Cette cherté s'explique par la conjonction de deux phénomènes : d'une part la politique des prix, qui fait payer par les entreprises les matières premières et l'énergie à leur vrai coût et qui les contraint à établir leurs prix de vente en fonction des coûts réels de production ; d'autre part, la crise énergétique mondiale, qui touche particulièrement ce pays peu pourvu en matières premières.

Indifférence

On comprend donc pourquoi l'austérité est à l'ordre du jour du VIe Plan (1981-1985). Son objectif principal est la restauration de l'équilibre externe et interne par un freinage des importations, de l'investissement et de la consommation : ainsi le taux de croissance annuel du revenu par habitant est limité à 1 %.

Cette politique de sagesse est assez bien reçue par une population à même de constater les succès de Janos Kadar. C'est pourquoi les Hongrois ont manifesté de l'indifférence, sinon un certain soulagement, lors de l'instauration de l'état de siège en Pologne, le 13 décembre 1981. La réussite de l'expérience hongroise nécessite un climat international serein, qui ne pouvait qu'être perturbé par ces Polonais qui « voulaient tout, tout de suite et sans travailler ».

Une frange de la population reste néanmoins imperméable à cette argumentation. Face aux contestataires, et en dépit d'un certain libéralisme (les Hongrois sont désormais autorisés, par exemple, à se rendre une fois par an en Occident au lieu d'une fois tous les deux ans), le parti entend toujours exiger de la part des citoyens un respect absolu de l'orthodoxie en vigueur. C'est ainsi qu'en septembre, Partelet, mensuel du parti, rappelle qu'« aucune place ne sera accordée à des points de vue hostiles au régime ». Un avertissement non déguisé.

Irlande

Dublin. 3 400 000. 49. 1,5 %.
Économie. PIB (78) : 3 756. Productions (74) : A 14 + I 30 + S 56. Énerg. (80) : 2 955. CE (78) : 47 %. P (78) : 269. Ch. (78) : 10,7 %.
Transports. (78) : 965 M pass./km, 630 Mt/km. (*78) : 642 900 + 64 700. (*80) : 209 000 tjb. (78) : 1 799 pass./km.
Information. (77) : 7 quotidiens. Tirage global : 702 000. (76) : 949 000. (76) : 655 000. (78) : 554 000.
Santé. (76) : 3 805. Mté inf. (78) : 14,9.
Éducation. Prim. (76) : 406 432. Sec. et techn. (77) : *290 000. Sup. : 34 615.
Armée.  : *15 000.
Institutions. État indépendant depuis 1921. Constitution de 1937 amendée le 7 décembre 1972. République proclamée le 18 avril 1949. Président de la République : Patrick Hillery ; succède le 9 novembre 1976 à Cearbhall O Dalaigh, démissionnaire. Premier ministre : Charles Haughey (9 mars 1982).

La crise économique s'aggrave

Élu le 30 juin 1981 au poste de Premier ministre de la république d'Irlande, Garret FitzGerald n'aura réussi à se maintenir au pouvoir qu'un peu moins de sept mois.

En plein drame des grèves de la faim, il proclame que la situation dans le Nord sera la « première priorité du gouvernement », mais l'impossibilité de fléchir son homologue britannique le décourage d'intervenir autrement qu'indirectement dans la crise de l'Ulster, dont les répercussions au Sud ne laissent pas de l'inquiéter.

Émeute

C'est ainsi que, le 18 juillet 1981, une manifestation de soutien aux grévistes de la faim tourne à l'émeute, faisant 231 blessés, dont 120 policiers, et près d'un million de livres irlandaises de dégâts. Ces affrontements sont les plus violents que la capitale irlandaise ait connus depuis l'incendie de l'ambassade britannique en 1972.

Soucieux de créer un climat favorable à la réconciliation entre les deux Irlandes, G. FitzGerald prend la tête d'une croisade destinée à établir dans le Sud une société véritablement pluraliste. Il se déclare notamment favorable à une modification des articles 2 et 3 de la Constitution de 1937, qui étendent la compétence de jure du gouvernement et du parlement irlandais « à toute l'île d'Irlande ».

Bien accueillie dans le Nord, cette proposition est vivement critiquée par le parti d'opposition Fianna Fail. Son leader, Charles Haughey, accuse le Premier ministre de « saboter la politique d'unité nationale ». Cette polémique est envenimée par le fait que le Fianna Fail accuse la coalition gouvernementale de vouloir sacrifier la neutralité irlandaise sur l'autel de l'unité européenne.