Deux soucis préoccupent les dirigeants de Mogadiscio : le sort des réfugiés de l'Ogaden et la succession soviétique à Berbera, base que Moscou a dû abandonner depuis la rupture intervenue en 1977. Chaque jour, 2 000 à 2 500 personnes franchissent la frontière entre l'Éthiopie et la Somalie, et le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Genève) lance en mars un appel au secours, après avoir en janvier demandé le doublement de son budget : dès cette époque, le nombre des réfugiés est estimé à 1 300 000. Les combats qui persistent en Éthiopie entre armée et guérilleros favorables au rattachement de l'Ogaden à la Somalie, la sécheresse et la famine qui en résultent expliquent que cet afflux se poursuive. Aucun des 24 camps installés ne dispose de médicaments en quantité suffisante, et l'eau potable y fait même défaut. Cette présence de déracinés, dont près de la moitié (600 000) vivent dans les camps, constitue une charge financière écrasante pour les Somaliens.

Lors des cérémonies commémoratives du dixième anniversaire de la révolution somalienne, le président Barre use à dessein d'un ton prudent et relativement modéré à l'égard des dirigeants éthiopiens. En vain, puisqu'on déplore à plusieurs reprises à Mogadiscio des raids aériens éthiopiens — démentis de source officielle par les dirigeants d'Addis-Abeba — contre des agglomérations somaliennes, en décembre et en mars notamment.

Négociations

En décembre 1980, une délégation du Pentagone séjourne dans le golfe Persique et le bruit d'une offre faite aux Américains d'occuper l'ancienne base soviétique de Berbera circule avec insistance. Mogadiscio dément avoir fait cette offre. Cependant, en mars, le général Syaad Barre admet qu'il a donné son accord de principe à l'utilisation de la base par les Américains, et, en avril, le Dr Mohamed Aden Cheikh, ministre de l'Information, déclare que des négociations bilatérales se poursuivent à se sujet.

Soudan

Khartoum. 17 380 000. 7. *3 %.
Économie. PIB (75) : 298. Productions (74) : A 39 + I 15 + S 46. Énerg. (76) : 143. CE (75) : 9 %.
Transports. (73) : 2 288 Mt/km. (72) : 29 200 + 21 200.  : 43 000 tjb. (77) : 461 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens. (75) : 1 300 000. (75) : *100 000. (75) : 112 000 fauteuils ; fréquentation : 12 M. (77) : 62 000.
Santé. (76) : 1 652.
Éducation. (76). Prim. : 1 217 510. Sec. et techn. : 327 043. Sup. (75) : 21 342.
Armée.  : 62 900.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1956. République démocratique proclamée par la nouvelle Constitution provisoire du 13 août 1971. Président de la République et chef de l'exécutif : général Gaafar el-Nemeiry, ancien président du Conseil de la révolution, réélu pour la seconde fois le 3 avril 1977. Vice-président : Aboul Gassim Mohamed.

Sérieuses difficultés

Lors des violentes manifestations étudiantes à Khartoum, le 9 août 1979, l'armée est mise en état d'alerte, et Abdel Gassem Mohammed Ibrahim, principal collaborateur du président Nemeiry, est destitué le 12 août. Le chef de l'État utilise ainsi le numéro deux du régime comme bouc émissaire, paraissant donner satisfaction aux étudiants, qui s'apaisent, et se débarrasse d'un éventuel rival. En effet, le maréchal Nemeiry reproche à son second certaines initiatives personnelles prises en son absence, au moment où lui-même se trouvait au Sommet de l'OUA à Monrovia (17-21 juillet) : exemptions fiscales en faveur des paysans de la Djezireh, relèvement des salaires des cheminots, etc.

Devant la gravité de la situation économique et sociale, le maréchal Nemeiry annonce à son tour quelques mesures destinées à calmer le mécontentement populaire : réduction du prix de l'essence, baisse du prix des transports publics, etc. Le 17 août, il remanie son gouvernement, et, le 15 septembre, il procède à une dévaluation de la monnaie — la deuxième en moins de deux ans.

Réélection

Le troisième congrès de l'Union socialiste soudanaise, parti unique, réuni à Khartoum en janvier, est l'occasion d'essayer de ressouder une unité nationale menacée. Tandis que Nemeiry est réélu président du parti — et donc de la République, aux termes de la constitution — pour un mandat de six ans, l'Assemblée nationale et le Conseil régional du Sud sont dissous. Il est décidé, en outre, de diviser le pays en six régions, le Sud, qui bénéficie d'un statut d'autonomie depuis 1972, subsistant en tant que tel.