Les affaires publiques requièrent des citoyens une attention toujours plus soutenue, des choix toujours plus nuancés, moins passionnels et moins sommaires. Accepteront-ils cet effort ou se réfugieront-ils dans l'abstentionnisme ?

Élections

La participation aux scrutins n'est pas brillante. L'élection d'un nouveau Parlement, le 31 octobre, ne traduit aucun bouleversement, mais — pour cette raison même — laisse apparaître une certaine indifférence de l'opinion publique : on la baptisera tantôt satisfaction, tantôt résignation.

Au centre de l'éventail, le parti radical garde 49 conseillers nationaux. Les démocrates-chrétiens perdent un siège et restent 44. Les agrariens, désormais Union démocratique du centre, conservent leurs 21 fauteuils. Les indépendants, qui n'ont pas joué le rôle d'opposition qu'eux-mêmes s'étaient attribué, reculent de 16 à 13. Les socialistes, gauche gouvernementale et modérée, se tassent et restent 46 au lieu de 51. Les libéraux (6) et les communistes (5) se figent sur leurs positions.

Mais les disciples de James Schwarzenbach font un bond en avant. Les républicains — mouvement fondé par le député zurichois — sont désormais 7, et l'Action nationale, 4. Ils ont fait leur campagne, évidemment, sur les thèmes de la surpopulation étrangère, de la Suisse traditionnelle défigurée et corrompue par les excès de l'industrialisation, du retour à la simplicité. Ils ont rassemblé les mécontents, les oubliés, les partisans d'un renouvellement mal défini.

En février, de furieuses batailles oratoires se livrent autour de 32 prêtres et pasteurs qui déclarent refuser désormais leurs obligations militaires. Le 6 mai, le tribunal de simple police de Genève déboute 5 collaborateurs de la télévision romande qui, après avoir été licenciés et accusés par leur direction d'avoir répandu dans les studios des tracts anonymes et gauchistes, avaient porté plainte en diffamation. Mais le juge ne s'est pas prononcé sur le fond de l'affaire. Producteurs et journalistes congédiés sont-ils responsables de ces tracts ? La police, en tout cas, le laisse entendre, mais ne peut pas fournir de preuves.

Elle découvre de temps en temps de minuscules conspirations gauchistes. En août 1971, trois jeunes anarchistes étaient tombés, à Genève, dans un piège : ils avaient volé des armes (22 fusils d'assaut...) et constitué des fichiers, en vue, peut-être, d'enlèvements. Mais 1972 voit un nouveau coup de filet : de jeunes Zurichois.

L'initiative du Bureau international du travail d'inviter à sa 57e conférence le chah d'Iran, où il doit prononcer un discours le 14 juin, provoque à Genève de vives protestations. Le 13, dans un déploiement sans précédent, les forces de l'ordre dispersent très violemment une manifestation de 2 000 personnes.

Tchécoslovaquie

14 500 000. 113. 0,5 %.
Économie. Production : G (68) 129 ; I (69) 144. Énerg. (*69) : 6 120.
Transports. (*69) : 20 155 M pass./km, 56 670 M t/km. (*69) : 684 200 + 161 800.  : 89 000 tjb. (*69) : 850 128 000 pass./km.
Information. (68) : 27 quotidiens ; tirage global : 4 060 000. (68) : 3 967 000. (69) : 2 996 000. (68) : 1 046 200 fauteuils ; fréquentation : 118,7 M. (69) : 1 895 229.
Santé. (69) : 29 842. Mté inf. (69) : 22,9.
Éducation. (68). Prim. : 2 052 526. Sec. et techn. : 386 663. Sup. : 137 654.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République : général Svoboda, élu le 30 mars 1968. Premier secrétaire du Parti : Gustav Husak. Premier ministre : Lubomir Strougal.

Élections

Procès et arrestations continuent ; quatre ans après le printemps libéral de 1968, les gouvernants ne parviennent décidément pas à exorciser le souvenir de cette période qu'ils essaient de rayer de l'Histoire. Ils ont beau se prévaloir de l'épuration de 2 000 journalistes ou de la fermeture du célèbre théâtre Za Branou, la situation n'est toujours pas normalisée. Pourtant, quand les 26 et 27 novembre 1971 ont enfin lieu les élections législatives, ajournées depuis 1968, certains croient y voir un témoignage évident de la consolidation du pouvoir de Gustav Husak, le chef du PC tchécoslovaque.