En Autriche, à la suite du scrutin du 23 novembre 1986, la constitution d'un gouvernement de coalition entre les populistes et les socialistes a permis aux premiers de revenir au pouvoir, après seize ans passés dans l'opposition.

La progression de la droite aux élections finlandaises des 15 et 16 mars a entraîné le départ du Premier ministre, qui était un social-démocrate depuis 1982, et son remplacement par une personnalité du parti conservateur. En revanche, le Danemark a évolué dans une autre direction. À l'occasion de la consultation anticipée du 8 septembre, l'alliance de centre-droit, qui dirigeait le royaume depuis 1982, a perdu plusieurs sièges. La multiplication des groupuscules, représentés au Folketing, rend difficile la tâche du Premier ministre sortant, Poul Schlueter, qui a cependant formé un nouveau gouvernement minoritaire.

Dans deux États du Sud de l'Europe, les élections n'ont pas non plus clarifié la situation. En Italie, à l'issue du scrutin du 15 juin, le principal vainqueur a été le parti socialiste de Bettino Craxi, mais la démocratie-chrétienne a aussi gagné des voix. Les premiers perdants sont les communistes, qui reculent davantage que les petits mouvements laïcs. Enfin, les Verts sont entrés au Parlement. Après de laborieuses tractations, le jeune démocrate-chrétien Giovanni Goria a constitué un gouvernement de coalition assez semblable au précédent.

En Espagne, lors des consultations européennes et régionales du 10 juin, le parti socialiste au pouvoir et l'alliance populaire de droite, qui est dans l'opposition, ont subi un échec.

Dans l'ensemble, l'évolution de l'économie a été décevante. En dehors du Royaume-Uni, où elle pourrait atteindre 3 p. 100, la croissance a été limitée dans les autres pays ; en Allemagne, où la politique d'austérité écarte toute relance, elle est réduite à 1,5 p. 100. L'inflation a légèrement repris et le chômage a persisté : fin juillet, on comptait 15,63 millions de demandeurs d'emploi dans la CEE. L'ampleur du déficit commercial américain a entraîné de vives tensions entre Washington et les Douze.

Laurent Leblond

Europe orientale

L'immobilisme domine encore. Les changements politiques concernent seulement la Hongrie et la RDA. Les difficultés économiques ont partout persisté ou se sont même aggravées ; la RDA est la seule exception dans ce domaine.

Inquiets de l'évolution en cours en Union soviétique, mais obligés d'en tenir compte, les dirigeants les plus conservateurs du bloc de l'Est ont néanmoins commencé à agir. Le 18 août, l'Assemblée nationale bulgare a décidé une large restructuration du gouvernement. Elle doit être suivie par une réforme de la Constitution, annoncée par le chef du PC, Todor Jivkov. En butte aux pressions de Mikhaïl Gorbatchev et à une contestation grandissante dans la société est-allemande, surtout de la part des jeunes, Erich Honecker, chef du Parti socialiste unifié de RDA, a engagé une politique de concessions. Le 20 juillet, le Conseil d'État a décrété l'abolition de la peine de mort et une amnistie. Les autorisations de voyage à l'Ouest ont été multipliées, et M. Honecker s'est même rendu en RFA en voyage officiel, du 7 au 11 septembre.

Du point de vue économique, trois pays ont particulièrement souffert. La Pologne, qui a réintégré le FMI et la Banque mondiale, a connu des hausses de prix considérables. Sa dette extérieure est toujours inquiétante (35 milliards de dollars), et supérieure à celles de la Yougoslavie et de la Hongrie. Après la vague de grèves du mois de mars, le gouvernement de Belgrade n'a pas réussi à empêcher le développement du chômage et d'une inflation qui dépasse 100 p. 100 sur les six premiers mois de l'année. Pour rééquilibrer les comptes extérieurs de la Hongrie, Janos Kadar, secrétaire général du PC, et le nouveau Premier ministre, Karoly Grosz, ont prévu une baisse du niveau de vie de la population : l'assurance-chômage a donc été introduite.

Laurent Leblond

Asie méridionale

En Inde, la perte d'influence du parti du Congrès s'est accentuée lors des élections au Mizoram le 16 février, au Kerala et au Bengale-Occidental, le 23 mars, dans l'État d'Haryana le 17 juin. Au Pendjab, l'agitation sikh s'est poursuivie. Malgré l'affaiblissement de l'autorité du gouvernement, l'Inde a joué un rôle majeur dans la tentative de solution du problème tamoul au Sri Lanka. Le 29 juillet, un accord a été conclu entre le Sri Lanka et l'Inde, prévoyant le désarmement des rebelles et l'intervention d'une force indienne s'interposant entre Tamouls et Cinghalais. Cependant, dès le mois de septembre, les massacres ont repris, et le président du Sri Lanka, M. Junius Jayerwardene, a dû faire appel à la force indienne de maintien de la paix qui s'est emparée des bases séparatistes de Jaffna, après une bataille sanglante contre les Tigres de l'Eelam, le groupement de résistance le plus déterminé (25 octobre). La révolte tamoule se poursuit encore à la fin de l'année dans l'est de l'île.