social-démocratie

Courant d'idées issues du marxisme auquel se référaient les partis politiques de langue allemande et les pays scandinaves au sein de la IIe Internationale.

Jusqu'en 1914, nombre de partis de la IIe Internationale portèrent le nom de sociaux-démocrates, ce qui exprime la liaison intime entre un moyen, la démocratie politique, et l'objectif final qu'est le socialisme, soit aussi bien l'articulation entre programme minimal et programme maximal. Ce fut le cas de la fraction bolchevique du parti ouvrier social-démocrate de Russie (P.O.S.D.R.), qui répudia cette appellation en août 1914. Après 1917, le mot, péjoratif dans la tradition léniniste, a désigné les courants socialistes restés attachés à la lettre du marxisme, mais s'accommodant en fait d'une pratique réformiste et différant la rupture révolutionnaire, avant même d'en écarter formellement l'idée.

Plus généralement est social-démocrate qui prétend allier forme démocratique et contenu socialiste de la société. Le terme « régime social-démocrate » désigne des systèmes économiques et sociaux demeurés dans le cadre du capitalisme, mais selon un fonctionnement profondément différent de celui du libéralisme classique : une coopération, institutionnalisée mais parfois conflictuelle, entre les entreprises, les représentants des salariés et l'État promu à un rôle économique limite la toute-puissance du capital et remodèle la société dans un sens égalitaire par le biais de l'État providence.

Les formes que revêt la social-démocratie, avec l'existence ou non d'un secteur nationalisé, d'un système de cogestion, etc., sont diverses d'un pays à un autre. Mais, dans tous les cas, le régime social-démocrate suppose des partenaires sociaux soutenus par un parti socialiste puissant. La social-démocratie est alors plus qu'un courant politique, c'est une forme de gouvernement fondée sur l'institutionnalisation du compromis social. Elle a déjà été au pouvoir en Allemagne, en Autriche et en Scandinavie (social-démocratie scandinave), mais non dans l'Europe du Sud (dont la France), où les partis socialistes disposent de peu d'adhérents et d'une influence syndicale limitée. Le Royaume-Uni lui-même est considéré par certains comme le « pays de la social-démocratie malheureuse », car les syndicats, bien que très liés au parti travailliste, n'en respectent pas la discipline et rendent tout compromis social aléatoire.

Deux questions demeurent. Ce système, qui a prospéré surtout dans les années d'expansion économique, est-il adapté à des périodes de crise ? Un système qui repose sur l'arbitrage de l'État national peut-il subsister dans le cadre de la mondialisation ?