Enjeu des luttes d'influence étrangères – Syrie et Iran notamment –, le Liban a fait un pas supplémentaire vers la partition politique. À la fin du mandat d'Aminé Gemayel (23 septembre) et en l'absence de tout accord sur la candidature d'un successeur au chef de l'État, deux gouvernements ont revendiqué la légitimité du pouvoir : l'un présidé par le général Michel Aoun et l'autre dirigé par le Premier ministre musulman Selim Hoss.

Marie-Odile Schaller

Asie méridionale

Le 23 juillet, après de violentes manifestations étudiantes durement réprimées, le général Ne Win, qui dirigeait la Birmanie depuis 1962, a démissionné, et la junte militaire a porté au pouvoir le général Saw Maung.

Au Pakistan, le général Zia ul-Haq, président de la République, est mort dans un accident d'avion le 17 août. Son adversaire de toujours, Mme Benazir Bhutto, dont le père avait été évincé du pouvoir par l'ancien dictateur et exécuté, a gagné les élections législatives du 16 novembre.

Avec l'élection de M. Roh Tae Woo à la présidence de la République le 16 décembre 1987, la Corée du Sud a vécu son premier changement sans violence à la tête de l'État. Depuis, malgré une prudente libéralisation du régime, certains militants politiques sont toujours emprisonnés.

La même coalition de six partis continue de diriger la Thaïlande et M. Lee Kuan Yew est resté Premier ministre à Singapour à l'issue d'un scrutin régulier. En revanche, la fraude électorale a permis au général Ershad de garder le pouvoir au Bangladesh, et un vote par acclamations de l'Assemblée a donné au président Suharto un cinquième mandat en Indonésie. Le début du retrait des troupes vietnamiennes du territoire khmer et, à Fère-en-Tardenois, les négociations entre le prince Sihanouk, le Premier ministre de Pnom-Penh, M. Hun Sen, et le nationaliste Son Sann n'ont pas abouti à une solution du problème cambodgien.

Des catastrophes naturelles ont accablé trois pays pauvres du sous-continent indien. En août, de violents tremblements de terre ont fait plus de mille morts dans l'est du Népal et dans l'État indien du Bihar. En septembre, au Bangladesh, après les inondations les plus graves depuis 1955, la famine et les épidémies menaçaient la population.

Laurent Leblond

Chine

La Chine aura terminé l'année 1988 par la plus grave crise économique depuis le début des réformes de Deng Xiaoping il y a dix ans, mais aussi par une très sérieuse crise de société, doublée d'une crise morale.

Il semble que les réformes économiques aient atteint un seuil, ou du moins un palier. Devant les dangers qui s'accumulaient a nouveau, en particulier l'inflation galopante et l'émergence d'un régionalisme économique de la part de provinces qui ne voulaient plus partager avec le pouvoir central leurs revenus et leurs prérogatives, le gouvernement a donc été contraint de faire marche arrière. L'important est désormais, pour Deng Xiaoping et pour ses lieutenants et rivaux, Zhao Ziyang, secrétaire général du parti communiste, et Li Peng, Premier ministre, de consolider l'économie et de ramener la confiance.

L'année avait commencé par une profonde réorganisation des structures dirigeantes. Deng Xiaoping et les principaux vétérans avaient pris leur retraite après le XIIIe congrès du PCC, même si le « numéro un » continuait de surveiller l'action de ses successeurs. La crise politique du début de 1987 semblait résorbée. Et pourtant, dès l'été, l'économie, mal contrôlée, s'est à nouveau emballée.

Dans un pays aussi vaste, dont la population découvre pour la première fois les délices de la consommation, tandis que le contrôle strict exercé pendant des décennies par le PCC se desserre, un flottement était inévitable. Mais il se combine avec un nouveau déficit du commerce extérieur, une démographie explosive et la stagnation de la production de riz et de blé.

Après avoir favorisé l'audace dans la réforme des prix, Deng Xiaoping a donc changé de registre et prêché la prudence : une prudence qui n'est plus guère de mise en politique étrangère où, pour la première fois depuis la brouille sino-soviétique du début des années 60, Pékin et Moscou parlent à nouveau de rencontre au sommet.