Ces dispositions, qui ne concernent pas la région parisienne, entreront en vigueur le 1er juillet 1973, les taxes n'étant recouvrées qu'à partir du 1er janvier 1974.

Enquête sur la situation de l'emploi en France

Sous-jacent dans les 22 régions qui quadrillent l'Hexagone, un même souci : l'emploi, et d'abord celui des jeunes.

Durant 1971, ce sont environ 540 000 jeunes travailleurs qui se sont présentés sur le marché du travail. Avec ce lourd handicap que, dans leurs études, les économistes et les conjoncturistes qualifient d'une formule sans appel : inadaptation de l'offre à la demande. Traduisons.

Inadaptation : la formation professionnelle est soit insuffisante, soit mal adaptée aux besoins d'une industrie dont les structures vieillottes craquent de partout et font appel à de nouvelles catégories de travailleurs ; inadaptation : les jeunes refusent de plus en plus de revêtir le bleu de l'ouvrier et choisissent le col blanc de l'employé ou du cadre. Malheureusement, les activités tertiaires restent toujours concentrées dans la capitale. Dans les provinces, les jeunes n'ont souvent le choix qu'entre le chômage ou l'exode.

Et, parce que les jeunes Français refusent de devenir OS, les entreprises doivent faire appel à une main-d'œuvre étrangère dont l'arrivée en masse dans certaines villes ne va pas sans poser de délicats problèmes d'habitation... et de cohabitation.

Tous ces éléments se reflètent bien dans l'Enquête sur l'emploi de 1971 effectuée par l'INSEE. Même si les chiffres indiqués peuvent être contestés par les syndicats, ils n'en traduisent pas moins l'accentuation du chômage. Ainsi, l'enquête permet de confirmer les estimations selon lesquelles le taux de chômage était passé, entre mars 1970 et mars 1971, de 1,6 % à 2 % de la population active.

L'INSEE constate ainsi « une nette augmentation de la population disponible à la recherche d'un emploi (PDRE) » au cours de cette période. Si, en mars 1970, elle était évaluée à 330 400 personnes, elle est en effet passée à 422 500 personnes un an plus tard. Et la part des jeunes de moins de vingt-cinq ans dans l'ensemble de la PDRE reste importante (37,3 % du total, dont 42,6 % pour les femmes et 31,5 % pour les hommes).

Reconnaissant l'acuité du problème, un comité restreint présidé par Jacques Chaban-Delmas prenait, le 22 juin 1972, un certain nombre de décisions « en faveur de l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle » : institution d'une allocation d'attente pour les jeunes diplômés de l'enseignement technologique inscrits depuis plus de trois mois comme demandeurs d'emploi ; octroi d'une prime et d'une indemnité de déplacement aux jeunes ayant trouvé un emploi dans une autre région que celle où ils étaient inscrits ; instauration de meilleures liaisons entre l'Agence nationale de l'emploi et les établissements d'enseignement ; augmentation du nombre de foyers de jeunes travailleurs.

Pourtant, au-delà de ces mesures conjoncturelles, le chômage des jeunes pose, de la Bretagne à la Lorraine et de l'Alsace au Midi, une question fondamentale, celle du CIe Plan : la politique de l'industrialisation à outrance répond-elle vraiment aux besoins des régions aux activités industrielles vieillissantes, avides d'emplois de type nouveau dans l'industrie fine et le secteur tertiaire ?

Et le renouvellement des régions ne passe-t-il pas d'abord par la décentralisation des leviers de décision qui, pour l'essentiel, restent concentrés à Paris et, aussi, par le développement impétueux des grands équipements collectifs (moyens de transport, télécommunications notamment) qui font si souvent et si cruellement défaut au désert français ?

L'enquête menée dans chaque région par le Journal de l'année fournit en tout cas un certain nombre d'éléments d'un intérêt non négligeable pour tenter de répondre à ces questions.

Nord-Pas-de-Calais

Économiquement, le Nord est convalescent, et tous ses responsables ne sont pas encore certains qu'il soit définitivement tiré d'affaire. Au point que le nouveau préfet de région P. Dupuch, tout frais arrivé de Nancy, a dû publiquement les secouer : « Le pessimisme, c'est fini », s'exclame-t-il dans une interview accordée en juin 1972 au journal Nord-Eclair : « Il est temps de redresser la tête. La terre a cessé de s'ouvrir sous nos pas. On passe trop de temps encore à gémir. Ce pessimisme n'est pas la meilleure base pour l'action... »