L'élimination par les Soviétiques —par Cubains et Angolais interposés — de la seule personnalité politique ayant une stature internationale fait basculer l'archipel dans le camp des États africains alignés sur les pays de l'Est. En dépit de plusieurs protestations de la Fédération internationale des droits de l'homme, Miguel Trovoada, qui a été arrêté en violation du principe d'extraterritorialité dans un local théoriquement inviolable, n'avait encore fait l'objet d'aucune instruction judiciaire à la fin du mois de juin.

Sénégal

Dakar. 5 380 000. 27. *2,4 %.
Économie. PIB (75) : 331. Énerg. (76) : 156. CE (75) : 27 %.
Transports. (76) : 180 M pass./km, 164 Mt/km. (74) : 44 800 + 25 000.
Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : *25 000. (76) : *290 000. (76) : *2 000. (75) : 33 500 fauteuils ; fréquentation (76) : 3,8 M. (76) : 39 000.
Santé. (76) : 311.
Éducation. (75). Prim. : *311 800. Sec. et techn. : *55 000. Sup. : 8 213.
Armée.  : 8 350.
Institutions. État indépendant le 20 août 1960. République le 25 novembre 1958. Constitution de 1963, modifiée en 1970 et en 1976. Président de la République : Léopold Sédar Senghor, réélu pour la cinquième fois le 26 février 1978. Premier ministre : Abdou Diouf.

De mauvaises récoltes et une lourde dette extérieure pèsent sur le climat politique

Léopold Sédar Senghor reste fidèle à sa vocation de champion du socialisme démocratique en Afrique de l'Ouest. Cependant, à plusieurs reprises, l'opposition donne des signes plus ou moins graves d'impatience. En janvier 1980, à la suite d'une grève scolaire qui éclate à Ziguinchor, capitale de la Casamance, des revendications corporatives tournent à l'affrontement politique. Des heurts avec les forces de l'ordre font un mort et plusieurs blessés, et, par solidarité, étudiants et lycéens dakarois organisent une marche du campus universitaire au centre de Dakar — manifestation qui tourne court sans incident.

Boubacar Diop, directeur du journal Promotion, organe d'opposition, est arrêté le 13 février et placé sous mandat de dépôt, accusé d'avoir publié des informations calomnieuses à l'égard du Premier ministre Abdou Diouf et du président zaïrois Mobutu. Mais Boubacar Diop est rapidement relâché, de même que deux membres de l'opposition clandestine interpellés le 17 mars à Dakar.

Le 3 avril, à Dakar, la police disperse, sans accrochage notable, un meeting regroupant un millier de militants du Parti démocratique sénégalais (PDS) de Abdoulaye Wade. Ce parti tient en mai son troisième congrès à Dakar.

Sécheresse

La grave détérioration du climat économique contribue à alimenter le malaise politique. De nouveau très éprouvée par la sécheresse, l'agriculture (d'où le Sénégal tire l'essentiel de ses ressources) est pratiquement paralysée. À peine 40 000 t d'arachides en coque seront commercialisées, ce qui représente la moitié de la récolte en année moyenne. Les récoltes céréalières sont inférieures d'un tiers aux besoins nationaux. La production cotonnière elle-même est en régression. Ces difficultés interviennent au moment où la facture pétrolière ne cesse d'augmenter, doublant en trois ans et représentant en 1979 plus du septième du montant global des importations.

La balance commerciale est de plus en plus déséquilibrée, et on estime au printemps que les ventes à l'étranger ne permettront guère de régler plus du tiers des importations de pétrole. Sauf report d'échéances, le Sénégal, qui doit faire face à 30 milliards de F CFA de remboursement de dettes extérieures, risque de ne pas pouvoir tenir ses engagements financiers. Le gouvernement a fait adopter, dès le début de 1980, un plan de redressement par l'Assemblée nationale et s'irrite de voir la presse internationale faire état de ses problèmes, pensant qu'une véritable campagne de dénigrement est en cours contre le Sénégal.

Désenchantement

Aussi, lorsqu'on apprend en mars que la visite officielle que V. Giscard d'Estaing projetait de faire à Dakar a été reportée, parle-t-on au Sénégal de désenchantement réciproque. Le prétexte invoqué par les dirigeants sénégalais pour le report de ce voyage tient à la sécurité. Mais il ne faut pas sous-estimer non plus la détérioration des rapports personnels entre L. Senghor et V. Giscard d'Estaing, le premier estimant que le président français privilégie ses relations avec de nouveaux partenaires africains et minorise ses rapports avec les vieux amis de la France.