L'affaire Croissant ne sert-elle pas de prétexte au durcissement de la législation antiterroriste ? Une loi sur l'interdiction des contacts entre terroristes est ainsi adoptée avec une rapidité exceptionnelle, fin septembre 1977, pour empêcher les contacts entre détenus et terroristes. Ces différentes affaires de terrorisme ouvrent en RFA un débat de fond qui n'est pas prêt de s'épuiser ; quelles sont les origines du terrorisme et ses effets sur la société ouest-allemande ?

Épreuve

Les conséquences du défi terroriste se font sentir au milieu de l'année 1978. Une commission d'enquête parlementaire est créée pour étudier les conditions du fonctionnement de l'appareil policier après l'enlèvement de Hanns Martin Schleyer ; car la police a été incapable de délivrer le président du patronat et d'arrêter rapidement les coupables. Déjà mis à rude épreuve par l'affaire Traube (Journal de l'année 1976-77), le ministre de l'Intérieur Werner Maihofer (FDP) est accablé par ce rapport qui révèle d'importantes lacunes dans la coordination des services de lutte antiterroriste. Alliés des sociaux-démocrates dans le gouvernement fédéral et dans plusieurs gouvernements régionaux, les libéraux décident en 1977 d'entrer dans deux gouvernements régionaux dirigés par les chrétiens-démocrates (Basse-Saxe et Sarre). Cette attitude déroute une partie des électeurs, de surcroît déçus par l'action de W. Maihofer.

Aux premières élections régionales depuis 1976, celles de Hambourg et de Basse-Saxe, le 4 juin 1978, les libéraux obtiennent moins de 5 % des voix et disparaissent des deux diètes régionales. Accusé d'être une des causes indirectes de cette débâcle, Werner Maihofer présente sa démission quelques jours plus tard. Il est remplacé par Gerhart Baum, secrétaire d'État parlementaire au ministère de l'Intérieur. Malgré sa réputation d'homme politique libéral, ouvert aux réformes, Werner Maihofer, s'était usé dans la lutte contre les terroristes.

Fragilité

Ces événements politiques, auxquels il conviendrait d'ajouter plusieurs votes importants au Parlement obtenus d'extrême justesse, soulignent une fois de plus la fragilité du gouvernement Helmut Schmidt qui ne détient qu'une faible majorité au Bundestag et qui est minoritaire au Bundesrat, la Chambre des Länder.

D'autres démissions ont contraint le chancelier à procéder à des remaniements ministériels. En octobre 1977, Hans Friedrichs, ministre de l'Économie, quitte son poste pour succéder à Jürgen Ponto à la présidence de la Dresdner Bank ; le gouvernement est ébranlé, début février 1978, par la démission du ministre de la Défense, Georg Leber.

Malgré sa popularité et bien qu'il ait joué un rôle très positif dans le développement de la Bundeswehr et dans le raffermissement des rapports avec l'OTAN, Georg Leber est contraint de partir, car sa crédibilité a été fortement érodée à la suite de diverses affaires, dont l'affaire Renate Lutze, une secrétaire du ministère de la Défense, qui espionnait pour le compte de la RDA ; Georg Leber avait minimisé l'importance des renseignements fournis malgré l'étendue des dommages causés à la RFA et à l'OTAN. Georg Leber est remplacé par Hans Apel, jusqu'alors ministre des Finances.

Pour redonner un second souffle à son gouvernement, Helmut Schmidt profite de la démission de Georg Leber pour procéder, le 16 février 1978, à un remaniement qui touche six ministères sur quatorze.

Contrecoups

Ces difficultés gouvernementales s'inscrivent sur un arrière-plan de tensions socio-économiques qui montrent que l'Allemagne fédérale, en dépit de bons résultats commerciaux et monétaires, n'échappe pas aux contrecoups de la crise mondiale. Le ralentissement conjoncturel qui se manifeste dès le printemps 1977 a persisté jusqu'en 1978, de telle sorte que les prévisions du taux de croissance oscillent entre 3 et 3,5 %, alors que le gouvernement fédéral envisageait une progression de 5 %.

Parallèlement, le nombre de chômeurs continue de fluctuer selon une moyenne annuelle proche de 1 million et sans qu'une amélioration ne soit prévisible avant la fin 1978. En revanche, le renchérissement du coût de la vie reste inférieur à 4 %, cette remarquable stabilité est due au redressement du mark par rapport aux autres monnaies, malgré d'importantes sorties de capitaux pour des investissements à l'étranger. Pour stimuler la demande, le gouvernement présente, à l'automne 1977, un programme de relance comportant une augmentation des dépenses budgétaires et l'octroi de facilités fiscales visant à accélérer légèrement le rythme de l'expansion du produit national.