N. Erim constitue (26 mars) un cabinet de techniciens. Le 2 avril, il s'engage à procéder à de vastes réformes dans les domaines de l'agriculture, de la justice, de la fiscalité, de l'administration, de l'énergie et de l'enseignement. N. Erim promet également de lutter contre l'anarchie. En politique étrangère, son programme demeure identique à celui de son prédécesseur. Il obtient (7 avril) l'investiture de l'Assemblée nationale par 321 voix, contre 46 et 3 abstentions.

État de siège

Jusqu'à fin juin 1971 le gouvernement Erim s'applique surtout à maintenir l'ordre et à sévir contre les groupes et les individus considérés comme un danger pour l'ordre public. Le 26 avril, le gouvernement décrète pour un mois l'état de siège dans onze départements ; le 25 mai, les deux chambres du Parlement votent une prolongation de deux mois. Des centaines d'arrestations sont opérées, surtout dans les milieux intellectuels proches, ou considérés comme tels, des groupements gauchistes. Deux journaux sont suspendus pour dix jours. Plusieurs publications de gauche sont interdites. Une formation d'extrême droite est également mise hors la loi.

Le 3 mai, les droits de grève et de lock-out sont suspendus dans la région d'Ankara pour la durée de l'état de siège. Le lendemain, un jeune instituteur s'immole par le feu à Bursa pour protester contre les menées « fascistes » et « impérialistes » dans le pays. Le 17 mai, des militants gauchistes (un commando du Front national de libération des peuples de Turquie) font sensation en enlevant le consul général d'Israël, Ephraïm Elrom. Ils proposent d'échanger leur prisonnier contre des détenus politiques. Devant le refus du gouvernement turc, les ravisseurs exécutent Ephraïm Elrom. Le 30 mai, Sibel Erkan (14 ans), fille d'un commandant de l'armée, est enlevée ; elle sera libérée le 1er juin ; au cours de l'opération un de ses ravisseurs trouvera la mort Une nouvelle vague d'arrestations s'abat sur les milieux de gauche. Plus de la moitié des dirigeants du Parti ouvrier, dont sa présidente Behice Boran, sont mis sous les verrous. Fin juin, des modifications à la constitution sont prévues pour renforcer considérablement le pouvoir exécutif au détriment de certaines libertés, considérées comme abusives.

Les puissances étrangères observent à l'égard du nouveau régime une attitude d'amicale neutralité. Si Washington est plutôt rassuré par l'orientation résolument atlantique de Nihat Erim, Moscou n'a pas de raison particulière de se plaindre du comportement d'un gouvernement de techniciens. La tension, en tout cas, qui était née entre l'URSS et la Turquie en octobre 1970 à la suite de deux détournements d'avions soviétiques avait pratiquement disparu avant même la chute du régime de Süleyman Demirel.

Séisme à Bingöl
Un millier de morts

La Turquie a été de nouveau éprouvée par des tremblements de terre. Le plus meurtrier de ces séismes a été celui du 22 mai 1971, qui a frappé la région de Bingöl, en Anatolie orientale : un millier de personnes y ont trouvé la mort. Ce séisme avait une magnitude de 6 3/4.

La région de Bingöl est à la jonction de deux grandes zones sismiques.

La grande cicatrice anatolienne commence probablement en mer Égée et a été jalonnée depuis 1939 d'ouest en est par les séismes de Gönen-Yenice (mars 1953), Manyas (octobre 1964), Abant (mai 1957), Bolu-Gerede (février 1944), Erbaa-Tosya (novembre 1943), Erbaa-Ladik (décembre 1942), Erzincan (décembre 1939, 30 000 morts), Varto (août 1966).

Le rift : cette grande fracture, dont la majeure partie court sous les océans, mais dont un rameau court en Afrique orientale, se prolonge en mer Rouge pour reparaître sur la terre ferme au fond du golfe d'Akaba, se poursuivre dans le fossé de la mer Morte, la vallée du Jourdain, la Bekaa libanaise et rejoindre la cicatrice anatolienne.

Le tremblement de terre de Bingöl avait été précédé le 12 mai d'un violent séisme (magnitude 6 1/4 à 6 1/2) qui tuait une cinquantaine de personnes dans la région de Burdur et suivi d'une brutale secousse (de magnitude 6) à Gediz, dans l'ouest du pays, cette dernière étant très probablement l'une des innombrables répliques du tremblement de terre du 29 mars 1970, de magnitude 7 1/4 à 7 3/4, qui avait fait 1 086 morts.

Viêt-nam du Nord

21 340 000. 134. 3,1 %.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République démocratique, proclamée en 1954. Constitution de 1960. Président de la République : Ton Duc Thang, succède à Hô Chi Minh, décédé. Président du Conseil : Pham Van Dong.

Viêt-nam du Sud

17 867 000. 103. 2,6 %.
Économie. PNB (67) 181. Production (65) : A 29 % + I 18 % + S 53 %. Énerg. (*68) : 325. C.E. (67) : 0,5 %.
Transports. (*68) : 13 M pass./km, 18 M t/km. (*68) : 34 100 + 45 700. (*68) : 474 492 000 pass./km.
Information. (68) : 38 quotidiens ; tirage global : 1 214 000. (68) : *1 506 000. (65) : 78 200 fauteuils ; fréquentation : 31,6 M. (68) : 30 964.
Santé (66). 442.
Éducation (67). Prim. : 2 023 893. Sec. et techn. : 513 410. Sup. : 33 929.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République, proclamée le 26 octobre 1955. Constitution du 1er avril 1967. Président de la République : général Nguyen Van Thieu. Vice-président : général Nguyen Cao Ky. Président du Conseil : général Tran Thien Khiem.

Yémen

5 000 000. 26. 0,0 %.
Économie. PNB (58) 46. Énerg. (*68) : 13.
Information. (65) : 8 000 fauteuils ; fréquentation : 1,8 M.
Santé (65). *80.
Éducation (67). Prim. : 66 830.
Institutions. République, proclamée le 26 septembre 1962. Constitution du 28 décembre 1970. Présidence collégiale : Conseil national républicain, présidé par Abdel Rahman el Iriani, depuis le coup d'État du 5 novembre 1967, qui renverse le maréchal Sallal. Premier ministre : Ahmed Mohamed El Nooman.

Apaisement

La république de Sanaa retrouve son équilibre après huit ans de guerre civile. L'accord conclu avec les royalistes, sous les auspices de l'Arabie Saoudite, est respecté par les deux parties. Les biens qui avaient été confisqués aux partisans de l'ex-souverain Badr leur sont restitués.