Et d'annoncer la fusion prochaine de Jeumont-Schneider avec la société Merlin-Gerin de Grenoble (chiffre d'affaires : 594 millions de francs ; dix usines ; 10 000 salariés). Jeumont-Schneider possède déjà 12 % du capital de Merlin-Gerin et le groupe américain Westinghouse en détient 6 %. Le problème de la restructuration de l'industrie française de l'électromécanique reste donc à résoudre.

En marge de ce rapprochement, des négociations se poursuivent entre Westinghouse (candidat initial à l'achat de Jeumont-Schneider et auquel s'est opposé le gouvernement français) et Creusot-Loire (groupe Schneider), titulaire des licences de fabrication de centrales nucléaires du constructeur américain. La négociation porte sur l'éventuelle transformation de FRAMATONE (filiale nucléaire de Creusot-Loire et du groupe Schneider) en une filiale industrielle Schneider-Westinghouse, où la firme américaine aurait une participation minoritaire.

Enfin, la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) et le groupe allemand Siemens ont signé le 1er février 1972 un accord de coopération dans le domaine de l'informatique, qui doit permettre d'harmoniser leurs productions d'ordinateurs et de coordonner leurs activités commerciales. À ce rapprochement devaient se joindre le groupe Philips et peut-être des firmes japonaises.

La crise des composants

Les difficultés du groupe Thomson sont directement liées à la crise internationale des composants (30 % du chiffre d'affaires annuel du groupe proviennent de cette activité). Pourquoi cette crise ? Les producteurs américains, mal conseillés par des experts en marketing, ont accru inconsidérément leur capacité de fabrication. Faute de pouvoir les écouler sur leur marché national, ils ont déversé leurs stocks en Europe à des prix défiant toute concurrence. Au printemps de 1972, la crise, quoique s'atténuant, se poursuivait. En France, le chiffre d'affaires (1971) des composants passifs (1 580 millions de francs) n'a progressé que de 0,5 % et si le chiffre d'affaires des tubes électroniques (654 millions de francs) a augmenté de 4 %, celui des semi-conducteurs (556 millions de francs) est en recul de 17 %. Le marché intérieur étant resté stable, cette chute des semi-conducteurs est due à la baisse des exportations (− 30 %).

Tirant les leçons de cette crise qui a éclairé d'un jour singulier leur vulnérabilité, trois des plus importants producteurs de composants d'Europe, SESCOSEM (filiale française de Thomson), Telefunken (RFA) et Plessey (G B) ont pris contact au début de 1972 afin d'envisager un regroupement de leurs forces aussi bien dans le domaine industriel que dans le domaine commercial.

À la fin de décembre 1971, Thomson a reçu la promesse qu'il recevrait de l'État, d'ici la fin du VIe Plan (1971-1975), l'essentiel des 300 millions de francs de subventions qui, sous forme de contrats d'études, devraient lui permettre de consolider sa position dans la production d'équipements électroniques. Enfin, le même groupe Thomson et la firme américaine Radio Corporation of America (détentrice des brevets de la lampe cathodique shadow-mask [Journal de l'année 1969-70]) ont créé, en mai 1971, une société commune pour la production et la vente de tubes-images shadow-mask pour les réceptions d'émissions de télévision en couleurs. Thomson paraît ainsi avoir renoncé à fabriquer le tube-image à grille dont la France possède les principaux brevets (Journal de l'année 1967-68).

L'ensemble de la construction électrique et électronique a maintenu en 1971 un haut degré d'activité. Le chiffre d'affaires de la profession a atteint 29 milliards de francs, en progression de 10 % sur celui de 1970. L'augmentation de la production avoisine également 10 %, les prix étant restés en moyenne à peu près stables. Cette progression — elle avait été de 13 % en 1970 — est conforme à la tendance à long terme : elle dépasse celles de la production industrielle (+ 5,3 %) et de la production intérieure brute (+ 5,6 %). Ce taux d'expansion se compare favorablement à ceux des industries étrangères concurrentes : Pays-Bas + 8 %, Grande-Bretagne + 5 %, Belgique 0, Allemagne − 1 %, Italie − 5 %. Cependant, depuis le début de 1972, la production française tend à plafonner, en raison notamment de difficultés rencontrées sur les marchés extérieurs, exception faite pour les ventes de gros matériels d'équipement.

Effort de promotion

Le chiffre d'affaires des biens d'équipement s'est élevé à 17,8 milliards de francs (+ 12 % en valeur, + 11 % en volume) en 1971, grâce surtout au téléphone, à l'électronique professionnelle, aux ascenseurs et au gros matériel électrique. Le chiffre d'affaires des biens de consommation a été de 6,1 milliards de francs (+ 11 % en valeur, + 7 % en volume). L'augmentation du chiffre d'affaires du seul secteur de l'électroménager a été de 18 %, en raison plus particulièrement de l'accroissement des ventes de cuisinières électriques, conséquence de l'effort de promotion fait par Électricité de France.