Le 25 mai, le nouveau Parlement se réunit. Fanfani et Pertini (socialiste) sont réélus présidents du Sénat et de la Chambre.

Combinaisons

L'énoncé des problèmes posés par la coalition n'a pas varié d'un iota. Deux majorités sont possibles :
– Centre : démocrates-chrétiens (267), libéraux (20), républicains (15), sociaux-démocrates (29), sud-tyroliens (3), soit au total 334 voix, 19 de plus que la majorité nécessaire à la Chambre. Mais, dans la précédente législature, le centre aurait pu disposer de 338 voix.
– Centre gauche : dans le total précédent, les 61 socialistes se substituent aux 20 libéraux pour faire un total de 375 voix, soit 50 de plus que nécessaire. Or, dans la Chambre de 1968, le centre gauche disposait de 369 voix.

L'arithmétique parlementaire est claire : la coalition de centre a perdu 4 suffrages, le centre gauche en a gagné 6. C'est l'interprétation politique des chiffres sur laquelle achoppe la négociation menée en juin par Andreotti, chargé de constituer le nouveau cabinet. Les socialistes et les libéraux se jettent des exclusives réciproques. Donc pas de majorité les incluant ensemble. Le centre est-il possible ? Oui, à la condition que la gauche démocrate-chrétienne observe la discipline de parti et le soutienne.

Affaire rien moins qu'assurée : le groupe de 80 députés rassemblés autour d'Aldo Moro, qui constitue cette gauche, préconise en effet la poursuite de la coalition avec les socialistes.

Dans cette situation, où tous les composants d'une majorité possible se bloquent réciproquement les issues, il semble qu'une fois de plus il soit urgent d'attendre les orientations des congrès démocrate-chrétien et socialiste prévus pour l'automne, après quoi il serait plus aisé de déterminer la ligne et la composition d'une majorité pour la durée de la législature. L'hypothèse qu'elle soit introuvable s'esquisse cependant, et certains tiennent pour inévitable un nouveau recours à la dissolution et à des élections anticipées. Remettraient-elles sérieusement en cause les tendances confirmées le 7 mai 1972 ?

Le choix dépend largement des socialistes. Depuis deux ans, la crise du centre gauche s'est cristallisée autour de l'interprétation de leur formule des équilibres plus avancés qui désigne le recours au concours communiste pour mener une politique économique et sociale axée à gauche. À l'intérieur du PSI, cette ouverture à gauche ne recueille pas tous les suffrages. Pour qu'elle débouche sur une majorité gouvernementale de rechange, il faudrait tabler sur la participation de la gauche démocrate-chrétienne, c'est-à-dire sur sa scission, phénomène tout à fait improbable.

C'est l'abandon pur et simple de la formule des équilibres plus avancés, avec toutes les équivoques qu'elle implique, que la démocratie chrétienne exige des socialistes préalablement à toute conversation sur la reprise du centre gauche.

Le parti communiste, qui tient le 11 mars son 13e congrès à Milan, se borne à maintenir son image de parti de gouvernement. Devenu secrétaire général en titre, Enrico Berlinguer présente un rapport et un programme électoral qui reprennent à leur compte les réformes promises et non réalisées par le centre gauche. Face aux épisodes de violence provoqués par des groupements extrémistes, dont nul ne peut déterminer la coloration politique, le PCI se comporte en formation d'ordre et demeure, par exemple, très réservé dans le jugement qu'il porte sur la mort de Giangiacomo Feltrinelli, trouvé déchiqueté le 13 mars sur un pylône électrique aux environs de Milan.

Attentats

L'enquête sur cet incident s'oriente vers les groupes de terroristes de gauche, mais n'aboutit à aucune conclusion satisfaisante ni convaincante. C'est le même brouillard qui entoure les attentats provoqués à Milan et à Rome le 12 décembre 1969. L'anarchiste Pietro Valpreda, accusé d'avoir commis le principal (qui a fait 18 morts et près d'une centaine de blessés), voit son procès s'ouvrir à Rome le 23 février. Le 7 mars, la cour décide qu'il doit être transféré à Milan. L'incarcération des inculpés se prolonge sans terme envisageable. Pour en libérer au moins Pietro Valpreda, le mouvement Il Manifesto en fait son candidat aux élections, à Rome et Milan. Mais ce nom même ne suffit pas à rassembler suffisamment de suffrages.