En Asie du Sud-Est continentale, le problème fondamental reste la situation au Cambodge. Hun Sen, représentant le gouvernement actuel, soutenu par l'armée vietnamienne, et Norodom Sihanouk, considéré comme le seul médiateur possible avec les mouvements de résistance, se sont rencontrés en France, à Fère-en-Tardenois (2-4 décembre), mais la réunion suivante a été annulée peu après.

Les ministres des Affaires étrangères et de l'Économie des États de l'Asean, dont les intérêts sont très variables en fonction des disparités économiques qui les affectent, se sont aussi réunis à Manille, le 15 décembre, pour la première fois depuis dix ans. Les négociations ont porté sur la coopération économique et sur la réduction des obstacles que la réglementation douanière oppose au commerce régional.

Valérie Niquet-Cabestan

Chine

À la suite des manifestations étudiantes qui ont secoué les grandes villes de Chine au mois de décembre 1986 et au début de 1987, une phase de repli idéologique a succédé à la politique d'ouverture. Si la répression a peu touché les étudiants, les quelques ouvriers qui s'étaient joints aux manifestants ont été condamnés à des peines de quatre ou cinq ans de prison. Des intellectuels très favorables aux réformes, tels le professeur Fang Lizhi et le journaliste Liu Bingyan, ont été contraints de démissionner de leur poste et de quitter le parti. Hu Yaobang, premier secrétaire du parti communiste, accusé d'ultra libéralisme, a également dû abandonner son poste, le 16 janvier 1987, et a été remplacé par le Premier ministre Zhao Ziyang. Devant l'accumulation des difficultés économiques et sous la pression des « conservateurs », une reprise en main énergique a eu lieu avec le lancement, au mois de février, de la campagne de lutte contre le « libéralisme bourgeois » et, à partir du mois de juin, la révision à la baisse de certains projets de réforme économique.

L'inquiétude des conservateurs s'est accrue lors des émeutes sanglantes qui ont éclaté au Tibet, le 1er octobre. Dans son discours prononcé à l'ouverture du XIIIe Congrès du parti communiste, le 25 octobre, Zhao Ziyang a tenté de concilier le respect des « quatre principes fondamentaux » du socialisme à la chinoise, et la poursuite d'une politique réformiste que la Chine ne peut rejeter sous peine de catastrophe économique et sociale, d'autant moins que, pour la première fois depuis quatre ans, un excédent commercial a été obtenu à la fin de l'année.

Le nouveau Comité central issu du Congrès a procédé au rajeunissement des organismes dirigeants. Le secrétariat général du parti communiste reste confié à Zhao Ziyang, qui abandonne les fonctions de Premier ministre à Li Peng. Le comité permanent du Bureau politique (Zhao Ziyang, Li Peng, Qiao Shi, Hu Qili et Yao Yilin), qui dispose de l'autorité suprême, ne comprend plus de héros de la Longue Marche.

Valérie Niquet-Cabestan

Japon

Le tableau de bord de l'économie du Japon témoigne de l'exceptionnelle prospérité que connaît ce pays depuis 1952. L'inflation est pratiquement nulle ; les prix à la consommation sont inchangés et ceux de gros baissent de mai à juin de 4,2 p. 100 ; enfin, la balance commerciale dégage en décembre un excédent de 6 810 millions de dollars. Les réserves de change, en hausse pour le vingtième mois consécutif, atteignant en novembre un montant de 78 080 millions de dollars, supérieur à celui de la RFA, les avoirs à l'étranger font de l'Empire du Soleil levant le premier créancier mondial.

Certes, les difficultés de la sidérurgie, des charbonnages et des constructions navales s'accentuent. De plus, accusée de dumping, l'industrie japonaise est victime de représailles : imposition par les États-Unis d'une surtaxe de 100 p. 100 sur les importations de matériel électronique nippon (semi-conducteurs) à compter du 17 avril ; résiliation par la Grande-Bretagne des licences accordées aux banques et aux compagnies d'assurances nippones si le Japon n'ouvre pas ses marchés financiers aux sociétés britanniques (2 avril). Pour éviter une guerre commerciale, Yasuhiro Nakasone abaisse le taux de l'escompte de 3 p. 100 à 2,5 p. 100, son plus bas niveau historique, le 20 février ; il instaure une réforme fiscale, massivement rejetée par les Japonais lors des élections locales du 12 avril. Abandonné par ses partenaires, Yasuhiro Nakasone cède la direction du Parti libéral-démocratique (PLD) le 20 octobre, et, par là même, celle du gouvernement, le 6 novembre, à l'ancien ministre des Finances, Noboku Takeshita, longtemps homme-lige de la victime de l'affaire Lockheed : Kakuei Tanaka. Mais entre-temps il avait fallu concéder le 19 septembre aux États-Unis une réduction de l'impôt sur le revenu de 1 500 milliards de yens, mini-réforme fiscale (rétroactive au 1er avril) qui stimule aussitôt la consommation des ménages. C'était la fin de l'austérité.