On sait que la croûte terrestre est formée de plaques rigides en perpétuel renouvellement (Journal de l'année 1970-71). Le matériau qui constitue la croûte océanique se crée continuellement dans les dorsales subocéaniques. En même temps, les parties les plus anciennes de ces plaques disparaissent dans les fossés océaniques.

Là, semble-t-il, une plaque plonge sous sa voisine le long d'un plan incliné (souvent à 45°), sur lequel se placent effectivement les foyers des séismes fréquents dans ces zones : séismes superficiels (de 0 à 70 km de profondeur) à la pliure de la plaque, séismes intermédiaires ensuite (de 70 à 300 km de profondeur), enfin séismes profonds (de 300 à 720 km de profondeur). À l'aplomb des séismes intermédiaires on trouve des volcans qui, en émergeant, forment des chapelets d'îles alignées en arcs insulaires.

Claude Blot, qui a longtemps séjourné à Nouméa, a observé l'activité séismique et volcanique des arcs insulaires du Pacifique occidental. Il a remarqué, sans pouvoir encore les expliquer, des corrélations surprenantes. Un violent séisme profond est suivi par un tremblement de terre intermédiaire auquel succèdent une éruption, puis un séisme superficiel ; la séquence dure plusieurs mois.

Tout semble se passer comme si l'énergie responsable du déclenchement des tremblements de terre et du réveil des volcans migrait le long du plan incliné (dessiné par la plongée d'une plaque) ou de ce plan jusqu'à la surface de la Terre (pour les éruptions volcaniques). La vitesse de migration varie de 0,5 à 4 km par jour. Elle décroît avec la montée vers la surface des foyers séismiques. Elle est également fonction de la violence du premier choc de la séquence.

Faible activité

De plus, une séquence comprenant un très fort tremblement de terre profond, puis un séisme intermédiaire peu important, lui-même suivi d'une faible activité volcanique, se termine par une très violente secousse superficielle. Au contraire, un tremblement de terre superficiel de faible intensité succède à une grande activité volcanique qui a été précédée de violents séismes intermédiaire et profond.

Après avoir migré du bas vers le haut, l'énergie redescend le long du plan incliné à une vitesse qui croît avec la profondeur en suscitant les mêmes phénomènes qu'à la montée, mais en ordre inverse.

Une prévision vérifiée

Les séquences observées pour de nombreux volcans des arcs insulaires du Pacifique occidental s'inscrivent effectivement le long de courbes régulières tracées en mettant la profondeur des foyers en ordonnée et le temps écoulé entre les différentes phases en abscisse. De même, le pointage des coordonnées géographiques des différents phénomènes d'une même séquence dessinent sur les cartes des alignements remarquables. En appliquant sa méthode, Claude Blot a réussi à prévoir plusieurs éruptions des volcans du Pacifique occidental, notamment à quatre jours près, mais quatre mois à l'avance, le réveil d'un volcan sous-marin des îles Salomon.

Cette méthode est-elle applicable à la prévision des séismes ? Difficilement, car les tremblements de terre les plus meurtriers, donc les plus intéressants à prévoir, sont les superficiels. Or, on ne sait pas à l'avance à quelle profondeur entre 0 et 70 km se produiront les séismes superficiels et, comme on l'a dit plus haut, la vitesse de migration des foyers décroît avec la profondeur. Dès que les foyers deviennent proches de la surface du sol, les prévisions deviennent donc aléatoires, ce qui est incompatible avec toute prévision raisonnable.

Un laboratoire mesure les marées terrestres

Le laboratoire souterrain de géodynamique de Walferdange-Luxembourg est en train de devenir le plus important observatoire d'Europe et peut-être même du monde pour l'étude des marées terrestres. Installé à 6 km au nord de la ville de Luxembourg, ce laboratoire est enfoui dans la mine de gypse de Walferdange.

Les marées terrestres doivent être mesurées loin de la mer, dans une région séismiquement calme, à l'abri des vibrations causées par le vent, et dans un endroit aussi peu humide que possible. Une mine de gypse et la position géographique du Luxembourg sont des facteurs éminemment favorables à l'aménagement d'un tel laboratoire, si bien qu'aux instruments belges installés là depuis 1968 sont venus s'ajouter des appareils appartenant à des équipes japonaise, anglaise, allemande et américaine.