Il annonce sans retard un train de réformes : resserrement de l'éventail des revenus par le moyen de la fiscalité ; démocratisation de l'enseignement ; recherche d'une plus grande démocratie dans l'entreprise ; remaniement du code de la famille et abolition des dernières entraves juridiques à l'émancipation des femmes.

Les premiers mois d'exercice du pouvoir par le nouveau Premier ministre connaissent quelques difficultés. Le patronat exprime une réserve de plus en plus marquée. Il se plaint d'une fiscalité et de charges de salaires trop lourdes. En huit ans, le cash-flow (bénéfices, plus amortissement) a diminué de 24 % ; un tiers des entreprises ne réalisent plus de bénéfices ; 600 d'entre elles ont dû fermer leurs portes, licenciant 22 700 salariés. L'année 1969 connaît pourtant une expansion rapide. Mais la forte demande du marché intérieur et l'exportation accrue de capitaux déséquilibrent la balance des paiements. La couronne montre une certaine fragilité.

Une brusque poussée d'agitation sociale commence à partir de novembre 1969. Elle culmine avec la grève sauvage des 4 600 mineurs des mines de fer nationalisées de Kiruna et de Malmberget, en Laponie. La grève, déclenchée le 12 décembre, sans l'accord de la fédération syndicale, dure cinquante-six jours, entraînant un vaste mouvement de solidarité dans tout le pays. Le fameux modèle suédois, fondé sur un dialogue permanent entre syndicats ouvriers et patronaux, se conteste lui-même.

En politique étrangère, O. Palme doit faire face à une détérioration des relations avec les États-Unis après l'annonce du projet de Stockholm d'accorder une aide de 40 millions de dollars au Viêt-nam du Nord. En un jour, le carnet de commandes de l'industrie suédoise sur le marché américain perd 57 millions de dollars. Les manifestations d'hostilité qui saluent l'arrivée dans la capitale du nouvel ambassadeur américain n'arrangent rien.

Après avoir rencontré le chancelier Brandt a Bonn, le Premier ministre Wilson à Londres, et avant de se rendre aux États-Unis et en URSS, O. Palme arrive à Paris, le 13 avril 1970. À l'ordre du jour, les questions d'intérêts communs, la sécurité de l'Europe, l'élargissement de la Communauté économique européenne. Dans ce domaine, le souci de O. Palme est de ne rien faire qui détruise le délicat équilibre de l'Europe du Nord.

La moindre maladresse du gouvernement est guettée par l'opposition libérale et conservatrice. Car on se trouve à la veille des élections générales prévues pour septembre 1970. Les sociaux-démocrates pourraient perdre le très léger avantage électoral (1 %) qui leur assure le pouvoir.

Suisse

6 147 000. 149. 1,3 %.
Économie. PNB (67) 2 597. Énerg. (67) : 2 762. C.E. (67) : 22 %.
Transports. (*67) : 8 794 M pass./km, 5 974 M t/km. (*67) : 1 081 400 + 102 100.  : 202 000 tjb. (*67) : 2 994 491 000 pass./km.
Information. (66) : 126 quotidiens ; tirage global : 2 081 000. (67) : 1 734 000. (67) : 868 000. (67) : 229 800 fauteuils ; fréquentation : *40 M. (67) : 2 533 684.
Santé (66). 8 857. Mté inf. (67) : 17,5.
Éducation (64). Prim. : 468 664. Sec. et techn. : 272 159. Sup. : 33 579.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Ludwig von Moos. Vice-président : Hans Peter Tschudi.

L'immigration réglementée

La question du Jura reste épineuse. Pour la première fois, le gouvernement du canton de Berne envisage, en juillet 1969, une procédure reconnaissant aux Jurassiens francophones un droit à l'autodétermination. Consultés par référendum, en mars 1970, les électeurs se prononcent nettement (90 000 oui, 14 000 non) en faveur du projet.

Les dirigeants séparatistes ne sont pas satisfaits. Ils se déclarent fermement déterminés à poursuivre leur lutte jusqu'à la création d'un vingt-troisième canton dans la Confédération helvétique.

En matière électorale, un changement important. De plus en plus nombreux, les cantons accordent le droit de vote aux femmes. Après ceux du Tessin, en octobre 1969, et de Fribourg, en novembre, les électeurs du Valais ont décidé, en avril 1970, d'octroyer le droit de vote et d'éligibilité aux femmes sur le plan cantonal. Désormais, les femmes sont considérées comme des citoyennes à part entière dans sept cantons. En outre, Berne, après Zurich et les Grisons, a accordé à ses communes la possibilité d'introduire à leur gré les suffrages féminins.