La cohabitation subit pourtant des échecs : en témoignent la rupture avec l'Iran le 17 juillet à la suite de l'affaire Gordji et l'intervention de la flotte française dans la guerre du Golfe. De plus, elle n'est pas exempte d'arrière-pensée électorale. Après l'éclat de Madrid des 11 et 12 mars entre les deux chefs de l'exécutif, Jacques Chirac poursuit une politique européenne cohérente à l'horizon de 1992, alors que François Mitterrand sculpte sa statue de double apôtre de l'antiracisme (affaire Albertini du 19 juin au 2 octobre) et de la paix en se déclarant intéressé par la politique de désarmement de Gorbatchev (proposition du 28 février).

Pierre Thomas

Relations internationales

De nombreux faits témoignent que la quête de la paix a été l'objectif essentiel des chancelleries en 1987 : la proclamation d'un « cessez-le-feu unilatéral » en Afghanistan par le régime de Kaboul le 15 janvier ; la reprise à Moscou le 9 février de négociations destinées à mettre un terme aux litiges frontaliers sino-soviétiques ; le discours de Prague du 10 avril par lequel Gorbatchev relance les négociations sur le désarmement nucléaire en Europe avant de les bloquer par une exigence inattendue le 23 octobre : la renonciation de Reagan à la mise en œuvre de l'IDS (Initiative de défense stratégique) ; l'adoption le 7 juin au Guatemala par les chefs d'État d'Amérique centrale d'un plan de paix pour leur région, plan auquel le président des États-Unis oppose celui qu'il a présenté le 5 au Congrès au seul bénéfice du Nicaragua. Malgré l'aide spirituelle que leur procure Jean-Paul II au cours de ses voyages pastoraux, les diplomates sont perdants. L'accord de paix de Colombo du 29 juillet entre les Cinghalais et les Tamouls n'est appliqué que grâce à l'armée indienne et seul l'épuisement des adversaires explique le ralentissement de la guerre du Tchad après le 28 août.

Par contre, la guerre a perduré entre l'Iran et l'Iraq, s'est étendue au golfe Persique et a conservé au Proche-Orient et en Europe la forme plus insidieuse du terrorisme avec prise d'otages sous l'influence des intégristes musulmans. Les tensions internationales sont ainsi aggravées à l'heure où les assises du monde contemporain sont menacées par de redoutables fléaux : l'insolvabilité des pays en voie de développement ; le néoprotectionnisme des pays développés ; la guerre économique que les États-Unis mènent contre le Japon et la CEE pour résorber le déficit de leur balance commerciale au prix de la baisse du dollar et d'une crise boursière qui ébranle le monde entier le 19 octobre.

Pierre Thomas

Europe occidentale

Les partis de droite sont restés au pouvoir dans deux des principaux pays et ont remporté des succès ailleurs. En Allemagne fédérale, la coalition soutenant le chancelier Helmut Kohl est sortie victorieuse des élections qui ont eu lieu le 25 janvier ; mais, les chrétiens-démocrates, et surtout leur aile bavaroise, conduite par Franz-Joseph Strauss, ont réalisé leur plus mauvais score depuis 1949. En revanche, le parti libéral d'Hans-Dietrich Genscher a obtenu une belle victoire (12 sièges de plus), due à son attachement à la politique de détente vis-à-vis de l'Europe orientale. Celle-ci a trouvé son aboutissement lorsque Erich Honecker s'est rendu à Bonn, du 7 au 11 septembre, première visite d'un chef de l'État est-allemand en RFA. Enfin, écologistes et hostiles aux armes nucléaires, les Verts ont nettement accru le nombre de leurs représentants au Bundestag.

Lors du scrutin du 11 juin, en obtenant pour la troisième fois de suite la majorité à la Chambre des communes, Margaret Thatcher et le parti conservateur ont accompli un exploit unique depuis 1945. Malgré une excellente campagne électorale, Neil Kinnock, le nouveau chef de file des travaillistes, n'a pu convaincre davantage de Britanniques, car il prônait un désarmement nucléaire unilatéral. Menée par David Steel et David Owen, l'Alliance des libéraux et des sociaux-démocrates a souffert de sa double direction.

Au Portugal, le résultat des élections législatives du 19 juillet a été exceptionnel. Pour la première fois depuis « la révolution des œillets » (avril 1974), une formation politique dispose seule de la majorité absolue au Parlement. Il s'agit du parti social-démocrate, qui se situe au centre-droit et auquel appartient le Premier ministre sortant, Anibal Cavaco Silva. Les grands perdants sont le parti rénovateur démocratique (centre-gauche) de l'ancien président Eanes et les chrétiens-démocrates.