Une centaine d'assistants techniques français travaillent en territoire rwandais au titre de la coopération, mais les nouveaux dirigeants de Kigali veulent en accroître le nombre.

La visite du général Habyarimana a été l'occasion pour les Rwandais de formuler des demandes précises, dont on ignore si elles seront satisfaites ou non par V. Giscard d'Estaing : octroi d'une aide militaire et d'une avance du Trésor français à la Banque nationale du Rwanda.

Une sécheresse dramatique au Sahel

Six pays de l'Afrique occidentale connaissent une sécheresse catastrophique qui frappe environ six millions de personnes : la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, la Haute-Volta, le Niger et le Tchad. Les pluies réduites des années 1972 et 1973, l'absence de crues nourricières des rivières et des fleuves ont entraîné la mort de plusieurs millions de têtes de bétail, la destruction d'une partie des récoltes de céréales et réduit à la famine plusieurs centaines de milliers de personnes.

La sécheresse n'a pas épargné des pays aussi divers que le Nigeria, dans sa partie septentrionale notamment, la Tanzanie, la république de Somalie, le Kenya ou l'Éthiopie.

En ce qui concerne cette dernière, il n'est pas exagéré de dire que les graves événements politiques qui ont ébranlé l'Empire au cours de l'année s'expliquent en partie par les conséquences de la sécheresse. Le drame a pris des proportions gigantesques, et seul le sentiment de fierté nationale des autorités impériales, qui ont longtemps fait le silence sur la situation, explique qu'il soit demeuré ignoré si longtemps. On parle de 50 000 morts dans la seule province de Wollo (la plus éprouvée) et les organisations internationales estiment que 600 000 personnes attendent des secours d'urgence.

La sécheresse et la famine ont des causes à la fois climatiques et économiques. Le front intertropical humide de l'équateur, qui apporte chaque année les pluies à l'Afrique dite sahélienne, est remonté moins haut vers le nord-ouest qu'au cours des années précédentes. Du fait de l'homme, certains équilibres écologiques ont été rompus : recours excessif aux feux de brousse et aux déboisements ; on dénonce également la suprématie trop souvent accordée aux cultures industrielles réservées à l'exportation par rapport aux cultures vivrières.

– Sénégal. Le fleuve n'a pas inondé les zones réservées à la culture irriguée du riz. Les récoltes de céréales ont diminué de moitié par rapport à 1971 et les tonnages commercialisables d'arachides sont de l'ordre de 350 000 tonnes contre 700 000 en année normale.

– Mauritanie. Les récoltes de céréales ont diminué des deux tiers et 60 % du cheptel a été détruit. Les pertes sont d'autant plus sensibles pour les Mauritaniens que leurs troupeaux constituent à peu près leur seule richesse.

– Mali. Les récoltes de mil et de sorgho sont réduites de 40 % ; les réserves des années antérieures ont été épuisées plus rapidement qu'ailleurs. Sur 40 000 hectares de rizières du delta intérieur du fleuve Niger, 5 000 seulement ont pu être mis en culture. La pêche n'a atteint que le cinquième de sa production normale. D'autre part, de nombreux nomades venus de pays voisins ont cherché refuge en territoire malien, ce qui a créé des conflits avec les agriculteurs sédentaires.

– Haute-Volta. Le nord du pays, ravagé par la sécheresse, a dû accueillir des réfugiés du Mali et du Niger. La moitié des pâturages ont disparu, mais le déficit céréalier est moins lourd que dans les pays voisins.

– Niger. Une grave sécheresse avait déjà sévi en 1969 ; un million de têtes de bétail sont mortes, soit le quart du troupeau global.

– Tchad. Les récoltes de mil, de sorgho, d'arachides et de riz ont régressé de 40 %.

L'épuisement des réserves, collectives ou individuelles, la diminution brutale de la production agricole réduisent six millions de personnes à un état de malnutrition permanent. Les personnes âgées et les enfants sont les plus éprouvés. Beaucoup de paysans ont quitté leurs villages et sont venus grossir la masse des sans-emploi des centres urbains. Les régions ainsi abandonnées risquent d'être rapidement conquises par le désert.

Secours

L'estimation des besoins reste incertaine et varie beaucoup suivant les pays. Tous les gouvernements n'ont pas réagi avec la même efficacité pour faire face au fléau. En Mauritanie, au Sénégal, en Haute-Volta, au Niger, les secours ont été relativement bien ventilés, et les autorités ont donné toutes les informations nécessaires aux organismes d'entraide.