Les suffrages ont en effet permis au jeune mouvement Démocratie 66, qui a plus que doublé ses effectifs à la Chambre (17 députés au lieu de 8), de postuler des ministères aux lieu et place des libéraux de droite, partenaires des démocrates-chrétiens dans le dernier gouvernement. Démocratie 66 servirait alors de tampon entre les deux grands partis rivaux démocrate-chrétien et socialiste, en perte de vitesse.

Si les électeurs ont quelque peu boudé les formations traditionnelles, c'est sans doute pour protester contre la dégradation progressive de la situation socio-économique (Journal de l'année 1979-80). Le chômage bat tous les records de l'après-guerre : on compte 254 000 personnes sans emploi en août 1980, et 335 900 en mai 1981. La consommation des ménages a baissé de 1,5 % en volume, en 1980

Coûteux

Les autorités instaurent le 12 novembre 1980 un contrôle partiel sur les salaires et envisagent de remettre en cause le système de protection sociale, qui compte parmi les meilleurs du monde, mais qui est devenu trop coûteux. La firme automobile Volvo n'échappe à la faillite qu'en passant le 18 mai 1981 sous le contrôle du gouvernement.

D'autres problèmes suscitent tout au long de l'année une opposition croissante de l'opinion publique, et des débats au sein même de la coalition gouvernementale. La Chambre des députés condamne le 3 février 1981 la livraison de deux sous-marins à Taiwan, décidée par le gouvernement deux semaines plus tôt.

Certains leaders de la démocratie chrétienne et les différentes composantes du clergé (catholiques, luthériens et calvinistes) se prononcent, à l'instar de la gauche, contre la décision prise par l'OTAN d'installer, avant 1983, sur le sol néerlandais 48 missiles Pershing-2. Une formidable campagne est orchestrée dans le but de dénucléariser totalement le territoire national ce qui implique la fermeture des deux centrales nucléaires qui sont actuellement en service.

Pologne

Varsovie. 35 230 000. 113. 1 %.
Économie. Productions (77) : A 16 + I 64 + S 20. Énerg. (76) : 5 253.
Transports. (*77) : 44 312 M pass./km, 135 406 Mt/km. (*77) : 1 547 300 + 569 000.  : 3 491 000 tjb. (77) : 1 372 M pass./km.
Information. (75) : 44 quotidiens ; tirage global : 8 429 000. (76) : 8 288 000. (76) : 6 820 000. (75) : 553 100 fauteuils ; fréquentation : 140,8 M. (77) : 2 925 000.
Santé. (76) : 55 772. Mté inf. (77) : 24,1.
Éducation. (76). Prim. : 4 198 667. Sec. et techn. : 1 428 465. Sup. (75) : 575 499.
Armée.  : 317 500.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Nouvelle Constitution adoptée le 10 février 1976. Chef de l'État : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil : général Wojciech Jaruzelski, nommé le 9 février 1981 ; succède à Josef Pinkowski, lui-même successeur, le 24 août 1980, de Edward Babiuch. Premier secrétaire du parti : Stanislaw Kania ; succède à Edward Gierek, démissionnaire, le 5 septembre 1980.

Un pays en pleine mutation

Aux premiers jours de juillet 1980, la nécessité de réduire les importations pour freiner la dette extérieure, donc de décourager la demande intérieure, conduit le gouvernement polonais à relever les prix alimentaires. Mesure déjà décidée en 1970 et 1976, mais que de violentes émeutes avaient fait annuler (Journal de l'année 1976-77). En juillet 1980, une augmentation sans préavis de 60 % environ sur la viande livrée directement sur les lieux de travail déclenche des grèves tournantes à Ursus et Tczew, près de Gdansk.

Le pouvoir, qui n'ignore pas la tension sociale qui règne depuis 1976, avance prudemment. Les hausses sont appliquées successivement, région par région. Les directions d'entreprise acceptent des augmentations de salaire, à condition qu'elles n'excèdent pas 10 %. Les nouvelles cadences prévues pour une meilleure productivité sont allégées. Le chef du Parti ouvrier unifié polonais (POUP), Edward Gierek, plaide la cause de l'assainissement économique et de l'austérité. Il propose cependant des allocations aux plus défavorisés.

Acculé

Peine perdue. Après une accalmie, l'agitation reprend à Varsovie, près de Lodz, à Lublin. Le 18 juillet, ce grand centre industriel est presque paralysé par une grève des transports. Pour la première fois depuis longtemps, le bureau politique du POUP parle de l'inquiétude des « amis de la Pologne ». Cela n'empêche pas de nouvelles grèves d'éclater le 23 juillet, notamment à Wroclaw, où les ouvriers réclament une augmentation de 20 % et une amélioration de l'approvisionnement.