En Suède, si le parti social-démocrate du Premier ministre Igvar Carlsson a une fois de plus gagné les élections législatives le 18 septembre, il a réalisé son plus mauvais score depuis 1979 et ne dispose donc toujours pas de la majorité absolue au Parlement, où il détient 157 sièges sur 349. Pour gouverner, il doit encore compter sur le soutien des députés communistes, dont le nombre est un peu plus élevé (21 au lieu de 19 auparavant). L'arrivée de 20 représentants des écologistes au Parlement a constitué un fait historique ; depuis 1917, c'est la première fois qu'une nouvelle formation parvient à franchir les portes de l'Assemblée. Mais les Verts ne sont pas en nombre suffisant pour jouer un rôle charnière entre la gauche (178 sièges) et le centre droit (151 sièges).

La coopération franco-allemande a encore progressé. Le 22 janvier, à l'occasion du 25e anniversaire du traité signé entre les deux pays, un conseil de défense et de sécurité et un conseil économique et financier ont été créés. Commandée tour à tour par un général français et par un général allemand, une brigade composée à égalité de soldats de la Bundeswehr, ne dépendant pas du commandement intégré de l'OTAN, et de soldats français a été constituée et basée près de Stuttgart. De plus, lors de leur rencontre des 3 et 4 novembre 1988, Helmut Kohl et François Mitterrand ont décidé la création d'une chaîne culturelle franco-allemande le 1er janvier 1989. Cette chaîne de télévision, qui remplacera la Sept, sera une nouvelle société de droit français, installée à Strasbourg et financée à part égale par les deux chaînes publiques allemandes, ZDF et ARD, et par le budget de la Sept. Elle utilisera le canal attribué à cette dernière sur le satellite français TDF 1 et la norme européenne D 2 MAC Paquet, qui permet la diffusion simultanée d'un programme en plusieurs langues.

Mais Paris et Bonn n'ont pu se mettre d'accord pour construire ensemble le futur avion de combat européen (ACE). Le 16 mai, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne fédérale, rejoints par l'Espagne le 4 novembre, ont décidé de le fabriquer sans la France. Du même coup, Madrid a abandonné sa participation au projet Rafale, que la France risque de devoir financer toute seule.

Laurent Leblond

Europe orientale

En 1988, la situation de presque tous les pays de l'Est a gravement empiré. En dehors de la Hongrie et, dans une bien moindre mesure, de la Tchécoslovaquie, l'immobilisme politique a une fois de plus triomphé. Partout, sauf encore dans l'ancien royaume de saint Étienne, on a constaté une stagnation ou une crise dramatique de l'économie. Contrairement aux souhaits de Mikhaïl Gorbatchev, certains des dirigeants les plus bornés et les plus âgés du bloc de l'Est, hostiles à la perestroïka, se sont accrochés au pouvoir.

Erich Honecker, 75 ans, chef du parti socialiste unifié de RDA, et Todor Jivkov, 77 ans, secrétaire général du PC bulgare, ont poursuivi leur politique conservatrice. Le premier a décapité l'opposition démocratique à Berlin-Est. En juillet, Todor Jivkov a limogé son successeur probable, le réformiste Chudomir Alexandrov, qui avait les faveurs du Kremlin, ainsi que les principaux partisans d'une rénovation du système.

Les exactions de Nicolae Ceausescu ont alarmé la communauté internationale. Le chef de l'État et du parti communiste roumain a commencé à appliquer son programme de destruction des vieux villages du pays, et particulièrement de ceux où vivent les 230 000 Allemands et les 1 700 000 Hongrois de Transylvanie. En les rayant de la carte, il vise à éliminer les minorités nationales, qui gênent sa politique de nivellement. Déjà, plusieurs petits villages proches de Bucarest ont été anéantis et, dans la capitale même, les quartiers anciens du centre ont été rasés pour édifier un palais à la gloire du « Conducator ».

En Pologne et en Yougoslavie, en raison d'une crise économique sans précédent aggravée par une politique de vérité des prix, de nombreuses grèves, et, dans le second pays, une agitation ethnique déclenchée par les Serbes, ont duré plusieurs mois. Dans les deux cas, l'impasse politique a demeuré. À Varsovie, en raison du refus du générai Jaruzelski de reconnaître Solidarité ; à Belgrade, parce qu'à l'issue de la réunion du Comité central de la Ligue des communistes yougoslaves (20 octobre) les dirigistes, partisans d'un pouvoir central fort, et les libéraux, favorables à une décentralisation et aux réformes économiques, ont été renvoyés dos à dos.