Tous problèmes politiques mis à part, on espère aussi à Varsovie, sans trop l'avouer, une aide ouest-allemande pour moderniser une économie qui en a bien besoin. Un plénum du Comité central consacré à ces problèmes en novembre 1969 a constaté, en effet, que si la production totale avait augmenté (grâce à l'accroissement de l'emploi) il y avait eu en même temps une baisse sensible dans les secteurs les plus modernes de l'industrie. Les crédits à long terme que Varsovie attend de Bonn leur seront donc réservés en priorité. Le 23 juin, un accord commercial à long terme germano-polonais est signé à Varsovie. Dans le cadre des réformes économiques prévues pour la période 1971-1974, le comité central a adopté, le 20 mai 1970, un nouveau système pour stimuler les entreprises : les primes ne seront plus calculées en fonction du degré de réalisation du Plan, mais en fonction des résultats économiques de chacune d'elles.

Les mines de charbon polonaises — une des principales richesses du pays — ont bénéficié d'une publicité dont elles se seraient bien passées. Le problème a été soulevé par Roger Garaudy au Congrès du PC français à Nanterre le 6 février 1970 ; il a parlé de ce « pays socialiste qui en pleine grève des mineurs des Asturies envoie à Franco le charbon qui l'aide à briser la grève... » Santiago Carillo, le secrétaire général du PC espagnol s'est lui aussi élevé contre ces livraisons effectuées en janvier 1970 alors que les mineurs des Asturies avaient cessé tout travail. Le 27 mars suivant, la chambre de commerce polonaise, après une longue réflexion, publiait une mise au point mais non un démenti : « Nous n'avons pas accru nos livraisons de charbon à l'Espagne pendant la grève. »

Portugal

9 465 000. 103. 1,1 %.
Économie. PNB. (67) 489. Production (66) : A 19 % + I 42 % + S 37 %. Énerg. (67) : 565. C.E. (67) : 15.
Transports. (*67) : 3 266 M pass./km, 727 M t/km. (*66) : 280 000 + 90 000.  : 772 000 tjb. (*67) : 1 160 207 000 pass./km.
Information. (66) : 29 quotidiens ; tirage global : 645 000. (67) : 1 345 000. (67) : 271 000. (66) : fréquentation : 28,3 M. (67) : 615 965.
Santé (66). 7 619. Mté inf. (67) : 59,2.
Éducation (66). Prim. : 891 082. Sec. et techn. : 333 080. Sup. : 36 332.
Institutions. République corporative, adoptée par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomas, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Marcello Caetano.

Un an après le départ de Salazar

La préparation des élections législatives — fixées au 26 octobre 1969 — offre une première occasion aux successeurs du Dr Salazar de prouver leur volonté de libéraliser le régime.

Le gouvernement de Marcello Caetano s'engage à permettre à tous les candidats de toutes les tendances de solliciter les suffrages de 1 800 000 électeurs dans la métropole (sur une population de 9 millions d'habitants, parmi laquelle les analphabètes, ceux qui ne paient pas assez d'impôts et un million de travailleurs émigrés sont écartés des urnes) et de 500 000 dans les provinces d'outre-mer (sur une population de 13 millions).

Une libéralisation timide

Mais cette opposition doit bientôt constater que les promesses du gouvernement ne sont pas toutes suivies d'effet. Une série de mesures très sévères prises par le ministère de l'Intérieur limitent considérablement les possibilités d'expression des adversaires du régime. Me Mario Soares, leader de la tendance démocrate et socialiste, prévoit que « ce sera pire que sous Salazar », car « Marcello Caetano n'est pas l'homme du changement ».

Les élections se déroulent dans le calme. Avec 88 % des suffrages exprimés, le parti gouvernemental enlève tous les sièges de l'Assemblée nationale. Le nombre important des abstentions (38 % pour l'ensemble du pays, plus de 50 % dans les grandes villes) ternit sensiblement l'éclat de cette victoire.

Après les élections, Caetano, encouragé par le gouvernement de Washington, continue à s'engager dans la voie d'une libéralisation timide. Ainsi, la célèbre PIDE, la police politique de Salazar, voit son statut modifié et son autonomie réduite. Cependant, le nouveau président du Conseil ne semble guère prêt à ouvrir le débat essentiel qui pèse sur toute la vie politique portugaise : l'avenir des colonies. Il est vrai que, dans ce domaine, il est le prisonnier des militaires ; le chef d'état-major des forces armées ne cache pas sa détermination : « Jamais, déclare-t-il, nous n'admettrons l'abandon. »

La situation outre-mer

Le budget militaire de 1970 est encore en augmentation : il absorbera 58 % des ressources de l'État, dont 40 % seront consacrés aux guerres coloniales. Les énormes besoins de l'armée favorisent la constitution d'une puissante industrie de guerre. Afin de pouvoir poursuivre simultanément l'effort de guerre, le plan de développement en métropole et la mise en valeur des territoires d'outre-mer, le gouvernement Caetano doit faire appel de plus en plus aux capitaux étrangers.