Le retour progressif à une forme de libéralisme économique s'accompagne de mesures politiques qui accentuent le glissement à droite du régime. Le président Sadate amnistie plus de 2 000 prisonniers politiques, condamnés pour activités antisocialistes.

Il réhabilite en janvier Moustapha Amine, qui purgeait une peine de prison à vie pour avoir été un agent de la CIA. Le 1er février, le président Sadate relève de ses fonctions de rédacteur en chef d'Al Ahram, Hassanein Heykal, considéré comme le représentant de l'orthodoxie nassérienne. Heykal, qui critiquait sévèrement la politique des États-Unis au Proche-Orient, est remplacé par Ali Amine, frère de Moustapha Amine, connu pour ses sympathies proaméricaines.

Éthiopie

Addis-Abeba. 25 930 000. 21. 1,8 %.
Économie. PNB (69) 65. Production : G (69) 134 + A (*71) 127. Énerg. (*71) : 32. C.E. (69) : 7 %.
Transports. (*71) : 80 M pass./km, 243 M t/km. (69) : 33 000 + (70) 10 500. (*71) : 335 M pass./km.
Information. (71) : 9 quotidiens ; tirage global : *46 000. (71) : *163 000. (71) : *8 500. (71) : 51 000.
Santé. (69) : 345.
Éducation. (69). Prim. : 590 445. Sec. et techn. : 114 443. Sup. : 4 636.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution octroyée en 1955. Souverain : empereur Haïlé Sélassié Ier (2 novembre 1930). Premier ministre : Lij Endalkatchew Makonnen.

Un empire millénaire contesté

La nuit du 21 au 22 février marque un tournant dans l'histoire plusieurs fois millénaire de l'Éthiopie.

À la suite de grèves qui paralysent depuis plusieurs jours la capitale éthiopienne, la police impériale ouvre le feu sur des fauteurs de troubles. C'est le début d'une crise de plusieurs semaines, au cours de laquelle le pouvoir de l'empereur Haïlé Sélassié va sérieusement vaciller.

Agitation

Tout a commencé par une grève des chauffeurs de taxis. Ceux-ci entendaient protester ainsi contre la hausse du prix de l'essence. Puis les enseignants ont cessé le travail. Le petit peuple d'Addis-Abeba a suivi le mouvement, espérant attirer l'attention du roi des rois sur l'aggravation de la misère qu'entraînait une inflation particulièrement inquiétante.

En arrière-plan s'agitaient les étudiants et lycéens, d'autant plus enclins à manifester que le pouvoir les a toujours brutalement réprimés et qu'en septembre 1973 six d'entre eux ont été tués à Dessie, parce qu'ils protestaient contre les souffrances que devaient endurer les paysans de la province du Wollo, victimes de la famine.

Le 26 février, l'armée, qui a toujours été considérée comme l'un des piliers du régime, est atteinte par la contagion du désordre. La deuxième division d'infanterie, stationnée à Asmara, capitale de l'Érythrée, se mutine, imitée par les marins de la base navale de Massawa, qui contraignent leur chef, l'amiral Iskander Desta, petit-fils de l'empereur, à s'enfuir à Djibouti.

Devant l'extension des mutineries, le roi des rois, dont rien ne parvient apparemment à troubler la sérénité, nomme Lij Endalkatchew Makonnen Premier ministre, en remplacement d'Aklilou Habte-Wold, sacrifié à la suite des pressions populaires. Cependant, en dépit de la permanence des thèmes de mécontentement, le respect de la personne impériale et la passivité du peuple contribuent, malgré la persistance de manifestations étudiantes sporadiques, à ramener le calme.

Le 7 mars, ce sont les syndicats qui essaient de relancer l'agitation en appelant les travailleurs à la grève générale. Tandis qu'environ 2 000 étudiants manifestent, conspuant le nouveau Premier ministre, qui ne trouve pas plus grâce à leurs yeux que l'ancien, et exigent une réforme agraire, le mouvement de grève est très diversement suivi.

Mais la jonction étudiants-syndicats ne se réalise pas. La fermeté des forces de l'ordre, dont une grande partie est restée fidèle au palais impérial, a eu des effets bénéfiques.

Pourrissement

Au demeurant, deux jours avant l'arrêt du travail, l'empereur a annoncé, dans un long discours, une prochaine réforme des institutions, laissant entrevoir l'établissement d'une monarchie constitutionnelle.