Mais, surtout, un mouvement de désindustrialisation à peu près général libère des effectifs qui ne peuvent pour autant occuper les emplois administratifs et commerciaux en croissance continue.

Aussi l'inadaptation du marché de l'emploi, phénomène qui atteignait moins la région parisienne que d'autres, devient la préoccupation essentielle. Au cours de l'année 1971, les effectifs salariés ont augmenté faiblement : 1,7 %. Mais cette situation recouvre la stagnation des effectifs industriels et une augmentation de 3,7 % des emplois dans les services. D'où d'immenses problèmes de reconversion.

Plus graves encore : l'orientation actuelle du développement des services ajoute des déséquilibres géographiques à l'inadaptation par secteurs professionnels : 68 % des emplois de service se trouvent, fin 1971, à Paris ; 14 % en banlieue Ouest ; 3,3 % en banlieue Est. Or, de 1970 à 1975, il est prévu que 45 % des emplois de bureau continueront d'aller à Paris et en banlieue Ouest, et 4 % seulement à l'Est.

L'évolution de la population contribue à approfondir le fossé et à aggraver le déséquilibre de l'emploi. Car la construction de logements n'obéit pas aux mêmes lois que celles des bureaux et des usines.

Certes, certains départements conservent un équilibre population-emploi : que ce soit dans la stagnation en Seine-Saint-Denis, où des emplois industriels disparaissent sans que la population active augmente beaucoup ; ou que ce soit dans le dynamisme : dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines, on construit beaucoup de logements, mais les créations d'emplois sont également importantes (centre administratif de la Défense, zone industrielle de Vélizy, vallée de la Seine). En revanche, la situation est catastrophique pour l'Essonne et le Val-de-Marne, de plus en plus peuplés mais de moins en moins industrialisés. La politique des villes nouvelles suscite à cet égard de sérieuses inquiétudes.

Manifestations

Cette situation est de plus en plus mal supportée. À Créteil (Val-de-Marne), à Montereau (Seine-et-Marne) et ailleurs, les manifestations se sont multipliées à la fin de 1971 et au début de 1972. Le cas de Montereau est significatif : la création d'une ZUP a amené la population de 10 000 à 22 000 habitants en quelques années. Durant le même temps, à peine quelques centaines d'emplois ont été créés. Résultat : près de 1 000 salariés font deux fois par jour les 100 kilomètres qui les séparent de Paris.

Pour remédier à cette situation — outre une amélioration de la conjoncture qui s'annonçait timide à la mi-1972 —, restent la formation professionnelle et l'aménagement des créations d'emplois.

La formation professionnelle a fortement progressé. Les crédits publics sont passés de 700 000 F en 1969 à 3 850 000 F en 1971. Mais l'équipement reste meilleur pour les emplois industriels que pour les services.

Quant à l'orientation des emplois, les décisions paraissent contredire bien des déclarations officielles. « Tout pour maintenir les emplois industriels et relancer l'Est parisien », déclarait en substance G. Pompidou le 18 novembre 1971, en visite officielle dans la région parisienne. Et pourtant c'est le président Pompidou lui-même qui a arbitré en faveur du tracé à l'ouest (Cergy-Défense) la construction de la première ligne d'Aerotrain. Et c'est le VIe Plan qui continue de favoriser les opérations situées à l'ouest.

Ainsi, sans que la situation prenne l'allure d'une catastrophe (la région parisienne, qui regroupe 28 % des emplois secondaires et tertiaires de la France, comptait au début de 1972 27 % des demandeurs d'emploi), la dégradation du marché de l'emploi confronte la région à des difficultés tout à fait nouvelles.

Souci no 1 : les transports en commun

Le problème des transports en commun demeure le sujet majeur du mécontentement des habitants de la région parisienne. Il a constitué du reste la préoccupation essentielle des responsables au cours de la dernière période.

Une série de manifestations, tout au long de ces douze derniers mois, témoigne de l'irritation du public à la fois sur le côté irrationnel des transports en commun et aussi sur les augmentations enregistrées.