Cette popularité étonnante, il a su habilement la bâtir pendant des années, en se situant volontiers au-dessus de la mêlée et des disputes parlementaires, en se présentant comme le champion du bon sens et du consensus. De plus, les Finlandais se reconnaissent en cet homme de cinquante-neuf ans, social-démocrate très modéré, discret et peu loquace comme eux, qui a gravi petit à petit les échelons.

Charpentier, puis docker, Koïvisto suit des études supérieures en dehors de son travail et passe son agrégation de sociologie en 1956. Dix ans plus tard, il devient ministre des Finances dans le gouvernement social-démocrate de Rafael Paasio, puis Premier ministre à deux reprises — de 1968 à 1970, et de 1979 au 11 septembre 1981 (Journal de l'année 1980-81), date à partir de laquelle il assurera l'intérim de la présidence, en raison de la maladie de Urho Kekkonen.

Changement

La Finlande va-t-elle changer, avec un président de la République social-démocrate, le premier de son histoire ? Pendant vingt-cinq ans, Kekkonen a gouverné le pays à la baguette, en n'hésitant pas, par exemple, à réprimander, voire à renvoyer sèchement des ministres qui ne lui semblaient pas suffisamment obéissants.

Les Finlandais le respectaient, car c'est, sans aucun doute, grâce à son habileté politique que l'indépendance a pu être préservée et qu'un climat de confiance s'est établi avec l'URSS. En revanche, son exercice solitaire du pouvoir était beaucoup moins prisé. « Urho, le père de la nation » a souvent été un père fouettard.

Koïvisto entend faire une nette distinction entre la politique intérieure, qui est du ressort du gouvernement et de l'Assemblée nationale, et la politique étrangère, domaine réservé de l'exécutif aux termes de la Constitution. Il veut en quelque sorte démocratiser la Finlande, en évitant d'intervenir directement dans les affaires, comme le faisait si souvent son prédécesseur.

Coalition

Pour ce qui est des relations avec le grand voisin de l'Est, il est évident qu'elles ne changeront pas, bien que Moscou ait toujours fait preuve de scepticisme à l'égard de la social-démocratie.

Les deux grands axes de la politique étrangère finlandaise demeureront le maintien de relations aussi bonnes que possible avec l'URSS et des rapports culturels et commerciaux plus étroits peut-être avec l'Ouest et surtout avec les pays scandinaves.

Mais, comme toujours en Finlande, les changements seront lents ; ils se manifesteront avant tout dans un nouveau style de gouvernement.

Les tensions Est-Ouest et la négociation sur le désarmement ont été au centre des discussions que le président François Mitterrand, en route pour le Japon, a eues avec Mauno Koïvisto, lors d'une escale technique fin mars 1982 à Helsinki.

Le nouveau gouvernement finlandais, mis en place le 19 février, est dirigé par le social-démocrate Kalevi Sorsa. Comme d'habitude, c'est une coalition. Quatre partis y participent : social-démocrate, communiste, centriste et libéral. Les coalitions permettent d'assurer la stabilité parlementaire nécessaire, puisque tous les projets de loi importants doivent être approuvés à la majorité des deux tiers.

France

Paris. 53 710 000. 98. 0,4 %.
Économie. PIB (80) : 12 140. Productions (77) : A 5 + I 37 + S 58. Énerg. (80) : 4 351. CE (78) : 18 %. P (78) : 200. Ch. (80) : 8 %.
Population active (80) : 21 142 000, dont A : 8,8 % ; I : 35,9 % ; D : 55,3 %. Prix à la consommation (évolution 80) : + 13,6 %.
Balance commerciale (80) exp. : 111,3 MM$, imp. : 134,9 MM$. Productions (80) : blé 23,5 Mt, vin 70 Mhl, électricité 246,6 TWh (dont 58 d'origine nucléaire), pétrole brut importé 109,4 Mt, acier 23,2 Mt, construction automobile 3,5 M de voitures de tourisme et 515 000 véhicules utilitaires.
À la fin de 1981, le nombre de chômeurs a franchi le cap des 2 millions, l'inflation est demeurée sensiblement aussi forte que les années précédentes. Le déficit de la balance commerciale s'est encore accru. La crise demeure dans le textile et, avec une moindre acuité, dans l'automobile, où s'accentue la concurrence étrangère. L'accroissement volontaire prévu du déficit budgétaire risque d'accélérer l'inflation, la relance de la consommation, au moins dans un premier temps, a toutes chances de profiter davantage aux importations qu'à la production nationale. La lutte contre le chômage, la priorité actuelle, est entreprise dans un contexte national difficile, qui n'est cependant pas nouveau.
Transports. (78) : 53 504 M pass./km, 68 697 Mt/km. (*78) : 17 400 000 + 2 518 000. (*80) : 11 925 000 tjb. (78) : 23 636 pass./km.
Information. (77) : 96 quotidiens ; tirage global : 10 863 000. (76) : 17 442 000. Téléviseurs (76) : 14 500 000. (76) : 1 684 700 fauteuils ; fréquentation : 177,1 M. (78) : 19 870 000.
Santé. (76) : 86 306. Mté inf. (79) : 9,8.
Éducation. (76). Prim. : 4 565 994. Sec. et techn. : 4 945 725. Sup. (75) : 1 038 576.
Armée.  : *504 630.
Institutions. République. Constitution du 4 octobre 1958, révisée le 6 novembre 1962 (art. 6, élection du président au suffrage universel), le 21 octobre 1974 (saisine, art. 61) et le 14 juin 1976 (art. 7, décès d'un candidat lors d'une élection présidentielle). Président de la République : François Mitterrand, élu le 10 mai 1981 ; succède à Valéry Giscard d'Estaing. Premier ministre : Pierre Mauroy (nouveau gouvernement, 23 juin 1981).

Grande-Bretagne

Londres. 55 950 000. 229. 0.
Économie. PIB (80) : 9 340. Productions (78) : A 2 + I 36 + S 62. Énerg. (80) : 4 942. CE (78) : 23 %. P (78) : 270. Ch. (80) : 7,8 %.
Population active (80) : 24 397 000, dont A : 2,6 % ; I : 38 % ; D : 59,4 %. Prix à la consommation (évolution 80) : + 12,5 %.
Balance commerciale (80) exp. : 115,2 MM$, imp. : 120,2 MM$. Productions (80) : houille 128,6 Mt, gaz naturel 40,8 Gm3, pétrole brut extrait 80 Mt, électricité 284,9 TWh (dont 37,5 d'origine nucléaire), acier 11,4 Mt, construction automobile 925 000 voitures de tourisme et 390 000 véhicules utilitaires.
Le nombre de chômeurs dépassait déjà 2,3 millions au début de 1981, il s'est encore accru au cours de l'année. L'inflation demeure élevée (bien que sérieusement ralentie). La crise a continué dans l'industrie : sidérurgie, construction automobile, textile, chantiers navals... Pourtant, la Grande-Bretagne dispose d'atouts, notamment avec ses gisements d'hydrocarbures de la mer du Nord. Les exportations de pétrole britannique ont presque égalé les importations de brut. Le solde de la balance commerciale a encore été négatif, mais le déficit, s'est réduit, grâce notamment aux ventes de pétrole, qui ont permis, à la fin de 1980, à la Grande-Bretagne de redevenir le 4e exportateur mondial (derrière les États-Unis, la RFA et le Japon, mais précédant à nouveau la France).
Transports. (78) : 30 740 M pass./km, 19 982 Mt/km. (*78) : 14 650 000 + 1 841 000. (*80) : 27 135 000 tjb. (78) : 42 681 pass./km.
Information. (77) : Tirage global : 22 900 000. (76) : 39 500 000. (76) : 17 729 000. (77) : 763 800 fauteuils ; fréquentation : 103,5 M. (78) : 23 182 000.
Santé. (77) : 85 552. Mté inf. (78) : 13,3.
Éducation. (74). Prim. : 5 811 517. Sec. et techn. : 4 990 440. Sup. : 703 645.
Armée.  : 343 646.
Institutions. Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, monarchie constitutionnelle. Constitution : charte de 1215, complétée par plusieurs lois fondamentales. Souverain : Élisabeth II ; succède à son père George VI, décédé. Premier ministre : Margaret Thatcher (4 mai 1979).

La victoire des Malouines n'a pas jugulé le mal anglais

Les îles Falkland : qui y pense à Londres, en ce 1er avril 1982 ? Les Britanniques n'ont d'yeux que pour l'heureuse lady Di qui donnera un héritier au prince de Galles le 21 juin ; et pour le malheureux sir Freddy Lakker qui vient de perdre la bataille du ciel à bon marché, en capotant dans un désastre financier.