Pourtant, à quarante et un ans, le roi Hussein est aujourd'hui le monarque arabe le plus anciennement installé sur le trône. La Jordanie est en plein redressement économique et politique. La réconciliation avec l'OLP, une alliance étroite avec la Syrie et l'appui saoudien (qui s'est concrétisé par l'achat par Riyad de fusées Hawks destinées à la Jordanie) ont rompu l'isolement diplomatique du pays.

Le grand problème reste le futur règlement palestinien et le statut d'un éventuel État palestinien sur la rive ouest du Jourdain. Revenant sur leurs positions de 1974, la plupart des pays arabes voisins accepteraient désormais une formule proche du projet de confédération jordano-palestinienne, proposée en 1972 par le roi Hussein. Le roi continue pourtant d'affirmer que l'OLP est le seul et légitime représentant des Palestiniens, même s'il souhaite que des « liens étroits » s'établissent entre la Jordanie et le nouvel État — si ce dernier voit le jour. La question, redevenue d'actualité en décembre 1977 au moment du voyage à Jérusalem du président Sadate, ne se posera plus avec la même acuité lorsque les pourparlers de paix israélo-égyptiens commenceront à lentement s'enliser.

Paris

Le 5 septembre 1977, le roi de Jordanie passe vingt-quatre heures, à Paris, en visite officielle. Il appelle l'attention de la France sur le danger que représente l'implantation de nouvelles colonies juives dans les territoires arabes occupés, notamment en Cisjordanie. Le communiqué publié à l'issue de la visite condamnera, en effet, cette implantation de colonies juives comme contraire aux résolutions de l'ONU et rendant plus précaires les chances de la paix dans la région. Les relations bilatérales sont passées en revue ; elles restent fort limitées : le commerce avec la Jordanie ne représente que 0,02 % des échanges commerciaux français, et les firmes françaises ne sont présentes que sur 3,84 % du marché jordanien. C'est malgré tout une firme française qui se verra confier la réalisation du complexe d'engrais d'Akaba (270 millions de dollars), un des plus grands projets du royaume.

Koweït

Koweït. 1 030 000. 58. 6 %.
Économie. PIB (74) : 11 726. Énerg. (*75) : 8 718. C. E. (74) : *99 %.
Transport. (*75) : 203 700 + 68 500.  : 1 107 000 tjb. (75) : 455 M pass./km.
Information. (74) : 6 quotidiens ; tirage global : 80 000. (74) : *215 000. (74) : *182 000. (73) : 11 000 fauteuils ; fréquentation : 3,6 M. (75) : 128 000.
Santé. (72) : 1 050. Mté inf. (74) : 44.
Éducation. (74). Prim. : 101 876. Sec. et techn. : 97 689. Sup. : 5 800.
Institutions. Émirat indépendant. Pleine souveraineté reconnue par la Grande-Bretagne le 19 juin 1961. Souverain : cheikh Jaber el Ahmed el Jaber el Sabah ; succède au cheikh Sabah el Salem el Sabah décédé le 31 décembre 1977. Premier ministre : cheikh Saad Abdallah el Sabah.

Marasme pétrolier

La succession de l'émir du Koweït, le cheikh Sabah el Salem, mort le 31 décembre 1977, à l'âge de 65 ans à la suite d'une crise cardiaque, n'a pas posé de problèmes particuliers. De santé fragile, le cheikh faisait, au cours des dernières années, des séjours prolongés dans les cliniques de Londres, et le pouvoir était en fait exercé par son cousin, le prince héritier cheikh Jaber, qui lui succède à la tête de l'État.

La désignation, le 31 janvier, du cheikh Saad Abdallah, ministre de la Défense et de l'Intérieur, comme nouveau prince héritier a en revanche surpris dans la mesure où ce dernier a la réputation d'être un dur, alors que le nouvel émir est connu pour son libéralisme. Autre surprise, la dissociation des charges de prince héritier et de Premier ministre, prévue par les observateurs, n'a pas eu lieu, et c'est le cheikh Saad Abdallah qui est chargé le 16 février de former le nouveau gouvernement, qui, fondamentalement, ne diffère guère dans sa composition du précédent.

L'une des principales tâches du nouvel émir sera de surmonter les difficultés économiques que connaît le Koweït par suite du marasme du marché pétrolier. L'émirat a dû réduire sa production de près de 20 % en juillet et en août 1977 par rapport à la même période de 1976, et a procédé en outre à une diminution de 10 cents par baril de pétrole pour s'aligner sur l'Arabie Saoudite, qui consent une prime aux acheteurs du brut lourd. En mars 1978, le gouvernement estime à 1 million par jour le manque à gagner des exportations pétrolières du fait de la chute du dollar.