Le roi des rois manœuvre avec une aisance relative entre les nostalgiques du passé, qui ne veulent consentir aucune réforme et continuent d'ignorer la misère des masses populaires, et les progressistes, impatients de brûler les étapes.

La première tendance est regroupée derrière le ras Asrate Kassa, président du conseil de la Couronne, réputé homme fort du régime, tandis que la seconde, majoritaire, compte des éléments dans toutes les classes de la nation.

Mais de nouvelles tensions surgissent le 28 juin. Les forces armées prennent le contrôle des stations de radiodiffusion, du centre de télécommunications et de l'aéroport. Le lendemain, les militaires arrêtent plusieurs personnalités proches de l'empereur Haïlé Sélassié, dont le ras Asrate Kassa. Le couvre-feu est instauré.

Intérêts

La crise éthiopienne préoccupe toutes les chancelleries. En effet, elle intéresse non seulement l'avenir de l'empire, mais aussi celui de toute la corne orientale du continent africain ainsi que celui des pays riverains de la mer Rouge. Les États-Unis, qui disposent à Kagnew, en Érythrée, d'une base de télécommunications dont l'évacuation était prévue pour le 1er juillet 1974, considèrent le roi des rois comme un interlocuteur privilégié. Ils aident l'empereur à développer son pays et fournissent à son armée une aide technique et financière considérable.

Curieusement, les Soviétiques manifestent pour l'Éthiopie un intérêt égal à celui des Américains, notamment depuis que l'Éthiopie et la république populaire de Chine ont noué des relations diplomatiques.

Déjà solidement implantée en république de Somalie, l'Union soviétique souhaite également le maintien du statu quo en Éthiopie, tout comme le souhaitent les États-Unis et la plupart des grandes puissances, dont la France. Frontalière de l'Éthiopie par le Territoire français des Afars et des Issas, celle-ci sait que tout bouleversement à Addis-Abeba aurait des répercussions immédiates à Djibouti.

Enfin, en contact avec le Yémen et les États de la rive orientale de la mer Rouge, sur laquelle elle dispose d'une façade maritime de 1 000 kilomètres, l'Éthiopie est une puissance à la fois africaine et asiatique.

Son poids au Proche-Orient n'est pas négligeable, et la rupture des relations diplomatiques entre Addis-Abeba et Jérusalem, intervenue en septembre 1973, a valu à l'Éthiopie sinon de solides amitiés arabes, au moins l'arrêt de certaines ingérences dans ses affaires intérieures, ingérences qui étaient le fait de chancelleries du Moyen-Orient.

Gabon

Libreville. 500 000. 2.
Économie. PNB (70) 670. Énerg. (*71) : 1 028. C.E. (70) : 34 %.
Transports. (69) : 5 200 + 4 800. (*71) : 75 M pass./km.
Information. (70) : *62 000. (70) : *1 200. (71) : 1 700 fauteuils ; fréquentation : 0,4 M. (70) : 7 000.
Santé. (69) : 96.
Éducation. Prim. : (70) 100 625. Sec. et techn. : (69) 8 255. Sup. : (69) 58.
Institutions. État indépendant le 17 août 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961, révisée en 1967 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : (Bernard) Omar Bongo, réélu le 25 février 1973.

Gambie

Banjul (ex-Bathurst). 380 000. 34. 2,1 %.
Économie. PNB (69) 123. Énerg. (*71) : 68. C.E. (69) : 28 %.
Transports. (70) : 2 900 + 1 400.
Information. (71) : *60 000. (71) : 2 000.
Santé. (69) : 19.
Éducation. (69). Prim. : 17 140. Sec. et techn. : 5 468.
Institutions. État indépendant le 18 février 1965. Constitution républicaine promulguée le 23 avril 1970. Chef de l'État et de l'exécutif : Daouda Kairaba Jawara.

Ghana

Accra. 9 090 000. 38. 3 %.
Économie. PNB (70) 292. Production (70) : G 116 + I 154. Énerg. (*71) : 192. C.E. (70) : 17 %.
Transports. (70) : 543 M pass./km, 311 M t/km. (*70) : 36 500 + 27 000.  : 166 000 tjb. (*71) : 123 M pass./km.
Information. (70) : 7 quotidiens ; tirage global : *415 000. (71) : *750 000. (71) : *20 000. (69) : 50 400 fauteuils ; fréquentation : 18,7 M. (71) : 49 000.
Santé. (71) : 715.
Éducation. Prim. : (70) 1 389 834. Sec. et techn. : (70) 81 499. Sup. : (69) 4 759.
Institutions. État indépendant le 6 mars 1957. République. Constitution du 22 août 1969. Chef de l'État et président du gouvernement : colonel Acheampong, auteur du coup d'État du 13 janvier 1972 qui renverse le président Addo et le Premier ministre Kofi Busia. La Constitution est suspendue.

Guinée

Conakry. 4 110 000. 17. 2,2 %.
Économie. PNB (69) 80. Énerg. (*71) : 108.
Transports. (69) : 8 000 + 12 000. (*71) : 7 M pass./km.
Information. (71) : 1 quotidien ; tirage : 5 000. (70) : *91 000. (71) : 7 000.
Santé. (69) : 77.
Éducation. (68). Prim. : 167 340. Sec. et techn. : 41 736. Sup. : 942.
Institutions. Indépendance et république proclamées le 2 octobre 1958. Constitution de 1958. Président de la République et président du gouvernement : Sékou Touré, réélu le 1er janvier 1968. Premier ministre : Lansana Beavogui.

Guinée équatoriale

Malabo (ex-Santa Isabel). 290 000. 10. 1,4 %.
Économie. Énerg. (*71) : 183.
Information. (67) : 1 quotidien ; tirage : 1 000. (67) : 6 300 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M.
Santé. (68) : 8. Mté inf. (66) : 53.
Éducation. (66). Prim. : 38 395. Sec. et techn. : 2 473.
Institutions. République indépendante le 12 octobre 1968. Constitution de 1968. Président de la République : Francisco Macias Nguema (Rio Muni), élu le 29-IX-68. Vice-président : Edmundo Bosio Dioco (Fernando Poo).

Guinée-Bissau

Institutions. Ancien territoire portugais ; indépendance proclamée le 24 septembre 1973 par l'Assemblée nationale populaire. L'Assemblée générale des Nations-Unies reconnaît la souveraineté du nouvel État le 2 novembre 1973. Constitution de 1973. Président du Conseil d'État : Luiz Cabral ; secrétaire général du PAIGC : Aristides Pereira.

Haute-Volta

Ouagadougou. 5 610 000. 20. 2,1 %.
Économie. PNB (68) 62. Énerg. (*71) : 13. C.E. (68) : 7 %.
Transports. (70) : 6 400 + 6 900. (*71) : 72 M pass./km.
Information. (71) : *88 000. (71) : *6 000. (69) : 2 000 fauteuils ; fréquentation : 1 M. (71) : 4 000.
Santé. (70) : 58.
Éducation. (68). Prim. : 99 827. Sec. et techn. : 8 117. Sup. : 122.
Institutions. Indépendance le 5 août 1960. République (11 décembre 1958). Constitution de 1960, révisée le 14 juin 1970. La Constitution est suspendue et l'Assemblée nationale dissoute le 8 février 1974. Président de la République et chef du gouvernement : général Sangoulé Lamizana.

Les militaires consolident leur emprise sur le pouvoir

Les militaires se posent à nouveau en arbitre, dénouant, le 8 février 1974, autoritairement, une crise politique qui couve depuis plusieurs mois. Dans une déclaration radiodiffusée, le général Sangoulé Lamizana annonce que la Constitution est suspendue et l'Assemblée nationale dissoute ; il décrète le couvre-feu et interdit tous les rassemblements.

Intervention

C'est la deuxième fois en huit ans que les forces armées voltaïques interviennent directement, écartant momentanément les civils du pouvoir. Déjà, le 3 janvier 1966, à la suite de manifestations populaires qui s'étaient déroulées à Ouagadougou, le général Lamizana (qui n'était alors que colonel) avait recueilli, sous la pression populaire, la succession de Maurice Yameogo, personnalité dont les syndicats avaient énergiquement exigé l'éviction de la présidence de la République.