L'indignation nourrit la violence. À Dublin, l'ambassade britannique est incendiée. En Angleterre, un grave attentat contre une caserne à Aldershot — attentat que revendiquera l'IRA — fait 7 morts et 16 blessés. L'austère Chambre des communes elle-même est le théâtre d'un incident mémorable. Bernadette Devlin, la bouillante député des catholiques irlandais qui a assisté à la tuerie de Londonderry, gifle le ministre de l'Intérieur Reginald Maudling en le traitant de « criminel hypocrite ».

En Ulster on s'attend au pire. À la surprise générale, le gigantesque défilé de Newry (auquel participent 30 000 catholiques), le dimanche suivant, contrôlé par le mouvement des Droits civiques, soudain ranimé, se déroule dans le calme ainsi que la Journée de désobéissance organisée le 9 février 1972 en signe de protestation.

Les attentats cependant reprennent. Ils sont de plus en plus meurtriers ; ils ont pour cibles des pubs, des restaurants, des grands magasins.

Le lourd bilan des morts et blessés (167 tués depuis le mois d'août) n'a cependant qu'une signification : la politique de répression de Belfast a échoué.

24 mars

Il aura fallu trois ans de guerre civile larvée pour que le gouvernement britannique se résigne à supprimer le privilège exorbitant dont disposaient, par le jeu de la loi, les protestants irlandais. Encore ne le fait-il qu'à titre provisoire, pour un an, et après avoir tenté un compromis avec Brian Faulkner qui aurait préservé l'apparence d'un gouvernement autonome nord-irlandais.

Le 24 mars, Edward Heath annonce aux Communes que les six comtés de l'Ulster passent sous l'administration directe de Londres et qu'en conséquence tous les pouvoirs législatifs et exécutifs détenus depuis 1921 par le Stormont (parlement irlandais) sont transférés à Westminster. Un secrétaire d'État pour l'Irlande, véritable proconsul britannique résidant à Belfast, est nommé : c'est William Whitelaw.

Le plan Heath comporte d'autres mesures qui veulent être des apaisements pour les deux communautés :
– pour les catholiques, la promesse de la libération progressive des détenus politiques ;
– pour les protestants, l'annonce de plébiscites périodiques sur l'avenir de l'Ulster où la majorité dont ils disposent pourra se faire entendre.

Au total cependant le plan Heath est largement favorable aux catholiques. Les protestants ne s'y trompent pas.

Retrouvant l'union sacrée, extrémistes de William Craig et modérés de Brian Faulkner — plus de cent mille personnes — manifestent devant le Stormont, ce parlement à colonnes devenu un temple vide. Mais ce n'est pas le bain de sang promis par le Premier ministre de Belfast quelques mois auparavant. Armés jusqu'aux dents, les groupes de choc protestants, les vanguards, ne passent pas encore à l'action. William Whitelaw peut s'installer à Belfast et y prendre les premières mesures de détente : 73 détenus sont libérés le 7 avril.

Le terrorisme cependant ne désarme pas et les catholiques modérés ne lui apportent qu'un soutien de lassitude. Les extrémistes continuent d'exiger le retrait total des forces britanniques et la libération de tous les détenus avant d'engager le dialogue.

Deux mois plus tard cependant, le 29 mai, une fraction de l'IRA, la plus politique et la plus marxiste, celle dite des officials, annonce un cessez-le-feu de durée illimitée. L'autre fraction, celle des provisionals, est plus lente à se laisser convaincre. Elle cède pourtant sous la pression d'une population lassée des attentats et du chaos. Le 22 juin, elle ordonne une trêve illimitée et inconditionnelle, qui devait entrer en vigueur le 26 à minuit.

Le proconsul britannique semble gagner ainsi en trois mois la première manche : l'arrêt du terrorisme. Il lui reste à emporter la seconde : réunir catholiques et protestants autour d'une table.

Nid d'espions

La Grande-Bretagne est-elle la plaque tournante de l'espionnage soviétique en Europe occidentale ? C'est la question que l'on se pose à la suite d'une affaire qui éclate le 26 septembre 1971. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères annonce ce jour-là que le gouvernement britannique a décidé d'expulser 105 citoyens soviétiques, 90 diplomates de l'ambassade et 15 employés des différents organismes officiels représentés à Londres, tous accusés de se livrer à des activités d'espionnage. Cette mesure sans précédent aurait été prise à la suite des révélations d'un agent du KGB passé à l'Ouest — Oleg Lialine. On s'attend à une vive réaction de Moscou. Mais à part les violentes attaques de la Pravda, l'URSS encaisse le coup sans prendre de mesures de représailles.

Grèce

8 960 000. 68. 0,7 %.
Économie. PNB (68) 858. Production : G (68) 136 ; A (*69) 119 ; I (69) 177. Énerg. (*69) : 1 150. C.E. (68) : 6 %.
Transports. (*69) : 1 437 M pass./km, 587 M t/km. (*69) : 194 900 + 107 000.  : 10 952 000 tjb. (*69) : 1 717 549 000 pass./km.
Information. (69) : 110 quotidiens ; tirage global : 748 000. (67) : *985 000. (69) : *86 000. (61) : 354 600 fauteuils. (69) : 881 003.
Santé. (69) : 13 711. Mté inf. (69) : 31,8.
Éducation. (67). Prim. : 973 912. Sec. et techn. : 500 942. Sup. : 73 438.
Institutions. Monarchie sanctionnée par référendum populaire le 1er septembre 1946. Constitution de 1968 partiellement en vigueur, complétée par 15 lois institutionnelles le 5 janvier 1971. Souverain : Constantin XIII en exil ; régent : Georges Papadopoulos qui succède au général Zoïtakis le 21 mars 1972. G. Papadopoulos exerce également les fonctions de Premier ministre.

Consolidation

Le régime instauré par le coup d'État militaire paraît plus solide que jamais. Le général Papadopoulos, leader de la révolution nationale, s'estime assez fort pour écarter du pouvoir ses anciens camarades.