La loi décrétant « l'état de guerre interne », instaurée en avril 1972, permet à l'armée de mener une répression très dure : détention prolongée de suspects, tortures. Le 1er septembre, Raul Sendic, considéré comme le chef des Tupamaros, est arrêté après avoir été grièvement blessé. À l'automne, le mouvement est décimé, mais l'action des guérilleros va connaître un prolongement inattendu.

Mise au pas

Interrogés par les militaires, les Tupamaros, par leurs révélations, notamment sur les scandales financiers, ébranlent la confiance des forces armées dans le pouvoir politique et les incitent à s'engager dans une action d'épuration. Sans demander l'avis du gouvernement, ils décident d'enquêter sur les « activités économiques illégales ». Le président Bordaberry ne peut qu'entériner. En octobre, Jorge Battle, l'un des dirigeants les plus connus du parti Colorado au pouvoir, est arrêté sous l'accusation d'« atteinte à la force morale de l'armée ». Le mois suivant, une instruction judiciaire est ouverte contre Wilson Ferreyra Aldunate ; le leader de l'opposition Blanco est accusé d'avoir fait des déclarations offensantes sur les forces armées, lesquelles demandent son arrestation. La crise est évitée de justesse, mais l'affaire relance le conflit entre civils et militaires.

Au début de février, le sénateur Amilcar Vasconcellos accuse les militaires de « subversion ». Les militaires, jugeant le démenti du président Bordaberry trop modéré, diffusent sans autorisation une réponse publique. Le chef de l'État décide alors de renvoyer le ministre de la Défense, Armando Mallet, qui soutenait les militaires, et nomme à sa place Antonio Francese. La crise est ouverte.

Les chefs de l'armée de terre et de l'aviation adressent, le 8 février, un ultimatum au président, réclamant la démission du nouveau ministre. La marine soutient le chef de l'État. C'est l'épreuve de force. Le 9, après avoir lancé un appel au peuple resté sans écho, Bordaberry cède et accepte, trois jours plus tard, le programme politique et économique que lui soumettent les militaires rebelles, en même temps que la création d'un Conseil national de sécurité et de développement (CONASED) qui veillera à sa bonne exécution.

L'autorité du président se trouve considérablement réduite. Les militaires, qui se refusent à assumer directement le pouvoir, apparaissent comme les véritables tuteurs du gouvernement.

Face à ce coup d'État silencieux, les partis politiques sont quelque peu désorientés. Solidaire dans la crainte, le parti Blanco se rapproche de son rival Colorado ; le parti communiste, sans cacher sa méfiance, juge, au début, plutôt positive l'action des forces armées.

Le compromis signé entre le président Bordaberry et les militaires révèle toutefois la division de ceux-ci. L'armée de terre et l'aviation ont leurs progressistes tentés par l'expérience péruvienne ou proches des justicialistes argentins, mais aussi leurs anticommunistes farouches à la brésilienne, comme le général Esteban Cristi, chef de la région militaire de Montevideo.

Cette situation permet à Bordaberry, appuyé par l'armée de continuer à gouverner par décrets sans se soucier de la réaction du Parlement où il est minoritaire. Devant l'hostilité grandissante des partis, l'aile conservatrice de l'armée persuade le président Bordaberry de se débarrasser définitivement du système parlementaire et de la CNT.

Venezuela

Caracas. 10 400 000. 11. 3,6 %.
Économie. PNB (70) 979. Production : G (69) 135 + A (*70) 148 + I (70) 127. Énerg. (*70) : 2 498. C.E. (70) : 26 %.
Transports. (*70) : 36 M pass./km, 13 M t/km. (*69) : 522 000 + 230 000.  : 412 000 tjb. (*70) : 1 218 091 000 pass./km.
Information. (69) : 38 quotidiens ; tirage global : 709 000. (70) : *1 700 000. (70) : *720 000. (69) : 544 400 fauteuils ; fréquentation : 37,7 M. (70) : 406 000.
Santé. (70) : 9 471. Mté inf. (68) : 26.
Éducation. (69). Prim. : 1 681 947. Sec. et techn. : 448 214. Sup. : 70 185.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1961. Président et chef de l'exécutif : Rafael Caldera, élu le 9 décembre 1968 ; succède a Raùl Leoni.
Le 1er janvier 1973, le président Caldera lance un sévère avertissement aux sociétés pétrolières qui ont réduit leur production en 1972. Le gouvernement poursuit sa politique de récupération des richesses nationales : pétrole et produits dérivés des hydrocarbures. Les élections présidentielles, prévues pour décembre 1973, occupent la scène politique. Elles paraissent très ouvertes. Les principaux partis ont déjà choisi leur candidat. Une candidature inquiète particulièrement : celle de l'ancien dictateur, le général Marcos Perez. L'agitation universitaire reste à l'état endémique. À la fin mai 1973, de violentes manifestations étudiantes font deux morts.