Le gouvernement d'Edward Heath déploie des efforts pour faciliter l'accession de l'émirat à l'indépendance. De longues et laborieuses négociations entre Londres et Téhéran, menées dans le plus grand secret, aboutissent à l'abandon par l'Iran de ses revendications sur l'archipel. À la suite d'une enquête menée par une commission de l'ONU, l'organisation internationale admet formellement, en mai 1970, le droit de Bahreïn à l'émancipation. L'Iran se rallie à la décision et envoie, dès l'été de 1970, à Manama, diverses missions de bonne volonté.

Le gouvernement du chah se réserve dans l'émirat une situation de choix dans les domaines économique, financier et commercial. Téhéran parait soutenir Manama dans sa décision de demeurer à l'écart de la fédération en gestation du golfe Persique.

Bahreïn a, d'ailleurs, de bonnes raisons pour ne pas renoncer à son droit à l'indépendance. De tous les États du golfe, il est le seul à avoir une population d'une certaine consistance, un peuple disposant d'une culture nationale, des élites intellectuelles d'une exceptionnelle qualité, ainsi que des ressources économiques. La production pétrolière (moins de 4 millions de tonnes par an) est, certes, modeste. Mais diverses industries, dont la production d'aluminium, sont en voie d'édification ou de développement. Les capitaux pour cela ne font pas défaut, puisque l'État voisin du Koweït est tout disposé à investir les siens dans un pays qui offre apparemment toutes les garanties de stabilité. Le 24 mars 1971, le Koweit accorde à Bahreïn deux prêts totalisant 3 millions de dollars. Le budget de l'émirat pour l'exercice 1971-72 prévoit 50 400 000 dollars de revenus, dont 9,2 millions sont fournis par les redevances pétrolières.