Cependant, la situation tendra à se stabiliser en avril, et les prix des denrées alimentaires ne progresseront ce mois-là que de 0,1 %. Mais ce seront alors les prix industriels qui, à leur tour, battront, avec une augmentation de 1,3 %, des records vieux de vingt-deux ans.

Le 2 mai, Nixon annonce des mesures supplémentaires pour resserrer le contrôle des prix et tenter d'enrayer l'inflation, dont le taux a atteint 6 % durant le premier trimestre. Ces mesures, qui prévoient notamment le renforcement des effectifs des organismes de surveillance, marquent un retour partiel à la phase II. Le 13 juin, le président décide de nouveau le blocage des prix de détail (y compris les produits alimentaires) pendant deux mois.

Dévaluation

Le 19 septembre 1972, le secrétaire au Commerce, Peter Peterson, l'admet publiquement : la dévaluation du dollar pratiquée en décembre 1971 tarde à porter ses fruits et, en dépit des importantes ventes de céréales à l'Union soviétique, le déficit commercial des États-Unis va atteindre, à la fin de l'année 1972, une ampleur sans précédent.

Ce déficit sera de 6,44 milliards de dollars, soit trois fois plus qu'en 1971. Avec le Japon, il se monte – chiffre record – à 4 milliards de dollars. Avec l'Europe occidentale, il atteint 750 millions de dollars. Jamais, depuis trente ans, le solde des échanges avec le Vieux Continent n'avait été défavorable aux Américains. Le déficit de la balance des paiements dépasse quant à lui les treize milliards de dollars.

Cette situation explique toutes les initiatives prises dans ce domaine par les États-Unis à partir de l'automne. Le 25 septembre, dès l'ouverture à Washington de l'assemblée générale du FMI, Nixon et son secrétaire au Trésor, George Shultz, annoncent que leur pays est prêt à négocier une réforme du système monétaire international et, partant, les moyens d'harmoniser les échanges commerciaux.

Fin décembre, Washington raidit ses positions. Shultz déclare que les États-Unis rechercheront, dans les négociations qui se préparent, « des accords équitables, des accords jugés satisfaisants par l'opinion publique américaine, bien entendu ».

Un mois plus tard, au moment même où Nixon propose pour l'exercice 1973-1974 un projet de budget caractérisé par une forte augmentation des dépenses civiles et des coupes sombres dans de nombreux programmes sociaux, le dollar tombe, sur les marchés des changes, à son cours plancher par rapport au franc français, au mark, au franc belge et au florin néerlandais. Cet affaiblissement et la spéculation qui l'accompagne s'aggravent les jours suivants. Le 12 février 1973, les États-Unis décident alors de dévaluer une nouvelle fois leur monnaie de 10 %.

Toujours sensibles aux arguments protectionnistes, les Américains semblent disposés à faire leur le raisonnement de Shultz, pour qui cette dévaluation est « un bienfait ». Mais ils ne peuvent en même temps se résoudre à croire que la faiblesse du dollar est une preuve de la bonne santé de leur économie.

Nixon round

Le 22 février, Nixon évoque de nouveau les réformes qui sont à ses yeux nécessaires : « Les produits américains, dit-il, doivent obtenir une meilleure part dans un système commercial plus ouvert. Il est temps, ajoute-t-il, que les autres pays se joignent aux États-Unis et se mettent au travail sur les propositions que ceux-ci ont formulées. »

Début mars, une nouvelle crise internationale éclate, marquée par le reflux du dollar sur les marchés européens et une ascension vertigineuse de l'or (le même phénomène se reproduira en mai). Le 27 février, les Vingt, chargés de la réforme du système monétaire, font, à Washington, un pas en direction des thèses américaines. Quelques jours après, le 10 avril, le chef de l'exécutif passe résolument à l'offensive. Il soumet à l'approbation du Congrès un texte qui vise à lui donner les pouvoirs de négocier les nouvelles règles du commerce international à l'automne 1973 avec le Japon, l'Europe et les autres partenaires de l'Amérique. Objectif : arracher, lors de ce que l'on appelle déjà le Nixon Round, des abaissements de droits de douane.