Le 26 août 1971, il prend la tête d'un nouveau gouvernement, duquel il exclut 13 militaires qui détenaient des postes clés dans le précédent ministère, et les remplace par des technocrates. Le 21 mars, à la suite d'un différend avec le régent, le général Zoïtakis, il démet celui-ci de ses fonctions pour les assumer lui-même. Le général Papadopoulos contrôle ainsi directement l'appareil de l'État, le gouvernement, la défense nationale et les affaires étrangères.

Aide des USA

L'homme fort de la Grèce enregistre un succès notable en dissipant les dernières réserves que nourrissaient à l'égard de son régime les États-Unis. Il résiste aux pressions américaines, destinées à susciter une évolution démocratique, par le truchement d'élections législatives. Le 3 août, la Chambre des représentants à Washington décide, par 122 voix contre 57, de suspendre l'aide militaire à la Grèce, qui avait été fixée à 117 millions de dollars. Mais l'attitude complaisante du général Papadopoulos à l'égard des intérêts américains devait amener le président Nixon à faire abstraction du vote parlementaire.

Le 25 janvier, l'ambassade des USA à Athènes révèle que le général Papadopoulos a accepté que des ports grecs soient utilisés en permanence par la marine de guerre américaine. Le département d'État, qui confirme la nouvelle le 7 février, précise que Le Pirée sera désormais un port d'attache pour les unités de la VIe flotte.

Cependant, devant l'émotion suscitée à Moscou et dans d'autres capitales communistes, Washington assure l'URSS, le 19 février, que la nouvelle base n'impliquera pas l'accroissement des effectifs des forces navales américaines en Méditerranée orientale. Le 1er mars, le président Nixon informe le Congrès de sa décision de reprendre l'aide militaire à la Grèce. L'un des objectifs de cette décision, indique-t-on au département d'État, est d'inviter Athènes à acheter des Phantom plutôt que des Mirage français. En effet, le gouvernement grec décide fin mars d'acquérir 36 Phantom F-4 pour la somme de 150 millions de dollars.

Relations avec l'Est

Les dirigeants d'Athènes, à vrai dire, ressentent moins le besoin de nouer de solides relations avec la France depuis que leurs rapports paraissent s'améliorer non seulement avec l'Europe occidentale (la Grande-Bretagne, la République fédérale d'Allemagne, la Suède notamment), mais aussi avec les États communistes. Le 2 juillet, à l'issue d'une visite à Sofia, le secrétaire d'État Palamas parvient à un accord avec ses interlocuteurs bulgares, analogue à celui qui avait été conclu le mois précédent avec la Roumanie.

Une commission mixte chargée de développer la coopération entre les deux pays dans les domaines économique, industriel, technique et scientifique est créée. Un organisme semblable gréco-yougoslave, qui avait été fondé en 1965, est réactivé, le 8 septembre, lors d'un séjour de Palamas à Belgrade. Il s'agit de la première visite effectuée par un ministre grec en Yougoslavie depuis le coup d'État du général Papadopoulos en 1967.

L'URSS, en revanche, manifeste sa mauvaise humeur à l'égard de la junte d'Athènes à deux reprises en février, d'abord quand la Grèce accorde à la VIe flotte des facilités portuaires, ensuite pour défendre le régime de Mgr Makarios contre les pressions du gouvernement Papadopoulos. Ce dernier procède, le 5 juin, à l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine populaire, laquelle modifie du tout au tout son attitude à l'égard d'un système qu'elle qualifiait peu auparavant de « dictatorial » et de « fasciste ».

Opposition

Le général Papadopoulos, qui vante la solidité à la fois de l'économie grecque et de son régime, continue néanmoins à s'acharner contre les opposants. Malgré la fermeture, en avril 1971, des camps de Leros et d'Oropos et la libération des détenus, ceux qui ont été condamnés par des tribunaux militaires (environ 450 personnes) sont maintenus dans leurs prisons.

Des dizaines de personnes passent en jugement et sont condamnées à des peines, il est vrai relativement légères. Communistes, étudiants, journalistes, écrivains, professeurs, ennemis de la junte ou intellectuels non conformistes sont ainsi neutralisés.