Elle conclut, à Alger, avec le Polisario, le 5 août, un accord de paix définitif qui lui permettra, dit-elle, de « sortir enfin de cette guerre injuste » et de se consacrer à ses problèmes intérieurs, nombreux et graves.

Les troupes marocaines occupent très rapidement le territoire destiné en principe aux Sahraouis, ce qui rend impossible l'application de l'accord d'Alger. Se sentant menacé, le ministre mauritanien Mohammed Ould Heydalla se rend à Paris pour trois jours, du 17 au 20 septembre 1979, et demande l'aide de la France. Elle lui est aussitôt accordée.

Le Premier ministre français assure que Paris « fera respecter le principe de l'indépendance et de la souveraineté de la Mauritanie ». Pour plus de sûreté, le gouvernement français décide, en octobre, d'envoyer à Nouakchott et à Nouadhibou (où vivent encore 1 500 Français environ) une compagnie tournante de 200 hommes qui seront rappelés en mai 1980.

Mais les problèmes demeurent et le redressement économique est long à venir. Le 4 janvier 1980, le Premier ministre Heydalla destitue le chef de l'État, le colonel Ould Louly, et prend simplement sa place, concentrant ainsi tous les pouvoirs entre ses mains. Puis il limoge, en avril, le ministre de l'Intérieur (proche du Polisario) et le chef d'état-major de l'armée.

Mozambique

Maputo. 9 940 000. 12. *2,3 %.
Économie. PIB (75) : 295. Énerg. (76) : 133. CE (75) : 8 %.
Transports. (73) : 396 M pass./km, 3 400 Mt/km. (72) : 89 300 + 21 500.
Information. (75) : 5 quotidiens ; tirage global : 79 000. (76) : 225 000. (71) : 19 500 fauteuils ; fréquentation : 3,2 M. (76) : 52 000.
Santé. (71) : 510. Mté inf. (73) : 19,1.
Éducation. (72). Prim. : 577 997. Sec. et techn. : 54 650. Sup. (76) : 906.
Armée.  : 24 000.
Institutions. État indépendant le 25 juin 1975 (ancienne colonie portugaise). Constitution du 25 juin 1975. Chef de l'État : Samora Moïses Machel.

Maputo esquisse un rapprochement avec l'Occident

Restant dans le camp des États dits « de la ligne de front », dont la solidarité avec les nationalistes noirs rhodésiens ne s'est jamais démentie, le Mozambique amorce un important rapprochement avec l'Occident, ainsi qu'avec son puissant voisin sud-africain.

Lord Soames, dernier gouverneur de la Rhodésie, en visite à Maputo en mars 1980, y est officiellement félicité par le président Samora Machel pour la manière dont il est parvenu à mener à son terme la décolonisation de l'ancien territoire britannique.

Rapports

On mesurera à quel point les relations entre Maputo et Londres, très médiocres pendant toute la période de la rébellion rhodésienne, se sont améliorées, au seul fait que Machel estime utile de qualifier Margaret Thatcher de « meilleur Premier ministre britannique de ces quinze dernières années ». De fait, les élections supervisées par les Britanniques en Rhodésie se soldent par la victoire de Mugabe, le « poulain » de Machel.

Georges Marchais, qui effectue en avril une visite en Afrique australe, est reçu à Maputo. Peu de temps auparavant, les dirigeants du Mozambique, seul État de la région à ne pas être associé à la CEE, sont sollicités de donner leur adhésion à la convention de Lomé. Avec la France, des relations économiques se nouent et, en mars, le gouvernement passe commande de 15 navires crevettiers aux chantiers navals français.

Mais c'est avec l'Afrique du Sud que les rapports, quoique discrets, sont de plus en plus étroits. Les Sud-Africains, en dépit de la mise en service de leur port de Richard's Bay, au Natal, continuent d'utiliser les installations de Maputo pour évacuer les minerais du Transvaal. Les travailleurs noirs mozambicains ne cessent d'affluer sur le carreau des mines du Witwatersrand comme à l'époque coloniale portugaise.

Cet aspect de la politique extérieure mozambicaine est dû à deux facteurs essentiels : la volonté de S. Machel et de son équipe d'éviter que l'influence de l'Union soviétique ne devienne trop importante à Maputo ; le souci de préserver une économie que la prolongation du conflit rhodésien a contribué à affaiblir.

Alliances

Le Front de libération du Mozambique (Frohmo), qui a reçu une aide considérable de la part de Moscou pendant la lutte contre les colonisateurs portugais, entend ne pas être esclave de ses alliances. Or, après être parvenu à maintenir la balance égale entre l'Union soviétique et la Chine, S. Machel, qui a reconnu le nouveau régime cambodgien et condamné l'intervention chinoise au Viêt-nam, est en froid avec Pékin. Parce qu'ils sont exaspérés par les pressions des Soviétiques, qui réclament notamment des facilités navales, les Mozambicains regardent de plus en plus vers l'Ouest. D'autre part, les destructions consécutives aux raids aériens effectués en territoire mozambicain par l'aviation rhodésienne, qui exerçait son droit de suite contre les guérilleros noirs, ont causé un immense préjudice à l'économie. Enfin, la présence de plus de 250 000 Noirs rhodésiens réfugiés, dont une partie seulement a regagné le Zimbabwe au début de l'année, a encore aggravé les difficultés financières d'un État dont les ressources sont extrêmement limitées.