Le 6e congrès du parti, qui s'est tenu à Varsovie du 6 au 11 décembre 1971, a été précédé par un très large débat, débordant d'ailleurs le cadre du PC. Thème essentiel : une critique très vive des méthodes arbitraires de la précédente équipe gomulkiste, mais aussi une mise en cause énergique des réticences de l'appareil moyen du parti face à un certain renouveau qui se dessine.

Parallèlement se déroule, sans éclats publics, un affrontement grave entre Edward Gierek et le groupe du général Moczar, chef de file de la tendance dure, qui s'est particulièrement distingué en organisant la campagne antisémite des années 1968-1969. C'est la police, fief du général, qui sert de fer de lance à une tentative déclenchée pour ébranler le pouvoir du premier secrétaire. Après un complot avorté au printemps 1971, le général Matejewski, vice-ministre de l'Intérieur, et plusieurs hauts fonctionnaires sont relevés de leurs fonctions.

Officiellement (mais le prétexte ne trompe personne) on leur reproche des malversations et des trafics de devises. Après leur limogeage, la purge du ministère de l'Intérieur et de la police se poursuit, frappant plusieurs dizaines de personnes. Faut-il inscrire dans ces remous l'assassinat du journaliste (et député) Jan Gerhardt, tué dans son appartement en août 1971, et dont une rumeur prétend qu'il détenait un dossier accablant sur les activités de certains policiers ?

Conciliation

Le fait est qu'à l'approche du congrès Edward Gierek semble être sorti vainqueur d'un affrontement qui, par moments, a ressemblé à une épreuve de force. Pour y arriver, il a mis plusieurs atouts de son côté en tentant de se gagner les faveurs de l'opinion.

Ainsi, plusieurs mesures d'apaisement sont à porter à son crédit. Il fait libérer avant terme plusieurs universitaires arrêtés pour activités oppositionnelles : Monzelewski et Kuron (emprisonnés après les manifestations étudiantes de mars 1968) sortent de prison ainsi que quelques membres du groupe dit des Alpinistes (Journal de l'année 1970-71). On sourit aux intellectuels, très maltraités lors des années précédentes, en autorisant les publications d'auteurs mis à l'index comme le poète Slonimski ou l'écrivain catholique Kislelewski.

Le même désir de conciliation se manifeste à l'égard de la très puissante Église catholique, qui reçoit en toute propriété les biens ecclésiastiques des territoires de l'ouest (ex-allemands). Le 6 décembre, le congrès du PC n'aura plus qu'à tirer les conséquences logiques de l'habileté manœuvrière de Gierek. Son rival Moczar est éliminé du bureau politique que quittent également deux hommes de l'ancienne équipe gomulkiste : Jozef Cyrankiewicz, président du Conseil d'État (présidence de la République), et Stefan Sedrychowski, ministre des Affaires étrangères (ce dernier devra d'ailleurs céder quelques jours plus tard son ministère à Stefan Olszowski).

Rajeunissement

Les élections pour le renouvellement de la Diète, le 19 mars 1972, confirment le succès du premier secrétaire du parti. Certes, les pourcentages dans ce genre de consultation n'ont qu'une valeur très relative, mais Edward Gierek peut quand même se féliciter d'avoir obtenu 99,80 % des voix.

Ce qui est plus important, c'est que la Diète est largement renouvelée et rajeunie. Près de 300 nouveaux parlementaires, dont de nombreux ingénieurs et techniciens. Dans le sillage de ces élections, le chef du PC polonais se débarrasse d'un des derniers vestiges de l'époque de Gomulka : Cyrankiewicz est en effet remplacé à la présidence par l'historien Jablonski.

Trepper

La Pologne a, cette année encore, refusé à Leopold Trepper le droit de partir pour Israël. Ancien chef du célèbre réseau d'espionnage soviétique l'Orchestre rouge, emprisonné en URSS, puis réhabilité après la mort de Staline, il a manifesté, après la campagne antisioniste de 1968-69, le désir de quitter le territoire polonais. Toutes ses démarches sont restées vaines. Les autorités de Varsovie ont invoqué la raison d'État pour s'opposer à son départ. L'affaire a eu des répercussions en France, où le réseau de Trepper opérait pendant la guerre. Après que les autorités françaises eurent refusé, en mars 1972, à la femme de Leopold Trepper le visa d'entrée qu'elle sollicitait, une vive polémique s'est développée entre Rochet, directeur de la DST (qui a accusé l'ancien chef de l'Orchestre rouge d'avoir joué le jeu des Allemands), et le comité de soutien à Trepper, animé par l'écrivain Gilles Perrault.

Portugal

9 630 000. 105. 0,9 %.
Économie. PNB (68) 529. Production : G (68) 132 ; A (*69) 91 ; I (69) 154. Énerg. (*69) : 603. C.E. (68) : 15 %.
Transports. (*69) : 3 441 M pass./km, 737 M t/km. (*69) : 492 800 + 106 300.  : 870 000 tjb. (*69) : 1 928 400 000 pass./km.
Information. (67) : 29 quotidiens ; tirage global : 674 000. (69) : 1 406 000. (69) : 352 000. (67) : 421 200 fauteuils ; fréquentation : 29,7 M. (69) : 698 075.
Santé. (69) : 8 019. Mté inf. (69) : 56,8.
Éducation. (67). Prim. : 904 120. Sec. et techn. : 339 146. Sup. : 39 209.
Institutions. République ; État corporatif, adopté par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomas, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Marcello Caetano.

Roumanie

20 470 000. 85. 1 %.
Économie. Production : G (68) 154 ; I (69) 201. Énerg. (*69) : 2 628.
Transports. (*69) : 16 719 M pass./km, 44 031 M t/km. (*69) : 43 900 VU.  : 341 000 tjb. (*69) : 331 619 000 pass./km.
Information. (69) : 51 quotidiens ; tirage global : 3 330 000. (69) : 3 050 000. (69) : 1 288 000. (69) : 215 100 fauteuils ; fréquentation : 200,4 M. (69) : 605 983.
Santé. (68) : 27 806. Mté inf. (69) : 54,9.
Éducation. (68). Prim. : 2 871 816. Sec. et techn. : 636 491. Sup. : 147 637.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Chef de l'État (président du Conseil d'État) et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceausescu. Président du Conseil : Ion Gheorghe Maurer.

Contamination

La Roumanie ne semble pas vouloir respecter l'adage selon lequel il est nécessaire d'avoir la politique intérieure de sa politique extérieure. Alors qu'elle manifeste une vitalité extraordinaire sur l'arène internationale, vitalité que son alliance avec l'URSS rend d'autant plus étonnante, on assiste dans le pays même à un indéniable durcissement idéologique.