Dès la rentrée d'octobre 1979, des mouvements de grève éclatent dans les lycées et établissements d'enseignement supérieur de Bamako ainsi que dans plusieurs villes de province dont Ségou et Mopti. Suscitée par l'Union nationale des étudiants et élèves du Mali (UNEEM), organisation clandestine, cette agitation est à la fois de caractère corporatif et de caractère politique. La majorité de la jeunesse malienne reste fidèle à l'ancien régime, contre lequel la junte accentue sa répression, notamment en condamnant pour diffusion de tracts, le 2 octobre, à quatre ans d'emprisonnement l'ancien ministre de l'Information et du Tourisme Mahmadou Gologo, proche du défunt président Modibo Keita.

À plusieurs reprises, le gouvernement ferme les lycées et écoles, procède à des arrestations de contestataires, dont un grand nombre sont temporairement incorporés de force dans l'armée. Mais, en mars 1980, l'épreuve engagée entre les jeunes gens et les militaires prend un tour tragique. Étudiant à l'École normale supérieure de Bamako, Abdoul Karim Camara, secrétaire général de l'UNEEM, est torturé à mort, tandis que plusieurs dizaines de ses camarades subissent de graves sévices dans des commissariats ou des camps militaires.

L'échec total d'une manifestation de soutien au gouvernement, organisée le 22 mars 1980 par les dirigeants du Parti unique, contraint la junte à relâcher plusieurs dizaines d'étudiants et de lycéens arrêtés. Il semble pourtant que dix-huit d'entre eux, dont on reste sans nouvelles, aient été exécutés sommairement ou torturés à mort.

Banqueroute

Financièrement, la situation est catastrophique et le gouvernement n'est pas en état d'assurer le paiement des fonctionnaires sans une aide étrangère importante. Le maintien des sociétés d'État, dont le déficit ne cesse de s'accroître, constitue une charge exceptionnellement lourde pour un budget en déséquilibre.

Maroc

Rabat. 18 910 000. 41. *3,1 %.
Économie. PIB (76) : 453. Productions (75) : A 24 + I 33 + S 43. Énerg. (76) : 273. CE (76) : 16 %.
Transports. (*77) : 835 M pass./km, 3 474 Mt/km. (76) : 347 400 + 145 700. 341 000 tjb. (77) : 1 714 M pass./km.
Information. (75) : 9 quotidiens ; tirage global : 360 000. (76) : *1 500 000. (76) : 522 000. (73) : 129 200 fauteuils ; fréquentation (76) : 32 M. (77) : 210 000.
Santé. (76) : 1 606.
Éducation. (76). Prim. : 1 667 773. Sec. et techn. : 529 027. Sup. (75) : 45 322.
Armée.  : 98 000.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution, modifiée et approuvée par référendum en mai 1980. Souverain : Hassan II, succède le 3 mars 1961 à son père Mohammed V, décédé. Premier ministre : Maati Bouabid.

L'isolement

Le Maroc voit se dessiner autour de lui dès le 17 juillet 1979 un isolement diplomatique qui va se renforcer. À Monrovia, en effet, l'OUA vote une recommandation qui préconise un référendum au Sahara occidental et le retrait des troupes qui l'occupent. La Mauritanie souscrit à ce vote, que le Maroc refuse, considérant un tel référendum comme « une formalité superflue ». Dès lors, le lâchage de la Mauritanie — qui signe avec le Polisario un traité de paix le 5 août — ne surprend que par sa rapidité. La décision, prise par le roi, d'occuper immédiatement le territoire du Tiris el-Gharbia (Sahara sud), qui était administré par la Mauritanie, répond au sentiment populaire, qui reste à peu près unanime, sur la nécessité de garder le Sahara oriental et même de récupérer le Tiris el-Gharbia.

Mais la guerre coûte cher : 20 % du budget d'investissement va à l'armée, et les spécialistes américains estiment que les dépenses militaires sont de l'ordre de un à deux millions de dollars par jour. Aussi, une contestation intérieure se manifeste-t-elle, parfois durement : à la fin de 1979, des grèves se produisent dans les secteurs clés. L'inflation galope. Le nombre de prisonniers politiques atteint, d'après Amnesty International, environ 500 personnes. Le roi essaie de redresser la situation, de créer une Cour des comptes et de porter la hache dans le « chancre » du secteur semi-public. Mais la reprise des combats, très vite, va faire passer ces préoccupations au second plan.

Guerre totale

En effet, c'est une vraie guerre qui s'engage alors entre le Maroc et le Polisario, désormais doté d'armements lourds et de missiles. Les opérations changent de nature et passent du harcèlement de guérilla à de vastes batailles. Le 24 août, la garnison marocaine de Lebouirate est prise par surprise. Soixante-dix-sept militaires marocains, inculpés de défaillance, sont traduits devant un tribunal militaire, qui prononce 36 condamnations (les condamnés seront ultérieurement graciés par le roi). L'attaque contre Smara, puis la grande bataille de l'oued Draa sont pour l'armée marocaine des échecs durement ressentis. En même temps, les instances internationales (OUA et ONU) condamnent tour à tour la position marocaine. Le roi vient alors chercher un appui à Paris. Au cours d'une visite privée, il rencontre trois fois, en mars 1980, le président français. Mais la France reste prudente et essaie de se tenir à distance égale de Rabat et d'Alger. Les États-Unis s'engagent un peu plus et décident de livrer au Maroc les armes (notamment les missiles) que le roi demandait. Mais de plus en plus de pays reconnaissent désormais la République sahraouie, et il est clair qu'à l'été 1980 la position marocaine s'est nettement affaiblie, sur le plan international comme sur le plan militaire. C'est un échec pour le roi, chef de la diplomatie et de l'armée.

Maurice (île)

Port-Louis. 900 000. 450. *1,3 %.
Économie. PIB (77) : 873. Productions (76) : A 20 + I 29 + S 51. Énerg. (76) : 405. CE (77) : 44 %.
Transports. (*77) : 24 300 + 13 000.
Information. (75) : 12 quotidiens ; tirage global : 82 000. (76) : 200 000. (76) : 41 000. (75) : 48 000 fauteuils ; fréquentation : 1,7 M. (77) : 29 000.
Santé. (76) : 340. Mté inf. (77) *45.
Éducation. (76). Prim. : 139 439. Sec. et techn. : 68 833. Sup. (75) : 1 096.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 18 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Abdul Raman Osman. Premier ministre : sir Seewoosagur Ramgoolam.

Mauritanie

Nouakchott. 1 540 000. 1. *2 %.
Économie. PIB (75) : 292. Productions (73) : A 23 + I 43 + S 34. Énerg. (76) : 102. CE (75) : 47 %.
Transports. (74) : 7 807 Mt/km. (72) : 4 400 + 5 000.
Information. (74) : 1 quotidien ; tirage global : 3 000. (76) : *95 000. (71) : *1 000 fauteuils.
Santé. (76) : 71.
Éducation. (77). Prim. : 72 932. Sec. et techn. : *10 000.
Armée.  : 9 450.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 : régime présidentiel. Président du comité militaire de salut national et chef du gouvernement : lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Heydalla, après le coup d'État du 4 janvier 1980 qui renverse le lieutenant-colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly.

La paix

Le Polisario annonce, en juillet 1979, qu'il rompt le cessez-le-feu conclu avec la Mauritanie un an auparavant et qu'il reprend les hostilités. Le gouvernement de Nouakchott se trouve alors placé devant un choix difficile : ou bien il continue la guerre aux côtés de son allié marocain pour conserver son Sahara (mais l'armée épuisée et le pays à bout de souffle ne semblent plus capables de supporter le choc de nouvelles attaques), ou bien il renonce au Sahara et fait la paix avec le Polisario (quitte à s'attirer la mauvaise humeur de Rabat et celle du Sénégal, proche des thèses marocaines). C'est cette dernière solution que choisit la Mauritanie.