Beyrouth et le Liban. Quatorze années déjà... Et toujours, entre d'innombrables factions libanaises et trois « alliés » envahissants (Israël, Syrie et Iran), le jeu trouble de stratégies où, derrière le machiavélisme des desseins primitifs, nul – ni État, ni clan – ne contrôle sans doute plus rien. Témoins et victimes silencieux de ces impuissances réciproques : les otages. Pour deux d'entre eux, Marcel Carton et Marcel Fontaine, le 17 décembre fut le millième jour de détention...

Afghanistan. Huit années déjà... Pour l'armée soviétique (120 000 hommes environ), l'espoir en est fini d'une victoire militaire. Mais l'annonce, par Moscou, d'un retrait, possible – « à condition que les États-Unis cessent de soutenir les rebelles » – reste très vague. Et celui par qui le compromis peut s'instaurer, l'ex-roi Zahir Chah réfugié à Rome, ne semble guère pressé de donner aux Soviétiques les garanties de « bon voisinage » qu'ils réclament en contrepartie d'un possible retraite...

Iran-Iraq. Sept ans déjà... Le front n'a guère bougé, les offensives et contre-offensives restent toujours aussi meurtrières. Il est vrai que les armes ne manquent pas aux deux protagonistes ; et, s'il faut en croire l'obscure clarté des scandales, l'Iran n'aurait pas trop souffert, jusqu'à ces dernières années, des embargos prononcés à son égard par les gouvernements occidentaux... dont la France et les États-Unis. Désormais, le conflit s'internationalise ; les flottes soviétique, américaine, européenne, dont celle de la France, croisent dans le golfe Persique, protégeant aujourd'hui les pétroliers, veillant demain, peut-être, aux « intérêts vitaux » de leurs pays dans cette région, qui, la guerre finie, redeviendra la première productrice de pétrole du monde.

Enfin, toujours au Moyen-Orient, l'actualité s'est, encore une fois, chargée de rappeler, au mois de décembre, que, quarante ans après que l'ONU a voté le partage de la Palestine, rien, encore, n'était résolu. À Gaza, en Cisjordanie, en Israël même, à la fin de l'année, des émeutes réunissent de jeunes Palestiniens des territoires occupés et de jeunes Israéliens arabes. Malgré son intransigeance, le gouvernement de Jérusalem peut-il oublier que, à l'intérieur de ses frontières de 1967, vivent non seulement 3,5 millions d'Israéliens juifs, mais aussi 650 000 Israéliens arabes et 1,4 million de Palestiniens ? Et que la démographie joue en faveur de ces derniers ?

En cette année 1987, c'est aux frontières des pays riches du Nord que se sont arrêtés les espoirs de paix.

Philippe Orsini

Législation

Le programme de réforme entrepris en 1986 s'est poursuivi (Éd. 1987). Cependant, il est plus difficile de dégager les lignes directrices du bilan législatif de 1987 : des réformes ont été abandonnées en cours de route (dont certaines déjà adoptées en Conseil des ministres), d'autres ont été reportées (code de la nationalité) ou profondément modifiées au regard du projet initial. De nombreux textes, dont certains sont développés ailleurs (rubrique Justice), et d'importance inégale (tels que les lois du 26 juin sur l'aménagement du statut des navires pour faciliter leur copropriété ; du 6 juillet sur la protection du conjoint survivant bénéficiaire d'un usufruit lorsque la nue-propriété du bien grevé fait l'objet d'une indivision entre héritiers ; du 22 juillet sur l'exercice de l'autorité parentale ; du 27 novembre sur la surveillance maritime ; du 30 novembre sur la répression du recel ; du 31 décembre sur les marchés à terme...), on détachera uniquement ici ceux qui entrent dans ces deux domaines prioritaires du gouvernement que sont le domaine économique et social et celui de la sécurité.

Domaine économique et social

Loi du 17 juin sur l'épargne, dont l'objectif est de développer une épargne longue en vue de la retraite, l'épargne des ménages et les moyens de financement des entreprises, l'actionnariat et la participation.

Loi du 19 juin relative à la durée et à l'aménagement du temps de travail, qui apporte des modifications importantes au code du travail en ce qui concerne, notamment, la modulation des horaires.