De son côté, Jacques Chirac reste ferme et réaffirme que le gouvernement ne changera pas sa politique qui a pour priorité le redressement économique, la rigueur, notamment salariale, et la solidarité envers les plus défavorisés. Cependant, la dégradation du climat social en début d'année l'a amené à recevoir chacune des organisations syndicales et le CNPF, dans le dessein affiché de donner un nouveau souffle au dialogue social. Au même moment, l'échec de la négociation salariale dans la fonction publique montre combien ce dialogue est difficile à mettre en œuvre. Le ministre des Affaires sociales, Philippe Séguin, a agi essentiellement dans trois directions : élargissement du traitement social du chômage, développement de la participation et de l'intéressement dans la fonction publique et vote de la loi sur l'aménagement du temps de travail. Enfin, à l'initiative du Premier ministre, les États généraux de la Sécurité sociale ont été réunis pour lancer un large débat sur l'avenir de la protection sociale.

Le patronat a fait preuve d'un certain attentisme. À la tête du CNPF depuis décembre 1986, François Périgot se montre satisfait des orientations du gouvernement (allégement des charges fiscales et sociales ; flexibilité de l'emploi et du coût du travail). Toutefois, préoccupé par le grand marché européen prévu pour 1992, il réclame de nouvelles réductions d'impôt et une aide à l'investissement. Vis-à-vis des syndicats, son objectif est de relancer les négociations, en particulier sur l'aménagement du temps de travail, mais il souhaite une décentralisation de ces négociations.

Dominique Colson

Défense

La loi de programmation des équipements militaires pour la période 1987-1991 a été adoptée le 10 avril 1987 par 536 voix contre 35 à l'Assemblée nationale, et par 301 voix contre 15 au Sénat. Portant sur 474 milliards de francs, qui seront destinés aux trois armées et à la gendarmerie, la loi est exprimée en crédit de paiement et concerne uniquement l'équipement, à l'exclusion des dépenses de fonctionnement. Elle est exprimée en francs constants. Ainsi, le montant de départ sera corrigé en fonction du taux d'inflation effectif. Le législateur a prévu également une programmation « glissante », afin de tenir compte des difficultés de prévision de l'évolution des besoins militaires et de la situation future du pays. En 1988, le texte sera actualisé pour les années 1989, 1990 et 1991. De plus, il est retenu que soient indiquées des prévisions pour les années 1992 et 1993, de manière à disposer en permanence d'un horizon de cinq ans. L'évolution des crédits d'équipements militaires proposés se traduit de cette façon : 84 127 millions de francs en 1987 ; 89 100 en 1988 ; 94 450 en 1989 ; 100 120 en 1990 et, enfin, 106 200 pour l'année 1991. Le taux de croissance annuel moyen atteint 7 p. 100. Enfin, la loi de programmation 1987-1991, à la différence des lois précédentes, n'individualise pas les engagements spécifiques à chaque matériel. Ainsi, un ajustement constant aux besoins et une répartition plus souple des moyens devraient être possibles.

Pour 1987, déduction faite des pensions, le budget de la Défense s'élève à 169,2 milliards de francs, soit une augmentation de 6,9 p. 100 par rapport à celui de 1986, tandis que le budget total de l'État croît de 1,9 p. 100 pendant la même période. Les dépenses représentent 16,1 p. 100 du budget de l'État contre 15,4 en 1986 et 3,72 p. 100 du produit intérieur brut marchand.

Philippe Faverjon

Politique étrangère

« La France est ma patrie, l'Europe est mon avenir. » Prononcée par François Mitterrand le 15 janvier à Londres, cette phrase aurait pu l'être par son frère ennemi en cohabitation, Jacques Chirac. Leur politique ne témoigne-t-elle pas de leur volonté consensuelle ? Au Tchad, où ils maintiennent leur soutien aux FANT (Forces armées nationales tchadiennes), de la reprise de Fada le 2 janvier à celle d'Aozou le 8 août ; au Liban, où ils réaffirment du 17 au 19 février au président Gemayel leur volonté d'œuvrer à la restauration de la souveraineté de son pays ; en Iran, où ils poursuivent la normalisation destinée à faciliter la libération des cinq otages français détenus par des organisations liées à Téhéran ; en Europe, enfin, où ils s'accordent pour refuser toute dévaluation du franc, le 12 janvier, pour obtenir le démantèlement des montants compensatoires monétaires, le 1er juillet, pour accepter la proposition du chancelier Kohl, qui avait suggéré, le 19 juin, de créer une brigade franco-allemande, et pour signer le 29 juillet, à Paris, le traité de ratification du tunnel sous la Manche.