Pour cela, Nixon entend procéder à des concessions réciproques, mais aussi imposer des mesures de rétorsion à l'encontre des pays qui n'accorderaient pas les concessions demandées par les États-Unis ou qui feraient une concurrence jugée trop forte.

Le 3 mai, le président reviendra sur ces questions dans son Message sur l'état du monde, en invitant l'Europe à accepter un système économique « plus équitable pour les États-Unis ». Entre-temps, son principal conseiller, Henry Kissinger, avait, le 23 avril, lancé l'idée d'une nouvelle charte de l'Atlantique à laquelle le Japon serait associé et qui est fondée sur la reconnaissance de fait que les problèmes politiques, économiques et militaires de l'Amérique du Nord, de l'Europe occidentale et du Japon sont liés et doivent être traités globalement.

Dans ce projet énoncé par l'éminence grise du président, le désir de voir se créer une vaste zone de libre-échange transparaît a plusieurs reprises.

Viêt-nam

« La paix dans l'honneur » au Viêt-nam avait fait partie des promesses électorales de Richard Nixon en 1968. Et puis les années avaient passé, la bataille avait continué à faire rage, les espoirs soulevés par tel ou tel progrès des négociations avaient été chaque fois détrompés. Tout doucement, pourtant, on approchait du dénouement.

Lorsque le 20 janvier 1973, dans son discours inaugural, le président affirme que « la guerre la plus longue et la plus difficile qu'ait connue l'Amérique touche à sa fin », le monde entier sait qu'il ne s'agit plus d'une simple clause de style et que la conclusion prochaine d'un accord est désormais une certitude.

Trois jours plus tard, Nixon peut annoncer en effet que le cessez-le-feu va intervenir le 28 janvier et que, dans un délai de deux mois, toutes les forces de son pays seront retirées du Viêt-nam et tous les prisonniers américains libérés.

L'annonce de la cessation des hostilités va susciter au sein du peuple américain un profond sentiment de soulagement et porter à son apogée le prestige du chef de la Maison-Blanche.

Paradoxalement, la couverture intensive de cette sale guerre par la presse écrite, la radio, la télévision ont amené jour après jour la population à un état de saturation qui explique son indifférence. En outre, durant la dernière période du conflit, l'engagement militaire des États-Unis a été limité aux seules opérations de l'US Air Force et les pertes en GI's réduites à un nombre infime. Enfin, la majorité des Américains s'interrogent sur l'utilité réelle des sacrifices auxquels ils ont consenti. À quoi donc ont servi ces 45 000 morts, ces 300 000 blessés, ces 150 milliards de dollars engloutis ? La concorde nationale a été ébranlée, les dissensions politiques accusées, les querelles de générations aggravées. Mais l'intervention américaine au Viêt-nam, qui ne se termine ni sur une défaite ni sur une victoire, n'a pu régler la plupart des problèmes qui l'avaient autrefois justifiée.

À partir du 12 février 1973 cependant, l'Amérique va sortir de son apathie et se découvrir des héros : les quelques 600 hommes libérés par Hanoi et le GRP, et qui rentrent au pays via les Philippines. Cérémonies d'accueil enthousiastes, scènes de retrouvailles familiales diffusées en direct par toutes les chaînes de télévision, conférences de presse soigneusement mises au point par le Pentagone, déclarations édifiantes prononcées par des officiers endurcis par l'épreuve mais plus que jamais respectueux de Dieu, du drapeau et du président vont, pendant quelques semaines, faire vibrer une opinion toujours prête à retrouver ses élans patriotiques.

Le 25 juin, la Chambre des représentants vote, à la suite du Sénat, un texte qui coupe les crédits permettant les bombardements au Cambodge. Nixon oppose son veto, mais c'est un sérieux échec pour la Maison-Blanche au moment où John Dean accuse le président dans le scandale du Watergate.

Élections

La Convention démocrate s'ouvre le 10 juillet à Miami, en Floride. À la suite des réformes dont le parti a été l'objet, 80 % des délégués participent pour la première fois à une convention nationale. Les femmes représentent 38 % des délégués, les Noirs 15 %, les jeunes de moins de trente-cinq ans 33 %. Les dirigeants syndicaux et les membres de l'appareil du parti, en revanche, se plaignent d'être sous-représentés.

McGovern

Un différend portant sur la représentation de l'État de Californie se termine sur une victoire des partisans du sénateur du Dakota du Sud George McGovern, 50 ans, vainqueur au cours des mois précédents d'une dizaine d'élections primaires. Le 11, les sénateurs Hubert Humphrey et Edmund Muskie renoncent à être candidats à l'investiture. Le 12, McGovern obtient la nomination avec 1 715,35 voix devant le sénateur Henry Jackson (534), le gouverneur de l'Alabama George Wallace (385,70), la représentante noire Shirley Chisholm (151,95) et Terry Sanford (77,5).