La participation au gouvernement des chrétiens-démocrates du CDA (48 députés), des socialistes du PVDA (44 députés), et des néo-libéraux de Démocratie 66 (qui ont plus que doublé leur représentation au Parlement) paraît s'imposer, depuis les élections législatives du 26 mai 1981 (Journal de l'année 1980-81).

Inconciliables

Or, les positions du CDA et du PVDA semblent inconciliables, sur deux questions fondamentales au moins : d'une part, le projet d'installation sur le territoire national de 48 nouveaux missiles de l'OTAN, rejeté par socialistes et néo-libéraux, mais approuvé par la majorité des chrétiens-démocrates ; d'autre part, la politique économique, qui doit être caractérisée, selon le CDA, par la rigueur budgétaire, alors que le PVDA opte pour des dépenses publiques élevées et la préservation des conquêtes sociales des travailleurs.

Dans ces conditions, la formation d'un gouvernement durable relève de la gageure. Il faut plus de trois mois pour que le chrétien-démocrate Andreas Van Agt, Premier ministre démissionnaire à l'issue des élections, réussisse à former, le 11 septembre 1981, un gouvernement tripartite CDA-PVDA-Démocratie 66.

Encore la nouvelle coalition doit-elle démissionner à deux reprises, le 16 octobre 1981 et le 12 mai 1982, les compromis sur les dépenses budgétaires s'avérant trop fragiles, même si Andreas Van Agt a réussi à ajourner le 16 novembre 1981 la décision litigieuse concernant les missiles de l'OTAN. Les élections législatives anticipées sont fixées au 8 septembre 1982.

Il apparaît vite que les Pays-Bas, touchés par la crise, ne peuvent plus préserver leur paradis social et leur État-providence. Pour enrayer le chômage, qui a augmenté de 50 % en un an, frappant 11 % de la population active, le gouvernement doit envisager en décembre 1981 une baisse de 1 à 4 % des revenus des travailleurs, et en avril 1982 une réduction de l'indemnité maladie.

Hollandite

On a dénombré 7 268 faillites en 1981, soit 42 % de plus qu'en 1980. Ford annonce en octobre 1981 la fermeture de son usine d'Amsterdam. Le constructeur aéronautique Fokker doit renoncer, en février 1982, à construire un avion moyen-courrier, en coopération avec l'Américain McDonnell-Douglas. Le démentèlement du conglomérat OGEM, qui regroupe près de 200 sociétés commerciales, menace de mettre à la rue 3 500 employés.

Mais, plus encore que les problèmes socio-économiques, c'est la cause pacifiste et antinucléaire qui mobilise, dans les rues des villes : manifestations à proximité de la centrale nucléaire d'Arnhem, les 16 et 26 décembre 1981, et surtout à Amsterdam, le 21 novembre, où 350 000 contestataires dénoncent les plans militaires de l'OTAN ; blocage à plusieurs reprises, en janvier 1982, par des militants antimilitaristes, de trains transportant des munitions destinées à l'armée américaine, en Allemagne.

Aux États-Unis, où la reine Béatrix se rend fin avril 1982, on n'hésite plus à qualifier de hollandite aiguë le nouveau syndrome pacifiste qui secoue le Vieux Continent.

Pologne

Varsovie. 35 580 000. 113. 0,9 %.
Économie. Productions (78) : A 16 + I 64 + S 20. Énerg. (80) : 5 586. P (78) : 134.
Transports. (78) : 46 716 M pass./km, 138 101 Mt/km. (*78) : 1 835 400 + 605 600. (*80) : 3 639 000 tjb. (78) : 1 792 pass./km.
Information. (77) : 44 quotidiens. Tirage global : 8 331 000. (76) : 8 288 000. (76) : 6 820 000. (77) : 542 100 fauteuils ; fréquentation : 131,6 M. (78) : 3 095 000.
Santé. (77) : 57 321. Mté inf. (79) : 21,3.
Éducation. (76). Prim. : 4 198 667. Sec. et techn. : 1 428 465. Sup. (75) : 575 499.
Armée.  : 319 500.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Nouvelle Constitution adoptée le 10 février 1976. Chef de l'État : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil et Premier secrétaire du parti : général Wojciech Jaruzelski, succède le 9 février 1981 à Josef Pinkowski à la tête du gouvernement, et le 18 octobre 1981 à Stanislaw Kania à la tête du parti.

Sous la botte des militaires, les Polonais n'ont pas renoncé

L'extraordinaire défi lancé par le peuple polonais au régime et à ceux qui le soutiennent aboutit le 13 décembre 1981 à un échec cinglant. Cinq cents jours durant, le monde a pu croire à un communisme à visage humain, où votes secrets, droit de grève, d'association, syndicat libre et autogestion ont droit de cité. Mais l'insigne faiblesse du parti dirigeant, confronté à un syndicat où les plus radicaux ne cachent plus leur désir d'abattre purement et simplement le système en place, provoque le putsch, inspiré, sinon commandé par Moscou. Depuis, la Pologne est muselée, mais les ferments laissés par cette aventure continuent d'agir.

Arrestations

Tout bascule dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 décembre 1981. Alors que la direction nationale du syndicat Solidarité discute à Gdansk depuis la veille de la riposte aux menaces d'un état d'exception que pourrait promulguer la Diète (Parlement), le numéro un polonais décrète l'état de guerre.