En matière de relations Est-Ouest, enfin, certaines innovations ont marqué 1988. La plus nette porte sur le désarmement chimique, objet d'une conférence internationale qui doit se tenir à Paris au mois de janvier 1989. Plus généralement, la France ne refuse plus de s'insérer dans le dialogue soviéto-américain sur le contrôle et la réduction des armements. Elle s'efforce de sortir du cadre d'une négociation « de bloc à bloc », mais elle prend une part active aux conversations de Vienne sur les armes dites « conventionnelles » en Europe. Elle n'exclut plus, à terme du moins, de réviser ses propres programmes en fonction des négociations en cours ou à venir et surtout de leurs résultats.

Alain Jacob

Défense

Recomposition du paysage politique oblige, les questions de défense, pourtant relativement consensuelles, n'ont pas manqué d'alimenter le débat budgétaire.

Ainsi, François Fillon s'en est pris aux solutions purement nationales retenues pour le char Leclerc et l'avion Rafale dans sa version destinée à la marine. Le député RPR a chiffré l'excédent de la solution Dassault à huit ou dix milliards de francs par rapport à la solution américaine. En raison d'une dérive du devis du char Leclerc de plus de 26 %, le nombre devra probablement être ramené de 1 000 à 825. Pour des raisons identiques, l'armée de terre ne pourra pas acquérir plus de 10 exemplaires de l'hélicoptère de combat franco-allemand sur les 215 initialement prévus. De son côté, la marine ne voit pas sans quelque inquiétude le sous-marin de nouvelle génération le Triomphant dépasser de dix milliards le devis prévisionnel de 70 milliards.

Mais c'est la presse britannique qui a, sans nul doute, levé le plus gros lièvre. L'International Herald Tribune et le Financial Times ont révélé que la France envisageait de retarder jusqu'à trois ans le déploiement du nouveau missile préstratégique Hadès. Il s'agirait, d'une part, de ne pas compromettre les chances des négociations sur la réduction des forces conventionnelles en Europe, et, d'autre part, de lever le paradoxe de la fabrication d'une bombe à neutrons dans un contexte de désarmement. Bien que l'Élysée a formellement démenti tout ralentissement du programme Hadès, il n'en demeure pas moins que certains experts socialistes ont envisagé sa suppression pure et simple. De fait, le premier tir, qui aurait dû avoir lieu en juin au centre d'essais des Landes, n'a toujours pas été effectué. Dans ce contexte, le débat qui marquera, en mai ou en juin 1989, la réactualisation de la loi de programmation militaire 1987-1991 risque d'être particulièrement animé.

Philippe Faverjon

Relations internationales

Grâce aux concours des États-Unis, des pays de l'Europe de l'Ouest et de l'Organisation des Nations unies, la politique de détente menée par M. Mikhaïl Gorbatchev a encore enregistré d'importants succès en 1988.

Neuf ans après le début d'un conflit qui a déjà fait un million de morts et cinq millions de réfugiés, l'accord sur le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan a été conclu à Genève le 14 avril. En présence du secrétaire général de l'ONU, les ministres des Affaires étrangères d'Afghanistan, du Pakistan, d'URSS et des États-Unis ont signé un texte prévoyant le départ des 115 000 soldats soviétiques d'ici le 15 février 1989. Devant la recrudescence des attaques des résistants afghans, le Kremlin a annoncé le 4 novembre une suspension de ce retrait.

Encore dû au rapprochement des positions américaine et soviétique, mais aussi à plusieurs défaites iraniennes, l'accord sur un cessez-le-feu entre l'Iraq et l'Iran a été annoncé le 8 août par M. Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU. Après l'arrivée de 350 observateurs des Nations unies, il est entré en vigueur le 20 août et a mis fin à une guerre de huit ans, qui a provoqué la mort d'un million de personnes. Depuis, les pourparlers entamés à Genève en vue d'un règlement du conflit n'ont pas progressé.

Toujours en présence du secrétaire général des Nations unies, M. Georges Vassiliou, nouveau président de la République de Chypre, et M. Rauf Denktash, chef de la communauté turque de l'île, ont renoué le 24 août, à Genève, le dialogue intercommunautaire interrompu depuis janvier 1985.