information. (69) : 23 quotidiens ; tirage global : 1 612 000. (69) : 3 320 000. (69) : 1 546 000. (69) : 509 100 fauteuils ; fréquentation : 90,3 M. (69) : 622 939.
Santé. (69) : 19 357. Mté inf. (69) : *56,3.
Éducation. (68). Prim. : 2 875 075. Sec. et techn. : 688 822. Sup. : 231 444.
Institutions. République populaire, proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée le 23 juin 1971. Président de la République et secrétaire général du Parti : Josip Broz Tito, réélu le 29 juillet 1971. Président du Conseil : Djemal Bjeditch.

Aggravations des menaces sur le fédéralisme

D'une crise à l'autre, de polémiques en polémiques, la Yougoslavie continue à vivre dangereusement alors que les quatre-vingts ans du maréchal Tito sont célébrés le 24 mai 1972 dans une atmosphère faite d'inquiétude et d'interrogations.