liberté

(latin libertas, -atis)

Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple
Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple

Condition d'un peuple qui se gouverne en pleine souveraineté.

PHILOSOPHIE

La liberté peut être caractérisée de façon simple par une formule négative : ne pas être contraint. Cette détermination négative a le mérite de mettre en avant une condition essentielle de la liberté : pour être libre, il faut disposer d’un minimum de latitude, de capacité de choix ; rien n’est plus opposé à la liberté que la nécessité subie qui transforme le sujet en simple chose. Toutefois, la liberté ne peut pas être définie par ce simple trait négatif : d’abord parce qu’il ne suffit pas de ne pas être contraint pour être libre, ensuite parce que la liberté recouvre des domaines distincts, psychologique, éthique, politique, que l’absence de contrainte ne permet pas de discerner.

L’absence de contrainte est donc une condition nécessaire mais non suffisante de la liberté.

1. La liberté psychologique

Selon une approche psychologique, la liberté se caractérise par la capacité à être l’auteur de son acte. Le sujet a le choix en tant qu’il n’est pas déterminé par des causes ; il accomplit sa liberté lorsqu’il fait un choix, lorsqu’il élimine les possibles à l’exception d’un seul. Il n’est plus alors déterminé par des causes, il se détermine d’après des motifs. Au lieu de subir la nécessité de la contrainte, il est lui-même l’auteur de son vouloir. Cet aspect de la liberté est ce que l’on désigne généralement par « libre arbitre ».

Descartes est un des grands penseurs de la liberté ainsi conçue. Les critiques de ce schéma reposent sur la mise en question de cette autodétermination du sujet : l’impression de se déterminer soi-même tient peut-être à l’ignorance des causes déterminantes, la classe sociale, l’hérédité, l’inconscient. Il reste toutefois que la capacité de réflexion est principe de la liberté : à supposer que l’on soit déterminé par des causes latentes, la connaissance que l’on en prend rend possible une conversion de la passivité en activité. Comprendre la nécessité, ce n’est plus la subir mais la faire sienne. Spinoza est sans doute le philosophe chez qui cette reformulation du rapport entre liberté et nécessité est la plus radicale.

2. Liberté et morale

Le lien entre morale et liberté est essentiel : un être non libre n’a pas de rapport au bien et au mal, il est ce qu’il est sans pouvoir être autre. Le domaine des valeurs lui est étranger. Inversement, la morale révèle la liberté : la capacité à se déterminer d’après une valeur absolue, et non d’après des intérêts conjoncturels, prouve une liberté effective par rapport aux conditionnements. C’est à Kant que revient le mérite d’avoir montré nettement en quoi la morale est révélatrice de la liberté de l’homme.

La liberté est, de plus, essentiellement liée à la responsabilité. Le sujet, capable de se déterminer soi-même, est celui auquel il est possible d’imputer la paternité de ses actes et même de ses omissions. La question de l’extension de la liberté est délicate, mais, quelle que soit son ampleur, elle ne manque jamais de se poser : si l’agir dépend d’une décision qui aurait pu ne pas être prise, il est légitime d’y voir sa source et son fondement.

Pour en savoir plus, voir l'article morale.

3. Liberté et politique

La liberté politique doit être distinguée de la liberté psychologique et morale. La politique ne prend pas en compte l’intériorité, la conscience que le sujet a de lui-même, mais seulement les relations entre les sujets. La définition de la liberté est donc plus étroite. Par liberté, il faut entendre la capacité d’action sans contrainte. Cette capacité n’a d’autres bornes que la capacité des autres : la liberté est ainsi pensée à partir d’un jeu de limitations réciproques. La loi est donc ce qui donne le cadre au sein duquel la liberté peut exister.

La tradition libérale, représentée par exemple par Montesquieu, définit la liberté politique comme le droit de faire ce que les lois permettent. Le lien entre liberté et égalité est donc clair : il faut que tous soient soumis aux mêmes lois pour que tous aient la même liberté. Si quelqu’un est au-dessus de la loi, la liberté s’efface au profit du rapport de force. La logique républicaine trouve ainsi l’une de ses légitimations les plus claires.

Pour en savoir plus, voir l'article politique.

Emmanuel Kant
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Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple
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René Descartes
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