Ce mépris pour le bien public se retrouve malheureusement aux divers échelons des autorités nicaraguayennes, qui ont fait preuve d'incompétence et d'inorganisation. Les équipes de secours accourues de nombreux pays ont en effet constaté que, bien souvent, les vivres arrivés de l'étranger n'étaient pas distribués aux survivants de la catastrophe, mais abusivement stockés ou détournés de leur destination première. Pagaille, corruption, marché noir, vols ont été de règle. Les pillards se sont abattus sur la ville, vidant les magasins et les bureaux des marchandises et du matériel qui s'y trouvaient. Pendant ce temps, des trafiquants vendaient, à des prix prohibitifs, l'eau et le ravitaillement disponibles aux survivants.

Sous le couvert de l'état de siège, des règlements de comptes semblent avoir eu lieu à Managua. Selon un homme politique vénézuélien, 150 détenus politiques auraient été mitraillés alors qu'ils essayaient de s'échapper lors de la catastrophe.

Panama

Panama. 1 480 000. 20. 3,3 %.
Économie. PNB (70) 718. Production (70) : G 167 + A *139 + I 176. Énerg. (*70) : 1 634. C.E. (70) : 11 %.
Transports. (*70) : 48 300 + 14 500.  : 6 262 000 tjb.
Information. (70) : 13 quotidiens ; tirage global : *157 000. (70) : *230 000. (69) : *125 000. (68) : *28 400 fauteuils ; fréquentation : 5 M. (70) : 85 000.
Santé. (69) : 793. Mté inf. (70) : 38.
Éducation. (69). Prim. : 238 593. Sec. et techn. : 73 371. Sup. : 7 252.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1946. Chef de l'État : Demetrio Basilio Lakas, élu président le 18 septembre 1972. Chef de l'exécutif : général Omar Torrijos, investi, le 11 octobre 1972, des pleins pouvoirs pour six ans.

ONU

Investi le 11 octobre 1972 des pleins pouvoirs, le général Omar Torrijos, commandant en chef de la garde nationale, essaie de rétablir la souveraineté de son pays sur la zone du canal de Panama.

Le président Demetrio Basilio Lakas, élu le 18 septembre 1972 par la Chambre des représentants, n'exerce que des fonctions protocolaires, la direction des affaires publiques ayant été confiée pour six ans – durée du mandat présidentiel – au général Torrijos.

En dépit des États-Unis, le général Torrijos parvient à persuader le Conseil de sécurité des Nations unies de siéger, à partir du 15 mars, au Panama. C'est pour ce pays une grande victoire diplomatique. Avant la séance d'ouverture, le gouvernement de Washington se déclare persuadé que la réunion du Conseil – la première à se tenir en Amérique latine – ne tournera pas en « festival anti-yankee », comme il le craignait jusqu'alors.

Dans un document justifiant leur position depuis 1964, les États-Unis expliquent que, grâce au canal, géré par eux, le revenu par tête d'habitant au Panama est le plus élevé d'Amérique centrale. Mais la publication d'une étude de la commission économique de l'ONU confirme que le canal rapporte proportionnellement beaucoup moins à l'État panaméen (qui en tire pourtant la majeure partie de ses ressources) qu'aux États-Unis et à tous les autres pays qui l'utilisent.

Selon cette étude, l'exploitation nord-américaine du canal contribue à maintenir le Panama dans un état de sous-développement.

Les déclarations conciliantes faites en février par le département d'État ne satisfont pas le général Torrijos, qui dénonce les accords de 1903, conteste la présence de bases américaines disproportionnées avec les besoins de la défense de la voie d'eau et exige le départ du Southern Command.

Veto

Dès l'ouverture de la session du Conseil de sécurité, l'homme fort du Panama donne le ton en déclarant : « Jamais nous n'avons été, nous ne sommes et nous ne serons un État associé, une colonie ou un protectorat, et nous n'ajouterons pas une étoile au drapeau des États-Unis. »

Après avoir fait allusion aux pressions économiques américaines sur le Chili et au blocus de Cuba, le général Torrijos lance un appel à la solidarité du tiers monde dans le conflit qui l'oppose à Washington. Dans leurs interventions, Paul Roa et le général Miguel Angel de la Flor Valle, respectivement ministres des Affaires étrangères de Cuba et du Pérou, soutiennent fermement la position panaméenne. Luis Orlandini, vice-ministre chilien des Affaires étrangères, se déclare solidaire de cette « juste cause ».