Des mutations plus profondes encore s'annoncent, si l'on en juge par cette phrase relevée dans le Quotidien du peuple du 24 juin 1978 : « Compte tenu de la pratique, nous devons réviser les principes révolus du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Tsé-toung ; non seulement nous devons le faire, mais cela est normal, nécessaire et inévitable. » Ainsi vient l'heure de la révision après un quart de siècle de luttes contre le révisionnisme !

Une semaine plus tard, le 57e anniversaire du Parti communiste est salué par la publication simultanée, dans tous les journaux pékinois, d'un texte inédit de Mao Tsé-toung : une longue autocritique prononcée en 1962 (pendant sa traversée du désert) devant 7 000 responsables du parti réunis à Pékin. Il y avoue ses erreurs, détruit le mythe de son infaillibilité orchestré par Lin Piao, réhabilite Confucius au passage et réclame la liberté d'expression dans une « large démocratie ». Ainsi, tenant avec dix-huit ans d'avance le propre langage des nouveaux dirigeants, le fantôme de Mao tourne lui-même, en leur faveur, la page du maoïsme vécu jusqu'alors par les Chinois.

La recherche scientifique

Dès les premiers mois de l'année 1977, une certaine effervescence s'observe en Chine dans le domaine de la recherche scientifique. Des conférences et des rassemblements se succèdent sur des thèmes variés : géologie, astrophysique, physique des hautes énergies, énergétique, agronomie. Des scientifiques étrangers — français notamment — sont invités à participer à des séminaires ou à des visites, prélude à une politique d'échanges internationaux. Les autorités s'efforcent — souvent avec succès — de favoriser le retour au pays de jeunes Chinois diplômés qui ont poursuivi leurs études en Occident ou au Japon.

Le 29 août 1977, le Renmin Ribao (Quotidien du peuple) met l'accent sur l'importance de l'enseignement et de la publication d'articles scientifiques. Le 18 septembre, le Comité central du parti communiste annonce la réunion, au printemps 1978, d'une conférence nationale sur la science.

Réalisations

En fait, depuis une quinzaine d'années, malgré les difficultés suscitées par la rupture avec l'URSS et les remous de la politique intérieure, les Chinois ont réussi à ne pas être tributaires de l'étranger dans les secteurs de l'énergie nucléaire, du pétrole et aussi de l'électronique. Ils ont fait exploser la bombe A, puis la bombe à hydrogène. Ils lancent des engins téléguidés et récupèrent avec succès des satellites artificiels. Depuis deux ans, ils produisent un outillage scientifique incluant des microscopes électroniques à haute résolution, des oscillographes, des analyseurs multispectraux et une nouvelle pompe moléculaire pour la physique des hautes énergies. Les visiteurs occidentaux ont pu voir un prototype d'ordinateur entièrement fabriqué avec des composants chinois et capable d'exécuter 2 millions d'instructions par seconde. Les semi-conducteurs fabriqués en Chine semblent pouvoir bientôt concurrencer, sur le marché mondial, la production allemande ou japonaise.

Retards

Ces réalisations, dues à quelques laboratoires de pointe, ne peuvent dissimuler la pénurie considérable en personnel scientifique et en matériel dont souffre encore la Chine, et qui s'est aggravée durant la Révolution culturelle. Pendant cette période, une large fraction des établissements d'enseignement supérieur s'est trouvée en sommeil. L'admission à l'université était soumise à des critères politiques plutôt qu'aux capacités des candidats. Les examens étaient en grande partie supprimés.

Afin d'éviter la création d'une couche intellectuelle séparée du peuple, on envoyait professeurs d'université et étudiants travailler, pendant deux ans au moins, à l'usine ou aux champs. De plus, la recherche scientifique était presque exclusivement orientée vers les applications immédiates. Enfin, malgré les progrès récents accomplis dans des techniques (holographie à ultrasons, catalyse, pétrochimie, génétique des céréales) où ils rivalisent avec l'Occident, les Chinois manquent encore d'équipements très perfectionnés et d'infrastructures de recherche : de là, d'importants retards dans la plupart des secteurs industriels (sidérurgie en particulier) et agricoles.

Redressement

Pour rattraper ces insuffisances — attribuées maintenant aux méfaits de la bande des Quatre — le nouveau pouvoir remet à l'honneur les thèses du vice-premier ministre Teng Hsiao-ping, qui a toujours souligné l'importance de la recherche scientifique. Les 21 et 22 septembre 1977, la presse annonce une réforme de renseignement avec rétablissement et garantie de « conditions de travail convenables » pour les chercheurs, qui « doivent consacrer les cinq sixièmes de leur temps à leurs tâches professionnelles ». Le 4 novembre, le Renmin Ribao insiste sur la nécessité d'encourager la recherche fondamentale. La plupart des laboratoires fermés lors de la Révolution culturelle rouvrent leurs portes et les revues scientifiques recommencent à paraître. En cherchant le contact avec l'étranger, la Chine lui emprunte des techniques de conception industrielle (prototypes perfectionnés, plans d'installations, spécifications techniques), qu'elle adapte à ses besoins et utilise souvent à des fins de formation, d'enseignement et de démonstration.

Chypre

Nicosie. 640 000. 69. 0,8 %.
Économie. PIB (75) : 1 076. Production (75) : G 81 + A 124 + I 82. Énerg. (*75) : 1 278. C. E. (75) : 19 %.
Transports. (*75) : 66 200 + 16 200.  : 3 114 000 tjb. (75) : 115 M pass./km.
Information. (74) : 12 quotidiens ; tirage global : *78 000. (74) : 206 000. (74) : 85 000. (72) : 88 000 fauteuils. (74) : 68 000.
Santé. (74) : 557. Mté inf. (75) : 29.
Éducation. (74). Prim. : 56 649. Sec. et techn. : 51 141. Sup. : 611.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Spyros Kiprianou, élu le 26 janvier 1978 ; succède à Mgr Makarios, décédé. Premier ministre : Glafcos Cléridès. Proclamation, le 13 février 1974, d'un État autonome turc, laïc et fédéral, ayant à sa tête Rauf Denktash.

À court terme, la réunification demeure problématique

Trois ans après le coup d'État qui avait failli le renverser et le débarquement turc qui avait soustrait 40 % du territoire national à son autorité, Mgr Makarios, président de la République chypriote et ethnarque de l'Église grecque, succombe brusquement, le 3 août 1977, à une crise cardiaque. Avec lui, Chypre, déchirée par le conflit gréco-turc, qui reste sans solution, soumise à l'occupation et au partage de fait, perd l'homme qui avait incarné à la fois sa longue lutte pour l'indépendance, sa souveraineté de jeune nation non alignée et l'hellénisme de 80 % de sa population.

Héritage

La succession d'un personnage d'une telle envergure s'annonce difficile. En fait, elle se règle sans heurts, sinon sans intrigues. Mgr Makarios cumulait le pouvoir religieux, comme chef de l'Église grecque orthodoxe de Chypre, et le pouvoir politique, comme président de la République. Le premier revient à Mgr Chrysostomos, évêque de Paphos, qui est élu ethnarque, comme le veut la tradition, le 12 novembre. C'est Spyros Kyprianou, qui héritera du second. D'abord comme président de l'Assemblée nationale à titre provisoire, intérim prolongé jusqu'à la fin du mandat de Mgr Makarios, puis comme vainqueur de l'élection présidentielle du 26 janvier 1978. Élection qui a pris l'allure d'une simple formalité, son principal rival, Glafcos Cléridès, s'étant retiré, au mois de décembre 1977, au moment de l'enlèvement de son fils par l'Eoka B, enlèvement qui risquait de créer une crise nationale.