Surgissant de la jungle, les guévaristes assaillent les postes de police, où ils s'emparent des armes qui leur font défaut. La surprise passée, l'armée contre-attaque, appuyée par l'aviation et les blindés. Au bout de deux mois de combats dans toutes les régions de l'île, les forces de l'ordre (25 000 hommes), bien que trois fois inférieures en nombre, parviennent, fin mai, à mater l'insurrection. Chassés des villes, les guévaristes se replient dans la jungle, où ne peuvent les poursuivre les blindés et d'où ils lancent de temps à autre une action de guérilla.

La répression est très violente. Début juin, on avance les chiffres de 5 000 morts et 10 000 prisonniers. L'aide étrangère a été précieuse aux autorités. Oubliant leur différend, l'Inde et le Pakistan envolent des hélicoptères d'intervention à Mme Bandanaraïke, tout comme la Grande-Bretagne et l'Australie, appuyées par les États-Unis. Des instructeurs soviétiques viennent avec des Mig-17. Toutes les grandes puissances aident Ceylan à garder le cap du non-alignement sur un océan Indien mouvementé.

Rohan Wijeweera (vingt-six ans), l'un des dirigeants du JVP, est arrêté en mars ; l'université Lumumba, à Moscou, l'avait chassé pour ses opinions jugées trop prochinoises. La Chine, cependant, a désavoué à l'avance les insurgés, qualifiés de petits-bourgeois. Mme Bandanaraïke accuse la CIA, le Front uni, la droite ceylanaise. En fin de compte, on démasque le responsable : la Corée du Nord. Son ambassadeur est expulsé ; une mesure qui semble destinée à apaiser une armée demeurée conservatrice et qui voudrait profiter de son renforcement pour prendre sa revanche.

Malaise

La véritable raison du malaise est intérieure. Mme Bandanaraïke a hérité d'une situation économique déplorable que sa politique de justice sociale (distribution mensuelle de riz, quasi-gratuité des transports, etc.) n'a pas résolue. Le déficit commercial, couvert en partie par des prêts internationaux, ne peut être combattu par une production qui augmente moins (+ 2 % par an) que l'accroissement de la population (+ 3 %) ; les jeunes de quinze à vingt-cinq ans en constituent près des deux tiers. Tous sont scolarisés. Les industries font défaut et les diplômés en bouddhisme ont peu de débouchés. Sur 13 millions d'habitants, on compte 800 000 chômeurs, dont la majorité ont moins de vingt et un ans. Fin mai, l'Assemblée décide de réformer la Constitution. Seules seraient maintenues la propriété de l'État et celle des coopératives. Est-ce un pas vers le socialisme demandé par les guévaristes ? Quelques mois plus tôt, pourtant, le ministre des Finances reportait la nationalisation des banques d'affaires et des plantations de thé.

Chine

750 000 000. 78. 1,4 %.
Transports.  : 792 000 tjb.
Information. (60) : fréquentation : 4 000 M.
Institutions. République populaire, proclamée le 1er octobre 1949. Constitution de 1954. Président de la République Liu Shaochi (destitué par le Comité central, mais pas par l'Assemblée nationale). Premier ministre : Chou En-lai. Président du Comité central du parti : Mao Tsé-toung.

Ping-pong

Aux yeux du grand public, 1971 est, pour la Chine populaire, l'année de la diplomatie du Ping-pong et du premier sourire à Washington depuis 22 ans, depuis l'avènement de la république de Mao, en 1949.

Contrairement aux apparences, l'opération ne s'est pas déclenchée spontanément. Depuis deux ans, déjà, Washington multipliait les gestes pour amadouer Pékin : autorisations de plus en plus larges données aux Américains désireux d'aller en Chine, aux commerçants privés de débouchés par le blocus économique décidé à la Maison-Blanche en 1993, attitude assouplie aux Nations unies, perches tendues à diverses occasions par le président Richard Nixon, qui, dans ses discours, parle maintenant de la « République populaire de Chine » et non plus de « Chine communiste ».

Contacts secrets

On devait même apprendre, après les premiers jours de dégel du printemps 1971, que, dès l'année précédente, Washington avait provoqué des contacts secrets avec Pékin par l'intermédiaire de Bucarest et de Paris (c'était, semble-t-il, l'objet de la mission discrète de M. Couve de Murville, porteur d'un message du général de Gaulle).