L'attraction de la Lune et celle du Soleil se font sentir sur les océans, tout le monde le sait. Mais elle joue aussi pour la masse solide de la Terre. Notre planète se gonfle plus ou moins (de 40 cm au maximum) attirée par l'un ou l'autre de ces astres. Comme les marées océaniques, les marées terrestres varient selon les positions relatives de la Terre, de la Lune et du Soleil. Pour les mesurer, il faut donc enregistrer les déformations périodiques de la surface de la Terre dans les trois dimensions. Pour X et Y, c'est-à-dire pour des axes horizontaux nord-sud et est-ouest, des pendules horizontaux apprécient des déplacements angulaires de 2/100 de seconde d'arc et des extensomètres horizontaux détectent les infimes variations (de l'ordre d'un demi-micron pour 30 m) d'une longueur soigneusement repérée. Pour Z, c'est-à-dire pour la verticale, des gravimètres enregistrent des variations de la valeur de la pesanteur de 200 ou 300 microgals (Le gal est l'unité de mesure de l'accélération due à la pesanteur. Sa valeur moyenne est de 1 cm/seconde/seconde. Le microgal est sa millionième partie.) et des extensomètres verticaux mesurent, comme leurs homologues horizontaux, les variations d'une longueur, mais cette fois le long d'une verticale.

De toutes ces mesures effectuées à Walferdange et dans des observatoires analogues situés en d'autres points de la planète, les spécialistes tirent des informations sur le mécanisme et les périodes des marées terrestres, et aussi sur la composition et la structure interne de la Terre.

La « migration » de l'Afrique

Dans une communication à l'Académie des sciences, le professeur Hugues Faure, directeur du laboratoire de géologie du Quaternaire (CNRS) de Bellevue, a émis l'idée que la géologie et le relief du Sahara résulteraient, pour une grande part, du déplacement de l'Afrique et de la dérive des continents.

L'hypothèse s'appuie sur un certain nombre de faits reconnus depuis plusieurs années. Étudiant les bassins sédimentaires des régions sahariennes, le professeur Faure a remarqué qu'ils témoignent d'une sorte de migration : la position relative des couches sédimentaires successives montre un déplacement progressif de la zone où les sédiments se sont déposés. Ce décalage de la sédimentation d'une époque sur l'autre s'observe en particulier au Niger, au Nigeria, au Mali et sur le pourtour des massifs montagneux du Hoggar et de l'Aïr. Vers la fin du Secondaire, un bassin sédimentaire recouvrait ce qui est aujourd'hui le massif de l'Aïr ; au début du Tertiaire, il avait abandonné l'Aïr et se trouvait au-dessus de l'Adrar : environ 500 km en 50 millions d'années.

Une houle géologique

D'autres observations ont montré qu'au Primaire le Hoggar était un bassin de sédimentation, donc une dépression. Par contre, la région du Tchad, où le socle continental se trouve aujourd'hui plus bas que le niveau de la mer, a été au Secondaire une région de hauteurs d'où les sédiments étaient enlevés par l'érosion. Actuellement encore, il n'est pas impossible que le massif de l'Aïr soit en surrection, et l'on a trouvé que les régions côtières de la Mauritanie se soulèvent d'environ 5 cm par siècle. Mais l'étonnant réside surtout dans la cohérence de ces mouvements à travers le temps et l'espace. En faisant la synthèse des subsidences, surrections et migrations observées, on voit se dessiner un curieux mouvement, une sorte de houle qui semble s'être déplacée à travers cette partie du bouclier africain.

Cette houle, baptisée par le professeur Faure onde épirogénique, se propage en direction du sud-ouest. Comment l'expliquer ? L'hypothèse serait qu'un tel déplacement correspondrait à un mouvement du continent lui-même dans la direction opposée, c'est-à-dire le nord-est. L'onde serait ainsi une déformation du bouclier continental et du manteau supérieur épousant les déformations du manteau profond (ou asthénosphère).

Cette dérive de l'Afrique serait évidemment liée à la dérive générale des continents et en particulier à l'expansion de l'Atlantique telles qu'elles ont été mises en évidence ces dernières années. Il est à noter que les vitesses de déplacement estimées pour les bassins sédimentaires africains vont de 1 mm à 10 cm par an. Elles sont donc du même ordre de grandeur que les vitesses d'expansion des fonds océaniques.