Le Saint-Siège, entre autres, a fait connaître son émotion (chaque chrétien étant un prosélyte...). Négociation mieux réussie avec le DASH (le nouveau Parti pour la démocratie et le changement). Pour lui, Menahem Begin avait laissé vides 3 fauteuils de ministres.

Il faut 4 mois de négociations, de vraies et de fausses ruptures, pour que le DASH se décide enfin à accepter 3 portefeuilles (justice, affaires sociales-travail, transports-télécommunications) et le poste de vice-Premier ministre pour le fondateur du parti, Ygaël Yadin. Deux autres nouveaux ministres sans portefeuille, membres du Likoud (parti de Menahem Begin), viennent compléter cet élargissement du cabinet qui lui donne 15 voix de plus à la Knesset, soit une majorité de 78 sièges (au lieu de 63 seulement), sur 120.

Échecs

Dans le même temps, l'opposition travailliste réchauffe ses cendres. D'abord anesthésiée par sa défaite électorale et par la popularité montante, au moins pour un temps, de Menahem Begin de retour de la Maison-Blanche, elle saisit la perche qu'il tend lui-même en faisant une grosse bévue mal expliquée : le président de l'État, Ephraïm Katzir, ne se présentant pas à l'échéance de son mandat, le Premier ministre désigne son candidat, un professeur inconnu, qui se retire de lui-même un mois plus tard après une campagne hostile de la presse (un journal titre même : « Une farce »).

Sa désignation ne semblait justifiée que sur un point : son origine sépharade, orientale, par opposition aux Juifs eskénazes, d'origine européenne, élite abusivement détentrice du pouvoir. Il aurait été le premier président sépharade d'Israël, nouveau tournant historique s'ajoutant à la révolution économique, nouvelle preuve qu'Israël désire ardemment tourner la page de ses trente premières années pour aborder son âge mûr.

La démonstration est faite quand même par un autre sépharade qui, après le retrait, reste candidat unique : un opposant, député socialiste, ancien secrétaire pendant 11 ans du vieux lion Ben Gourion, partisan chaleureux du dialogue avec les Arabes, le colombe Itzhak Navon, 57 ans, élu par 86 voix avec 23 abstentions et 11 absents, le 19 avril 1978. Esquisse d'une future majorité de rechange ? De toute façon, échec pour Menahem Begin, amplifié par la manifestation massive du 1er mai à Tel-Aviv, organisée pour la première fois depuis 12 ans par la Histadrouth avec ses drapeaux rouges et, au premier rang, le chef de l'opposition Shimon Perès.

Anniversaire

Menahem Begin se console en présentant ses vœux télévisés dix jours plus tard, coup d'envoi des festivités du 30e anniversaire de la fondation de l'État, sans pouvoir pour autant annoncer la paix comme il l'avait espéré au moment de sa lune de miel avec le président égyptien Anouar el-Sadate.

Dans le même temps, à Paris, 100 000 personnes vont au CNIT participer à la fête Shalom Israël (paix sur Israël), bien que Menahem Begin n'ait toujours pas répondu à l'invitation apportée le 2 octobre 1977 par Jacques Chaban-Delmas, chargé de cette mission par le président Giscard d'Estaing, le Premier ministre israélien ayant déclaré le mois précédent à France-Soir, qui en a fait un gros titre : « Je serais très heureux de venir en France si on m'invitait. »

En traitement à l'hôpital, début novembre, Menahem Begin devait recevoir une lettre lui souhaitant un prompt rétablissement, signée Valéry Giscard d'Estaing. En juin 1978, une nouvelle « fièvre persistante » lui permet, en gardant la chambre, d'éviter une démission forcée ou l'éclatement de son gouvernement, très divisé sur l'avenir de la Cisjordanie après les 5 ans d'autonomie administrative proposés par le plan Begin : les ministres finissent par admettre que ce statut, non définitif, pourra être rediscuté à échéance. Réponse insuffisante pour Washington, qui annonce un contre-plan, pour l'Égypte et pour leur meilleur allié au sein du cabinet israélien, le général Weizman, ministre de la Défense, ancien faucon plus ou moins converti en colombe : au cours d'une tournée en Cisjordanie occupée, il se fait même applaudir par des Arabes contestataires. Ainsi, Menahem Begin n'a pas encore fêté le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir que l'opinion publique lui donne déjà un successeur : son compagnon de luttes du Likoud, Eizer Weizman.

La population a sextuplé en 30 ans

De 650 000 en 1948 à 3 650 000 en 1977, la population d'Israël a presque sextuplé en 30 ans. Les non-juifs sont plus de 500 000 et les juifs plus de 3 000 000, dont près de la moitié de Sabras (nés en Israël). La population juive est très jeune : presque deux tiers ont moins de 30 ans (dont un tiers ont moins de 15 ans).

Japon

Tokyo. 112 770 000. 301. 1,2 %.
Économie. PIB (74) : 4 152. Production : G (74) 127 + A (75) 132 + I (75) 110. Énerg. (*75) : 3 622. C. E. (74) : 12 %.
Transports. (*75) : 323 192 M pass./km, 47 393 Mt/km. (*75) : 17 236 000 + 10 315 000.  : 41 663 000 tjb. (75) : 12 097 M pass./km.
Information. (74) : 180 quotidiens ; tirage global : 57 820 000, (72) : *70 794 000. (74) : *25 564 000. (74) : 1 107 000 fauteuils ; fréquentation : 185,7 M. (75) : 45 515 000.
Santé. (73) : 124 684. Mté inf. (75) : 10.
Éducation. (74). Prim. : 10 088 776. Sec. et techn. : 9 036 709. Sup. : 2 155 893.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1947. Souverain : Hiro-Hito ; succède à son père Yoshi-Hito en 1926. Premier ministre : Takeo Fukuda, élu le 24 décembre 1976 ; succède à Takeo Miki.

Un tremblement de terre a secoué, le 12 juin 1978, la partie nord du Japon, faisant plus de 20 morts et d'importants dégâts matériels. Le phénomène a atteint une magnitude de 7,5 sur l'échelle de Richter, qui comprend 9 degrés. L'agence météorologique a lancé une alerte au raz de marée, des vagues géantes s'étant formées au-dessus de l'épicentre du séisme situé en mer à 250 km de Tokyo.

La flambée du yen

L'économie japonaise continue d'être florissante. Ce diagnostic gouvernemental est quelque peu tempéré par les milieux d'affaires. Durant l'année 1977 et les premiers mois de 1978, le yen n'a cessé de monter par rapport au dollar. Fin juin 1978, le dollar valait 220 yens, alors qu'il y a encore trois ans le dollar valait 300 yens. La revalorisation de la monnaie risque cependant de peser sur les exportations et donc de réduire l'excédent commercial qui, évalué à 20,6 milliards en 1977, a pratiquement doublé entre avril 1977 et mars 1978. L'OCDE prévoit pour 1978 un taux de croissance de la production d'environ 5 %, c'est-à-dire identique à celui de 1977.