Amérique

Canada

Ottawa. 21 600 000. 2. 1,7 %.
Économie. PNB (70) 3 676. Production (70) : G 142 + A *98 + I 150. Énerg. (*70) : 9 072. C.E. (70) : 21 %.
Transports. (*70) : 3 657 M pass./km, 160 750 M t/km. (*70) : 6 602 200 + 1 736 000.  : 2 366 000 tjb. (*70) : 15 317 238 000 pass./km.
Information. (68) : 118 quotidiens ; tirage global : *4 527 000. (70) : *15 890 000. (69) : *6 100 000. (67) : 655 700 fauteuils ; fréquentation (69) : 78,9 M. (70) : 9 751 000.
Santé. (69) : 29 659. Mté inf. (69) : 19.
Éducation. (69). Prim. : 3 841 040. Sec. et techn. : 1 752 073. Sup. : 562 648.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Daniel Roland Michener. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.

Gouvernement minoritaire

Les Canadiens déclenchent, le 30 octobre 1972, un véritable suspense politique, après soixante jours d'une campagne électorale morne et fastidieuse. Ils placent nez à nez, dans la lutte pour le pouvoir, les deux plus vieilles et plus importantes formations politiques du Canada, le Parti libéral du Premier ministre, Pierre Elliott Trudeau, et le Parti conservateur du chef de l'opposition, Robert Standfield. Les suffrages exprimés accordent seulement 108 sièges aux libéraux et 109 aux conservateurs ; il faut 133 sièges sur les 264 que compte la Chambre des communes (le Parlement canadien), pour qu'un parti prétende gouverner le pays sans être contesté.

Durant les quatre jours qui suivent le scrutin, personne ne peut dire qui, du Parti libéral, déjà bien installé au pouvoir, ou du Parti conservateur, favorisé pour l'instant par un plus grand nombre de sièges, formera le prochain gouvernement national. Il est certain, si on ne rappelle pas les électeurs aux urnes, que ce gouvernement sera minoritaire et qu'il devra s'assurer de l'appui des tiers partis pour survivre en Chambre. Sans doute est-ce à cela que songent les libéraux, au cours des deux premiers jours de novembre, avant d'adopter une position officielle, tandis que les conservateurs les pressent de démissionner pour leur succéder.

Le suspense prend fin le 3 novembre. Les Canadiens apprennent qu'ils auront, comme ils le pressentaient déjà, un gouvernement libéral minoritaire pour conduire les destinées du pays. Sans attendre les résultats définitifs des recomptages de bulletins de vote dans les circonscriptions où les majorités relatives sont faibles, le Premier ministre P. E. Trudeau annonce que son parti demeure au pouvoir, l'opposition conservatrice ne pouvant y accéder légalement ; il affirme que le Parlement sera convoqué à bref délai afin de soumettre son nouveau gouvernement aux motions de confiance de l'opposition.

Les libéraux savent qu'ils auront, durant les premiers mois de leur gouvernement du moins, le soutien des deux tiers partis : le Nouveau Parti démocratique (NPD), formation socialiste qui possède la balance du pouvoir avec une trentaine de députés, et le Crédit social, qui représente la droite québécoise dans une quinzaine de circonscriptions. Le chef du NPD, David Lewis, répète depuis le scrutin que son parti est prêt à appuyer un gouvernement libéral minoritaire si les législations que ce dernier présente lui conviennent. Réal Caouette, chef du Crédit social, laisse entendre que sa formation se rangera également du côté gouvernemental, puisque personne ne désire de nouvelles élections.

Les jeux sont faits le 7 novembre. Les derniers résultats ne modifient pas profondément la situation, mais ils cautionnent la volonté des libéraux de conserver le pouvoir.

French power

Les Canadiens viennent de juger les cinquante mois de pouvoir de l'équipe libérale du Premier ministre P. E. Trudeau qui, en 1968 (Journal de l'année 1967-68), avait soulevé tant d'enthousiasme et d'espoir, surtout chez la majorité anglophone, apeurée par la menace toujours croissante de l'indépendance de la province du Québec.

Dans huit des dix provinces canadiennes, toutes anglaises, le Parti libéral est maintenant minoritaire ; il perd des sièges presque partout, dont 29 en Ontario et 12 en Colombie britannique, au profit des conservateurs et des néo-démocrates. En pourcentage, dans l'ensemble du Canada anglais, il ne recueille que 35 % des voix.