Pour faire bonne mesure et alourdir un peu plus le climat, certains dirigeants ressuscitent l'antisémitisme à travers un groupuscule, l'Union patriotique Grunwald. Et comme les sanctions réclamées contre les responsables des violences de Bydgoszcz ne sont toujours pas prises, la tension renaît, créant, selon Moscou, « une situation quasi insurrectionnelle ».

Mais soudain, dans cette imprévisible crise polonaise, apparaît un tournant décisif. Au lieu d'emboîter le pas à la tendance dure représentée par Grabski et Olzowski, le comité central se solidarise avec la base du parti, qui plaide de plus en plus en faveur du dialogue. Malgré la prolongation des manœuvres du pacte de Varsovie, une loi garantissant les libertés syndicales est promulguée.

Contre-pouvoir

Mais, pour la première fois après ce compromis, Lech Walesa se voit contesté par sa base avec véhémence et accusé de modération excessive. C'est le moment choisi par le général Jaruzelski pour demander à la Diète de suspendre pendant deux mois le droit de grève.

Cette intervention crée un malaise que S. Kania n'arrive pas à dissiper malgré son discours au 10e plénum du comité central, réclamant la démocratisation interne du parti. Le renouveau socialiste est marqué le 11 mai par l'enregistrement définitif de Solidarité rurale (2 500 000 membres), après six mois d'une lutte fermement soutenue par l'Église catholique. Succès, donc, pour celle-ci, avant le deuil qui la frappe avec la mort, le 28 mai, du cardinal Stefan Wyszynski, primat de Pologne.

Moscou, il est vrai, a repris ses attaques contre Solidarité, accusée de vouloir « restaurer l'ordre bourgeois ». Les pays frères — moins la Hongrie, plus réservée — marquent leur hostilité à ce contre-pouvoir. On observe pour la première fois, dans les villes polonaises, des manifestations d'hostilité à l'égard de l'Union soviétique. Plusieurs monuments dédiés aux militaires soviétiques morts pendant la dernière guerre sont profanés.

L'événement le plus grave est la déclaration du forum de Katowice. Cette appellation recouvre la réunion de membres du parti qui dénoncent brutalement le manque de fermeté du POUP envers la contre-révolution.

Conscient du danger représenté par cette faction, capable un jour d'appeler à l'aide Moscou, qui a déjà publié intégralement la déclaration du forum, le bureau politique condamne fermement cette déclaration. Prise de position significative, à six semaines d'un congrès (14-18 juillet 1981) destiné à démocratiser le POUP, et qu'appréhende l'URSS.

Incertitude

Stanislaw Kania ne tarde d'ailleurs pas à lancer un véritable défi à Moscou, en ordonnant, début juin, la libération provisoire de quatre dirigeants de la Confédération pour la Pologne indépendante (KPN), mouvement considéré comme ultra-réactionnaire par l'Union soviétique.

Le message très dur adressé le 5 juin par Moscou au comité central du POUP dénonce « les reculades qui menacent la sécurité de toute la communauté socialiste ». Mais le XIe plénum du POUP confirme le 11 juin dans leurs fonctions S. Kania et son équipe, et la Diète manifeste son « entier soutien » au gouvernement Jaruzelski.

Le Kremlin pourrait-il normaliser 36 millions de Polonais révoltés et menacés de disette ? L'état catastrophique de son appareil de production, sa dette extérieure de 25 milliards de dollars lient la Pologne à la communauté européenne et aux États-Unis autant qu'à l'URSS.

Les prêts bancaires qui ont été à nouveau consentis à Varsovie, notamment par Washington, Paris et Bonn, soulagent d'autant Moscou et les pays frères, qui savent qu'une intervention militaire attirerait d'immédiates et sévères représailles politiques et économiques, comme l'ont fermement souligné Washington et la CEE. Dix mois après les accords de Gdansk et malgré le gigantesque bond en avant des libertés, le sort de la Pologne apparaît toujours aussi dramatiquement incertain.

Portugal

Lisbonne. 9 870 000. 109. 0,7 %.
Économie. PIB (76) : 1 580. Productions (76) : A 13 + I 39 + S 48. Énerg. (76) : 1 050. CE (75) : 13 %.
Transports. (*77) : 4 151 M pass./km, 885 Mt/km. (76) : 1 034 000 + 288 000.  : 1 240 000 tjb. (77) : 2 455 M pass./km.
Information. (75) : 30 quotidiens ; tirage global : *612 000. (76) : 1 525 000. (76) : 723 000. (74) : 260 900 fauteuils ; fréquentation : 35,7 M. (77) : 1 175 000.
Santé. (76) : 11 863. Mté inf. (75) : 38,9.
Éducation. (75). Prim. : 922 204. Sec. et techn. : 754 174. Sup. : 79 702.
Armée.  : 59 540.
Institutions. République instaurée après le coup d'État militaire du 25 avril 1974. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, réélu le 7 décembre 1980 ; succède au général Francisco da Costa Gomes. Premier ministre : Francisco Pinto Balsemao, le 22 décembre 1980 ; succède à Francisco Sa Carneiro, décédé accidentellement le 4 décembre 1980.

Deux scrutins qui ne modifient pas le paysage politique

La proximité de deux échéances électorales à l'automne empoisonne le climat politique de l'été 1980 au Portugal.