Fait plus préoccupant pour Suharto : un vent de fronde souffle au sein de l'armée. En février, le général Dharsono est chassé du poste de secrétaire général de l'ASEAN (Association des nations d'Asie du Sud-Est) à la suite de fortes pressions exercées par Djakarta sur ses quatre partenaires (Singapour, Thaïlande, Malaisie et Philippines). Le général Suharto ne pardonne pas à Dharsono d'avoir critiqué publiquement le régime en affirmant que l'ordre nouveau instauré en 1966 « s'éloignait de plus en plus de ses idéaux d'origine » (Journal de l'année 1966-67 ; 1967-68).

Mais d'autres personnalités militaires prennent leurs distances avec Suharto : Nasution, ancien chef d'état-major de l'armée, Ali Sadikin, ancien gouverneur de Djakarta qui avait envisagé, un moment, de se présenter contre le président sortant à l'élection de mars, Kemal Idris. Certains de ces généraux briguent presque ouvertement la succession. Le 29 mars, Suharto forme un cabinet « honnête et autoritaire ». Sur 24 ministres, près de la moitié sont des militaires.

Les représentants des deux seuls partis politiques autorisés, le parti musulman (PPP) et le PDI (qui regroupe d'anciennes formations nationalistes et chrétiennes), sont exclus du gouvernement. En revanche, pour désamorcer une campagne de protestation conduite par Amnesty International, Djakarta a libéré 10 000 prisonniers politiques, détenus sans jugement depuis douze ans (sur un total de 100 000). Toutefois, ces libérés sont envoyés dans des camps de défrichement. Ils resteront, plusieurs années, sous surveillance militaire.

Rébellion

Suharto a trois autres motifs d'inquiétudes : le riz, Timor et la révolte des Papous. En avril, le gouvernement décide, pour éviter la famine, d'affecter le surplus de ses ressources pétrolières à l'achat de riz. L'Indonésie, pourtant gros producteur, importe, d'ores et déjà, 20 % du riz commercialisé sur le marché mondial. À Timor-Oriental, les graves dissensions qui affectent le mouvement nationaliste Fretilin facilitent la tâche de l'armée indonésienne. Mais, dans l'Irian-Jaya, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, les troupes gouvernementales ne parviennent pas à réduire la rébellion mélanésienne animée par le mouvement d'indépendance papoue (OPM).

Iran

Téhéran. 33 400 000. 20. 2,9 %.
Économie. PIB (75) : 1 635. Production (75) : G 241 + A 162 + I (72) 142. Énerg. (*75) 1 353. C. E. (75) : 37 %.
Transports. (74) : 2 126 M pass./km, 4 917 Mt/km. (74) : 589 200 + 111 200.  : 683 000 tjb. (75) : 1 325 M pass./km.
Information. (74) : 20 quotidiens ; tirage global : 484 000. (74) : *8 000 000. (74) : *1 500 000. (74) : 260 000 fauteuils ; fréquentation : 32,5 M. (75) : 688 000.
Santé. (73) : 11 373.
Éducation. (74). Prim. : 4 119 157. Sec. et techn. : 1 989 567. Sup. : 135 354.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1906. Souverain : Mohammed Reza Pahlevi, depuis l'abdication de son père en 1941. Premier ministre : Djamchid Amouzegar.

Violences quasi permanentes

Les timides mesures de libéralisation adoptées par le chah à la suite de la visite du secrétaire d'État américain, Cyrus Vance, à Téhéran en mai 1977, suscitent une vague de contestation dans les milieux de l'opposition libérale et nationaliste. Fin juin, trois des dirigeants les plus connus de l'ancien Front national de Mossadegh demandent, dans une lettre ouverte adressée au chah, l'« abandon de la dictature » et la « stricte application des principes constitutionnels ». Ce document, dont la diffusion n'est pas entravée par les autorités, donne le signal d'une cascade de pétitions et manifestes exigeant le respect des libertés fondamentales et l'abrogation des mesures d'exception.

Remaniement

Le départ, le 6 août 1977, de l'homme de confiance du chah, Amir Abbas Hoveyda, qui dirigeait le gouvernement depuis douze ans, et son remplacement par Djamchid Amouzegar, le grand spécialiste du pétrole, connu pour ses sympathies à l'égard des États-Unis, sont interprétés comme un geste destiné à rassurer Washington et à désamorcer le mécontentement populaire dû aux difficultés économiques grandissantes que connaît le pays.